Elle fut surprise et releva les yeux vers lui, relevant un peu le menton pour pouvoir le regarder. " D'accord. Ca m'est venu comme ça, pourtant. "

" Je ne savais pas trop si tu te moquais de moi ou pas, en fait. " avoua-t-elle avec un demi-sourire.

Elle fut un peu désarçonnée quand il se tourna vers elle. Mais elle ne réussit même pas à baisser les yeux. " Je n'sais pas. " répondit-elle en haussant les épaules.

" Si ! " s'exclama-t-elle, surprise. " Mais je.. je te l'ai dis. Je ne fais pas confiance aux autres. "

Elle le fixa droit dans les yeux sans répondre avant un long moment. " On m'a brisée. "

Ses dents se serrèrent au point de lui faire mal et de grincer. " Ce ne devait pas être un homme. Vile créature. "

Mais rien que ce contact l'amena à réagir de nouveau comme une bête effarouchée. Elle lui attrapa le poignet d'un mouvement vif et s'en voulu jusqu'à la mort dès la seconde d'après. Elle croisa son regard et le planta au plus profond qu'elle le pouvait, tenant toujours fermement son poignet. " Tu vois... tu vois comment il m'a rendue... " murmura-t-elle d'une voix implorante.

Le souffle court, elle reprend sa respiration comme si elle n'avait plus respiré depuis un moment. Elle le regarde se reculer. L'effraie-t-elle ? Peut-être. Ce qu'on lui a fait ? Du mal. Du mal, pas physique, mais bien pire : moral, mental. Des paroles blessantes, jetées à la figure comme des pierres jetées à la mer. Une confiance entière et domptée brisée du jour au lendemain. En une seconde, trois ans de vie effacés, réduits à un néant plus vide qu'un trou noir. Elle le regarde toujours et soudain, les forces lui manquent. Elle se laissent tomber à genoux, des larmes brûlants coulant en silence sur ses joues.

Les larmes ruissèlent. Elle ouvre la bouche mais c'est comme si elle se noyait. Elle ne voit rien, et décide de fermer les yeux, laissant de lourds sanglots lui secouer la poitrine. En sentant la main glisser sous son menton, elle réagit, oui. Mais cette fois, c'est pour, à tâtons puis brusquement, se jeter dans les bras de Calvin.

Elle pleure, à chaudes larmes. Elle pleure, comme une enfant dans les bras de son père. Comme une femme dans les bras de son grand père. Comme une fille dans les bras de son amant. Elle se laisse aller, se vide. Relâche les larmes trop longtemps retenues, depuis quelques mois. Elle sent sa main dans son dos et se colle encore plus à lui, comme si cela la protégeait.

Elle sentit une goutte et soudain, releva les yeux. Elle avait les prunelles rougies et baignées de larmes salées, une incompréhension nouvelle dans son regard. " Tu pleures ? " demanda-t-elle d'une voix éraillée.

Encore sous le choc des larmes qu'elle a vu dans son regard, elle frissonne toute entière en sentant le visage du jeune homme dans ses cheveux. Elle se relève d'un seul coup, le regardant fixement, silencieuse.

Elle s'approcha de lui, son regard persistant toujours ancré dans celui du jeune homme. Elle passa le revers de sa main sur sa joue crispée comme pour l'apaiser. Tressaillant, elle s'écarta alors et baissa les yeux. " Il faut que j'y aille. "