Elle resta face à la mer, celle-ci semblait à présent si calme. Elle détestait les beaux paysages comme ceux là, elle préférait les plus sombres, les plus dangereux. Elle resta de marbre. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il vienne la chercher, elle ne s'attendait à aucun témoignage d'affection de sa part, ça aurait été la décevoir. Elle adorait cette dureté. Mais comment avait-il fait pour se cacher ? Avait-il parler de son passé à quelqu'un d'autre ? C'est ça la solution ? Ah les questions. Toujours des questions. Elle avait besoin de brûler. Brûler. Son coeur battit de plus en plus vite, sa respiration se fit plus rapide. Elle ferma les yeux et inspira profondément. Soudain elle sentit quelque chose dans son soutient-gorge. Elle regarda à l'intérieur. Un joint. Elle l'avait volé à un groupe de jeunes sur la croisière. Elle sourit et le prit entre ses doigts. Quels crétins ces gosses. Elle prit son briquet, elle fixa la flamme un moment, envoutée, puis alluma le joint qu'elle porta à ses lèvres rouges. Elle fit sortir la fumée par ses narines ce qui la brula. Ça allait mieux.

Mais il ne résistait que durement. Finalement, il se leva, avec des gestes brusques et assez mal contrôlés. Il s'approcha d'elle par derrière puis hésita un instant. Elle fumait, mais il s'en fichait. Il finit par venir juste à côté d'elle. " Tu comptes faire comment pour remonter la pente, Lula ? "

Il était amusant à lutter comme ça. Comme un oiseau qui vient de naitre, qui tombe du nid et qui tente désespérément de voler, avant de s'écraser sur le sol. Elle ne le regarda pas et prit son temps avant de lui répondre, elle laissa s'échapper un nuage de fumée qu'elle regarda s'évaporer :

" Je ne compte pas remonter la pente "

Elle n'y arriverais pas de toute façon. Comment remonter la lente dans de telles circonstances. Si ça se trouve, ils sont en train de mettre tout œuvre pour la retrouver. Et la tuer. L'idée qu'elle ne changera jamais apparaissait pour elle comme une évidence.

Il se mit face à elle, bras croisés sur son torse. " Où est passé ta fierté, Lula ? Ta détermination; cette colère froide que tu pourrais transformer en force ? "

Elle lâcha un rire moqueur :

" Et ça me servirais à quoi ? Je devrais moi aussi le cacher pour ne pas être moi ? ... Je suis irrécupérable Maxime ... "

Elle posa son regard froid, une lueur farouche :

" ... Je suis folle ... "

Il attrapa son visage entre ses mains, ancrant ses yeux bleus dans les yeux tout aussi bleus. " Tu n'es pas folle. "

Elle fut donc obligée de plonger littéralement dans ses yeux. Elle n'était pas folle ? C'était sans doute la première fois qu'on le lui disait. On le lui avait tellement fait comprendre, elle se l'était tellement répétée, qu'elle avait finit par y croire ... :

« Comment peux-tu le savoir ? »

Il approcha ses lèvres des siennes et les posa alors tout contre avec une douceur fébrile. " Parce que moi, je te connais. "

Il l'embrassa et elle le laissa faire. Elle reprit une bouffée du joint, qui commençait à lui tourner la tête. Puis elle l'embrassa à nouveau, faisant passer la fumée, de sa bouche à la sienne. Elle garda le joint entre ses doigts et passa ses mains dans les poches arrières du pantalon de Maxime. Se collant contre lui :

« Ah ouais tu me connais ? ... Et, moi je te connais aussi »

Chuchota-t-elle.

Il inspira la fumée directement de ses lèvres, la soufflant ensuite par le nez. Il avait son regard plongé dans le sien et ne le lâchait pas. Toujours torse nu, il la sentit se coller à lui, ancrant ses mains dans ses poches comme pour l'empêcher de la repousser ; ce qu'il ne fit tout de même pas. Il posa son front contre le sien. " Voilà; donc tu peux déjà compter sur moi. "

Elle resta ainsi. Puis il prononça compter sur moi, son regard se vida. Comment ? Comment compter sur quelqu'un comme ça ? Après toutes ces années ? Après tout ça ? Toujours le regard aussi vide elle dit :

« Comment ? Même moi je ne peux pas compter sur moi ... Je ne sais même pas quelle idée terrible pourrait me passer par la tête dans quelques secondes ... »

Il ne cilla pourtant pas, le regard déterminé ancré en elle. " Peu importe si tu peux compter sur toi ou pas. Sur moi, tu le peux. Et je veux que tu le saches. "

Elle avait du mal. Compter sur quelqu'un ? Elle grimaça. Lula recula, enlevant ses mains des poches et tirant à nouveau sur le joint :

« Tu sais pourtant que même à toi ... je pourrais te faire du mal ... »

Vexé, il l'attira à lui de nouveau. " Je m'en fiche de ça, blesse-moi, coule-moi si ça peut t'élever. "

Alors elle pourrait faire ce qu'elle voulait de lui ? Elle l'avait vraiment pris dans ses filets ? Elle ne pensait pas que se serait aussi facile. Et pourtant, elle n'avait pas envie qu'il cède comme ça. Et c'est ainsi qu'elle se donnait tout le mal possible pour le dissuader, de quoi ? De l'aider ? Alors que c'est tout ce qu'elle demandait ? Trop de question ... :

« Et si je faisais du mal à ceux que tu aimes ? »

Dit-elle en posant ses mains sur son torse, le repoussant légèrement. Ne pensez pas qu'il y est un soupçon d'inquiétude dans son ton, dans ses yeux. Jamais. Aucune faiblesse. Ou peut-être ... Un peu ? ...

En entendant ses mots, il sentit un frisson glacé l'ébranler. Il fronça les sourcils, la repoussant à son tour. " Non, je te l'interdis. Moi si tu veux, les autres ne t'ont rien fait. "

" Si t'as tellement envie de faire chier quelqu'un, autant que ça soit moins plutôt qu'eux. ", insista-t-il.

Ce n'était pas si simple :

" J'ai pas envie de fair chier les gens !! C'est plus ... C'est plus compliqué ... ! "

C'est en voulant survivre qu'elle détruit les autres.

Il lui prit la main en la serrant fort ; trop fort pour que ça soit simplement tendre. " Moi. Pas les autres. "

Elle sentit sa main serrer la sienne avec un peu d'agressivité. Un sourire mauvais s'élargit peu à peu :

" Et tu feras quoi, si je dois leur faire du mal ? "

Il l'a tuera ? Elle en rigolait déjà au fond d'elle. Elle n'avait plus rien à perdre. Pour elle, elle était déjà morte. On l'a déjà tué plusieurs fois.

Non, il serait bien incapable de la tuer. Il chercha son regard, ses yeux devenus froids. " Alors tu ne pourras plus compter sur moi, on ne fera plus rien ensemble, et tu resteras aussi seule que tu l'as toujours été. "

Au début sa phrase ne lui disait rien, ne lui faisait rien plutôt. Mais le, rester seule comme tu l'as toujours été, lui est resté un peu dans la gorge, dans la tête. Elle fit claquer sa langue contre ses dents. Elle pouvait bien lui donner satisfaction pour être tranquille. Si ça se trouve elle ne fera de mal à personne. Si ça se trouve. Elle plongea alors son regard sans expression dans le sien qui était froid :

" On verra ... "

Satisfait par cette réponse, il la lâcha et s'éloigna, pour s'approcher du vide avec tentation. Au fond, cela ne serait-il pas plus simple ? Il soupira, désabusé.

Tranquille avec ça. Maintenant il fallait qu'elle trouve qui était ces personnes auxquelles il tenait tant. Alors qu'il s'éloignait elle le retarda avec un sourire plein de convoitise. Elle le vit s'approcher de vide. Et elle eut soudain peur qu'il saute. S'il disparaissait elle serait seule, définitivement. Et c'est avec lui, qu'elle se sentait un minimum importante. Lula arriva dans son dos, se colla contre lui et posa sa tête contre celui-ci, passant des mains sur son torse. Elle était persuadée que d'autres filles avaient cédé à son charme :

" As-tu déjà aimé ? ... "