Il frémit sous ses doigts. Si des filles avaient déjà cédé à son charme ? Elles y avaient toutes toujours cédé. Et cette facilité rendait ça dérisoire pour Maxime. S'il avait aimé ? Il esquissa un sourire nostalgique. " Oui. Il y a un moment, je suis tombé amoureux d'une fille qui me résistait, de la seule qui tentait de rester indifférente. Mais bon, ça a été compliqué entre nous. Et d'une autre. ", lança-t-il, restant évasif.

Une qui a résisté ? Normal qu'il s'y accroche alors. On court toujours après ce qui nous parait inaccessible. Et une autre :

" Qui est cette autre ? "

" Ca ne te regarde pas. Les deux sont ici, et tu ne connaîtras pas leurs noms. "

Raté. Bon temps pis, elle l'apprendra par elle-même. Ça ne doit pas être bien difficile. Il doit y avoir du monde sur cette île de merde. Elle s'ecarta de lui en soupirant et vint à coté de lui :

" Tu as peur Maxime ? "

" De toi ? Certainement pas. " répliqua-t-il d'un ton froid en la suivant des yeux.

Sa mâchoire se crispa quelque peu, mais elle ne dévia pas de l'océan. Pourquoi ne pas lui dire le nom de ces filles alors ? :

« Je ne parlais pas spécialement de moi »

De lui par exemple. S'il avait changé c'est qu'il avait peur de ce qu'il était ? De ce qu'il pouvait vraiment être ?

Et la vérité était ça. Oui, il avait peur de lui-même. Il vrilla ses prunelles sur celles, sauvages, de la demoiselle. " Tant mieux. Autre chose à débattre ? "

Elle se tourna vers lui. Et dire que c'est elle qui l'avait en quelque sorte réveillé. Elle le regarda froidement et ne répondit pas. Le regard qu'il lui jetait l'enivrait une nouvelle fois et elle ne pût s'empêcher de l'embrasser sauvagement. Elle se décala vite, ne voulant pas être repoussée. Il fallait qu'elle se fasse discrète sur cette ile. C'était peut être le moyen de changer. Elle devrait prendre exemple sur Maxime.

Il fut surpris de ce baiser mais sentit un frisson sauvage l'ébranler entièrement. " Tu me rendras fou. " Ne l'était-il pas déjà ? Sur ces mots, il s'avança vers elle, attrapant son visage entre ses mains et l'embrassant avec une ferveur animale.

Maxime rompit le baiser pour seulement reprendre son souffle; déjà manquant. Il se ravança ensuite, approchant son corps du sien, l'embrassant avec animosité et passion... ?

Elle sourit d'autant plus en le sentant se coller contre elle. Elle sentit son torse et posa une main sur sa nuque. Peut être qu'elle pourrait changer après tout ? Qu'est ce qui l'en empêchait ? ... Ah oui ... Ce passé, cette envie de bruler constamment, cette folie qu'on lui attribué, ce cœur ... Meurtrie ... Une larme coula. Elle s'écarta pour se cacher le visage. Ce n'était pas elle ça, elle devait se ressaisir, vite. On ne devait plus jamais la revoie comme ça ...

Mais aussi fugace soit sa faiblesse, Maxime la vit. Il lui attrapa le visage pour tourner vers lui son visage où perlait encore une larme.
C'est comme ça qu'il faut que tu sois, Lula.

Elle le fixa un moment, surprise, puis elle grimaça et repoussa ses mains de son visage avant d'essuyer vulgairement sa joue pour faire disparaître la larme :

" Mais c'est quand je suis comme ça que l'on me fait du mal ! "

Hurla-t-elle.

Elle se dégagea et il la lâcha alors. Il se mordit l'intérieur de la joue.
Mais c'est comme ça que tu vis !

Oui, elle a toujours vécu dans la faiblesse. Et puis un jour ... On ne sait pas pourquoi, personne ne s'y attendait en faite, même pas elle. Tout a explosé, en elle et autour d'elle. Et comme personne ne s'y attendait, personne n'a su la stopper. Même pas elle. Et maintenant ? Elle se demandait pourquoi elle ? Mais remarque, si elle n'avait pas réagit, elle serait encore dans son enfer, encore ... Dans ses chaînes ... Elle n'a pas réussit à vivre en faite, elle s'est battue pour une liberté que finalement elle ne verra sans doute jamais. Tout ça à cause de ses parents ... Incapables d'aimer ... Elle serra les dents et secoua doucement la tête en baissant les yeux.

Il se trouvait dur avec elle. Chacun son tour. Un peu maladroit, il s'approcha d'elle de nouveau, caressant sa joue avec douceur et hésitation. « Ca va ? » Non, ça n'allait pas, mais fallait qu'il meuble ce silence qui était devenu pesant.

Elle lâcha un petit bruit de mépris en entendant sa question. Mais elle se dit qu'elle aussi était peut-être trop dur avec le seul qui était capable de la comprendre ... Et encore, elle n'en était pas persuadé. Elle sentit sa main sur sa joue, elle aurait détourné le visage pour éviter cette caresse hésitante en temps normal, mais elle se laissa faire, pour l'instant. Elle ne répondit pas à sa question, il savait la réponse de toute façon. Une image commença à vouloir percer son esprit mais elle posa rapidement une question pour la renvoyer en un troubillon au fond d'elle :

« Comment étaient tes parents ... Maxime ? »

La question le déstabilisa de fond en comble. Il ne s'y attendait absolument pas. Il sentit sa main trembler et la laissa mollement retomber le long de son corps. Il baissa les yeux. Cherchant des souvenirs, des impressions. Il savait comment étaient ses parents. Mais il répondit ; « Pourquoi tu veux savoir ça ? »

Pourquoi ? Elle ne le savait pas vraiment elle-même. Ou peut-être voulait-elle simplement se cacher qu'elle avait besoin de parler, de partager en tout cas. Elle releva la tête et inspira profondément :

« Les miens ne peuvent même pas être qualifiés de "parents" »

Dit-elle en grimaçant quelque peu.

Il regardait ailleurs. « Ben les miens non plus, figure-toi. Ca fait vingt ans que je les ai plus vu t'façon. »

Elle le regarda un moment, il était donc très jeune quand il les avait quitté :

« Ma mère m'a refilé à mon père dès qu'elle put et disparut à jamais, et ... Mon père ... »

Elle serra les dents et afficha une mine de dégoût en fermant les yeux.

« Ma mère se tapait des inconnus à longueur de journée & quand mon père rentrait, saoul, il la frappait avant d'essayer de me violer. T'inquiètes, on a tous notre part de malheur parental. » déclara-t-il sèchement. Puis alors, il se rendit compte qu'elle parlait, et qu'il n'aurait pas dû le prendre si mal. Il se radoucit, grimaçant. « Désolé.. c'est vraiment pas mon sujet préféré. »

Elle aurait pu se rétracter, se renfermer, mais elle se rendit donc que les quelques mots qu'elle venait de libérer de son coffre fort, lui faisait atrocement du bien. Elle fit un petit mouvement de tête comme pour dire qu'elle ... Comprenait, puis elle continua :

« Une fois arrivée chez mon père atrocement pauvre au Mexique, il me donnait à des hommes qui venaient les uns après les autres pour me ... Violer dans ma chambre ... Je pense que mon père gagnait beaucoup d'argent ... »

Elle grimaça à nouveau, puis sa voix se perdit un peu :

« Je ... J'avais que 6 ans ... La première fois ... »

Elle se mordit les lèvres. Puis elle se tourna vers lui, se rappelant de ce qu'il avait avoué lui aussi :

« Je suis ... Désolé »

Mots très difficile à prononcer.

« Moi j'en avais cinq, quand il a tenté ... » souffla-t-il à mi-voix. Il baissa les yeux et finalement, touché qu'elle lui raconte son histoire, s'approcha encore plus pour poser la main sur son visage. « Merci.. de m'avoir raconté. Ca.. t'as fait du bien ? »