" Je comprends. " Elle voulait certainement voir jusqu'où elle pouvait aller. Quelles étaient les réelles limites en effet ? Maxime n'en savait rien. Lui, on lui avait imposé des limites, des frontières, des règles et des lois, dans chacune des familles qu'il avait fait. Il les avait toujours brisés. Il tourna la tête vers elle, toujours sur le dos, observant l'endroit qu'elle lui montrait. " Sincèrement, je pense que ça aurait pu faire joli, oui. "

Elle lui sourit avant de se rebasculer sur le côté. Le regard baissé elle regardait la mousse sur laquelle elle était alllongée. Enfin observée était un bien grand mot, vu la pénombre dans laquelle ils étaient à présent. Elle essayait plutôt de la deviner. " Tu penses que des gens vont te manquer ?" C'était un truc qui avait longtemps obsédé Victorine. Le fait de savoir si elle allait manqué aux gens. Sa famille ne lui manquerait pas tellement, car on peut partir des années quand on revient la famille est là pour nous. Mais les amis ? que restait-il s'y personne n'entretenait le lien ? Peu de gens lui manquerait. A son premier déménagement, elle s'était dit qu'ils allaient tous lui manquer, mais le temps passe, les souvenirs s'éffacent et le jour ou on les revoit tout est différent.

Il réfléchit à sa question. Qui donc pourrait bien lui manquer ? Ses parents ? Non. Il n'avait personne qui pourrait lui manquer, il n'avait eu que des amis de passage, et les gens de sa fac, il ne s'y était pas attaché. La seule personne à qui il aurait pu manquer et qui lui aurait manqué, c'était Ambre. Mais elle était ici, ce qui réglait tout le problème. " Non, je ne pense pas. Et toi ? "

" Ma famille mais ça ..." On s'en fou ? Elle avait faillit le dire, mais c'était retenu. Elle avait quand même un peu plus de respect pour eux. Ca comptait pas vraiment en fait. Car sa mère avait toujours eu du mal à la laisser partir, même pour 48h alors oui, ça ne comptait pas. " Au début je pense que oui, mais ça va passer." En fait une seule personne allait lui manquer. Le numéro le plus appelé de son téléphone. Sa quasi-seule vraie amie, celle qui était venue la rejoindre aux Etats-Unis et qui avait acheté l'appartement en face du sien. Les deux c'étaient entendus presque instantanément. Les deux arriveraient à s'oublier.

" On croit pas mais en fait, le temps efface tout derrière-lui. " murmura Maxime pensivement, l'air d'avoir pris 100 ans d'un seul coup. Il soupira. Oui, le temps était capable de tout effacer. L'amitié, l'amour, l'attachement, la colère, la rancoeur... Mais pas les souvenirs. Il grimaça et ferma les yeux.

Elle ne s'en était pas rendu compte mais ses yeux c'étaient fermés. Sa respiration était devenue un peu plus rauque, elle se sentait partir. Elle ne pourrait pas se retenir et pour l'instant l'air était plutôt agréable. " Je sombre mon ami." Elle réfléchit un instant sur les paroles de Maxime ou plutôt laissa son esprit divaguer dessus. Elle réussis cependant à articuler encore une phrase. " Sans acte concret on s'attache plus."

" Dors bien. ", murmura-t-il alors en entendant sa voix faiblir. Lui aussi était éreinté, mais même ses yeux fermés, son esprit cogitait sur sa grande discussion avec Victorine. Finalement, au bout d'une demie heure, il rouvrit les yeux et se mit sur le côté, l'observant.

Elle sombra doucement, mais eu l'impression d'être coincée dans un nuage dont elle ne pouvait pas sortir. Elle eu quand même l'impression que son corps se reposait, bien que son esprit s'éveillait par moment. Les nuits étaient plutôt courte quand on dormait dehors, elle qui avait toujours aimer dormir et ou ronfler signifiait pour elle bien dormir. Un instant elle ouvrit un oeil et tomba directement sur le regard de Maxime. Elle gémit et cacha son visage sous son bras. " Pas fatigué ?"

Il l'observait, réfléchissant à tout ce dont ils avaient parlé, à sa relation avec Ambre, à son passé et son avenir. A tout, en fait. Il ne voyait pas les minutes s'écouler. Il observait ensuite Victorine, traits par traits, étudiant son visage détendu alors qu'elle dormait, remarquant néanmoins une certaine agitation. Il sursauta un peu quand elle ouvrit les yeux d'un seul coup, et sourit. " Dors. "

Elle referma les yeux doucement. Son sommeil ne fut pas tranquille et elle ne serait pas étonnée si en se réveillant elle avait changer complètement de position. Elle fit un rêve frustrant, très frustrant. Le genre de rêve ou on est poursuivit par quelqu'un et qu'on veut courir mais qu'on ne peut pas courir. Ben c'était un peu le même principe, elle essayait de monter dans un arbre, mais arriver au dessus quelqu'un la poussait dans la vide. Elle se réveilla en sursaut, remarquant que le ciel était toujours sombre, elle s'assit afin de mieux respirer.

Mais finalement, Maxime s'était endormi. Il dormait d'un sommeil agité lui aussi et tressautait souvent. Il rêvait du même rêve, toujours, toujours le même. Celui où il essayait de se cacher dans la maison, de fuir son père, sa mère, tout le monde. Où il essayait de ne plus les entendre hurler l'un sur l'autre. Mais dans son rêve, les voix le suivaient partout, le harcelant jusque sous son lit. Mais son rêve changea brusquement quand il entra dans sa chambre. Sur son lit, il y avait Ambre et Victorine, qui jouaient toutes les deux en riant. Il les regarda, interloqué, derrière ses yeux de gamin de cinq ans. Quelqu'un posa soudain fermement sa main sur son épaule et il se réveilla en hurlant.

Maxime dormait enfin et elle sourit en le regardant. C'était vrai que seule elle s'était déjà fait de grandes frayeurs. La nuit c'était tout un autre monde qui s'éveillait et elle entendait les hululements des chouettes. Elle eu l'impression que les sons étaient tout autour d'eux, comme encerclé. Elle prit une grande inspiration, il ne fallait pas qu'elle cède à la panique, il était si facile pour elle de se monter la tête, cela ne servait à rien quelle panique pour quelques chouettes. Elle se laissa à nouveau tomber sur le sol, lourdement. Regardant le ciel elle remarqua qu'il n'y avait aucun nuage. La journée serait donc belle. Alors qu'elle avait de nouveau fermer les yeux, Maxime se mit à hurler. Victorine se redressa alors brusquement, posant une main sur la cuisse de Maxime et elle le regarda, d'un regard doux pour ne pas 'l'éffrayer' lui laissant le temps de reprendre ses esprits.

Une main se posa sur sa cuisse et dans la volée, il attrapa le poignet de Victorine, tournant brusquement la tête vers elle, le souffle court. Haletant, il la fixa un long moment, plongé dans son regard, pour se rassurer, se calmer, et reprendre ses esprits. Comprendre que c'était vraiment elle et pas celle de son rêve - d'ailleurs, qu'y faisait-elle. Finalement, il s'aperçut qu'il la tenait toujours et la lâcha alors doucement, maintenant assis, posant sa main sur la mousse à côté de lui qu'il s'affaira à toucher pour se rassurer qu'ils étaient bien là, tous les deux, sur cette île, cette nuit-là. Il soupira, et eut soudain l'impression que le monde s'écroulait sur ses épaules. Il aurait voulu disparaître sous terre. " Désolé. " marmonna-t-il, plutôt honteux. On fait des cauchemars en hurlant quand on a cinq ans. Pas vingt de plus.

Elle attendit calmement. Si ça se trouve il était somnambule, mais il l'aurait quand même prévenu. Ca pouvait se révéler dangereux parfois. Lorsqu'il lui lâcha la main, elle lui sourit. ca allait mieux, il avait l'air plus calme. Elle s'allongea à nouveau mais cette fois-ci pour s'étirer. Elle tira sur ses bras, prenant tout un coup beaucoup plus de place. Doucement elle étira tout les muscles de son corps, elle se sentait légèrement engourdit. " Pas grave, je suis plus fatiguée". En effet, ça lui suffisait pour aujourd'hui, elle n'arriverait pas à ce rendormir même avec toute la volonté du monde. " ça va ?"

Il hocha la tête, le regard fuyant. " Oui, un cauchemar, c'est tout. " répondit-il sans s'attarder. Il se leva et s'étira lui aussi. L'aube n'était même pas levée. Il soupira de nouveau puis esquissa un faible sourire en se tournant vers elle. " Bien dormi ? "

Après s'être étirée au sol, elle se releva doucement. La tête tournant un peu et elle reprit des étirements. Non elle ne faisait pas de yoga ou tout ça et tout ses pseudos étirements étaient approximatifs, mais cela lui faisait du bien. " Hum" dit-elle avec un sourire qu'elle lui adressa. Elle avait bien dormi compte tenu du contexte mais en soit elle n'avait pas bien dormi. Trop peu, trop peu confortable avec des rêves dont on se passerait bien. " J'ai aussi fait un cauchemard".

Il fronça les sourcils. " Cette île est maudite è_è " murmura-t-il en repensant à son cauchemar. Il l'effaça de son esprit. Non, ne pas y penser. Ce n'était qu'un rêve. Et puis, le même depuis des années. Il observa le ciel et se retourna vers Victorine. " Regarde, l'aube va pointer d'ici une heure, tu veux qu'on choppe un endroit d'où on peut voir le soleil se lever ? " Lui qui n'avait jamais trop prêté à ces attentions, il avait envie, aujourd'hui, d'en profiter.

L'humidité avait envahi leur espace et bientôt ses cheveux n'en feraient qu'à leur tête. Elle baissa la tête essayant de les démeller avec ses doigts et finit par les attachés en un chignon, au moins elle ne jouerait pas avec. elle releva la tête assez brusquement et cligna des yeux comme pour se remettre les yeux à l'endroit. " Le même levé de soleil qu'on va voir pour le reste de notre vie." Dit-elle amèrement. Une point d'ironie et de méchanceté dans la voix, elle se surpris elle même. Elle ne pensait pas être de si mauvaise humeur. " Je suis désolée ... oui j'aimerais beaucoup le voir". Elle ne mentait pas, bien qu'elle allait le voir souvent, elle pourrait au moins une fois, la première fois, l'apprécier.

Il fut un peu surpris par son ton, découvrant alors une jeune femme plus caractérielle que celle de la veille. Il ne dit néanmoins rien ; les nerfs étaient quelque chose d'usable. Encore plus lorsqu'on était abandonné sur une île déserte. " Viens. " Il s'avança vers elle, hésita un peu puis finalement, lui prit la main comme hier. Il se mit alors à marcher tranquillement, passant sa main libre dans ses cheveux bruns et humides aussi, finissant par l'amener à sa bouche pour ronger ses ongles.

Elle s'était elle-même surprise, à croire qu'après 22 ans on ne se connaissait pas totalement. Elle se laissa prendre la main, fautive. Plus aucun signe d'hostilité ne semblait vouloir sortir. Elle suivit Maxime sans broncher, elle essayait encore de comprendre son comportement. Souvent elle s'était dit qu'elle était schizophrène et elle avait donc consulter plusieurs spécialiste, mais non. Elle était normale, c'était juste son caractère impulsif qui ressortait parfois. Souvent elle ne s'en voulait pas, son impulsivité ressortait avec les gens qui l'irritait au plus au point et qu'elle avait déjà essayé de les renvoyer gentilllement plusieurs fois. Elle releva la tête, aperçevant Maxime qui se rongeait les ongles. De sa main libre elle lui tapa sur la main. " Fais pas ça " lui dit-elle doucement.

Mais Maxime était pareil. Impulsif, lunatique. Laissant ses nerfs lui dicter l'humeur du moment. Il plissa les yeux et continua de marcher avec Victorine, quand soudain celle-ci lui frappa la main. Presque irrité, il lui jeta un coup d'oeil en biais. " Et pourquoi ça ? " demanda-t-il, presque frustré de se voir ainsi réprimandé comme s'il avait onze ans. Puis, il se reprit, elle avait parlé doucement, et ne se voulait certainement pas autoritaire. Il l'observa dans les yeux, une lueur de pardon dans le regard.

( il est vraiment trop canon dans ta signature )

Elle ne se voulait pas autoritaire, mais c'était un toc chez elle. Les personnes qu'elles appréciaient devaient éviter certaines choses. Pas parce qu'elle ne le supportait pas, mais parce qu'elle trouvait que c'était un gachi de cacher ça personnalité. " Ca fait anxieux et pas sur de soi." Elle s'arrêta un instant, elle ne releva pas tout de suite les yeux, ils avaient été un peu énervé par son geste, elle le sentait; Et quand elle était dans la position de celui qui avait été énervé, elle préférait qu'on la laisse un peu tranquille et si elle le regardait maintenant, ses yeux n'auraient qu'un air provocateur. Elle finit par relever les yeux vers. " enfin je dis ça je dis rien, mais .... ils t'ont rien fait tes ongles."

Oui *-* Je bave dessus à chaque fois que je bouge la page... /PAN/
Il ne répondit rien, serrant les dents. Et alors ? Il était anxieux et pas sûr de lui. Il le cachait, c'était tout. Il sentait ses nerfs monter en flèche, même s'il ignorait la raison de ça. Il se sentait soudain énervé, réprimé, enfermé. Presque claustrophobe alors qu'ils étaient dans un espace immense, il sentit sa respiration se faire courte. Il ferma les yeux et les rouvrit, le visage tourné à l'opposé de Victorine pour rester inaperçu. Pourquoi s'énervait-il ainsi d'un seul coup ? Imprévisible. Lunatique. Instable. Cela en fera un enfant et un homme instable toute sa vie, vous le savez ? avait dit le psy à ses parents lorsque Maxime avait fugué un jour, peu de jours avant qu'on ne l'enlève à sa famille. Instable, le mot résonnait toujours. Quand Victorine parla, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Elle ne disait rien de méchant. Elle l'avait juste dit au mauvais moment. Maxime vit la première chose qui lui tomba sous la main ; un arbre ; et frappa du poing dedans. Il resta là, à sentir les ondes de polarisation remonter dans son coude, son bras, son épaule et faire vibrer son corps, profitant de l'adrénaline qui voilait la douleur qui allait arriver. Il se sentit soudain très bête, et resta immobile, comme figé, les yeux rivé sur l'arbre où son poing était toujours.

En temps normal Victorine n'était pas quelqu'un de très rationnelle, plutôt curieuse et aventurière, le danger la pousse souvent à avancer ou plutôt l'adrénaline qui monte petit à petit dans ses veines. Mais là elle n'avait rien vu venir, lorsque Maxime abattit sa main contre l'arbre, elle recula. Pas seulement de quelques pas, mais plutôt d'un bon mètre, lentement elle reculait pour ne pas envenimer les choses et pour ne pas qu'il se retourne contre elle, car après tout elle ne le connaissait pas. Quand elle se retrouva contre quelque chose, quelle identifia comme un arbre mais qu'elle ne prit pas la peine de vérifier. Elle s'arrêta, attendant que ça passe … ou pas d'ailleurs. Elle attendait juste, respirant profondément, point fermé, fixant Maxime. Elle ne comptait pas parler, vu comme l'état de lequel elle était, même si son côté irrationnelle voulait la pousser à dire une petit phrase cynique, elle pinça fermement les lèvres. Elle ne risquait pas de paniquer, loin de là, mais elle essayait de ne pas s'énerver, cela n'aurait servit à rien. Bien souvent elle réagissait à la violence par sa violence : les mots, car bien sure elle n'était pas une grande combattante. Elle attendit donc, muette, immobile que ça passe ou qu'il se passe quelque chose.

Mais Maxime ne s'en saurait pris à elle sous aucun prétexte. Il avait tant de fois vu son père frapper sa mère que lever sa main sur une fille lui paraissait être le pire pêché, la pire faute, le pire scandale. Contre un autre mec à la limite... Il replia son bras contre son torse, sentant ses articulations coincer mais en forçat, il y parvint, esquissant une grimace de douleur. Le silence s'installa. Long. Pesant. Désagréable. Maxime avala sa salive et se retourna lentement. Quand il vit qu'elle s'était largement reculée de lui, cela lui serra le coeur. Qu'avait-il fait ? Je suis incapable d'aimer sans détruire, avait-il dit à Ambre quelques jours plus tôt. Voilà qu'il lui avait fait peur. Il chercha le regard de Victorine, pour lui dire qu'il ne lui ferait jamais rien, qu'il ne deviendrait pas violent avec elle, mais qu'il était comme ça. Instable. A la place de ça, il murmura : " Désolé. "