Dans mes pensées habituelles, je ne réagis pas aux bruits de pas qui s'approchaient de moi. La fascination que l'eau exerçait sur mon regard ne me laissait pas troubler par les environs. Ce fut une fois les jambes de l'intrus activées dans mon champ de vision que je remarquai sa présence. Mes yeux bleus se levèrent nonchalant sur son visage et vis que la jolie blonde. Mes expressions tirées à leur habitude dans l'indifférence. Je ne laissais pas ma voix briser le silence bercé par les manoeuvre de l'océan. J'effectuai un simple haussement d'épaules.

Je perçus l'intonnation de la blonde comme une menace. C'était bien la première fois que je croisai quelqu'un qui montrait de la joie en me rencontrant. Je peinai à étirer mes lèvres d'un sourire comme si elles avaient perdu cette souplesse pourtant naturelle. « Bonjour. » Ma voix n'était pas flexible, elle restait froide. J'aurais pu l'emplir de chaleur, mais cela m'était difficile pour un premier abord. Mes yeux faisaient des allées-retours de l'océan à la blonde.

Surprise par la franchise de la blonde je fronçai des sourcils tout en la fixant. « Hum... Lou.. Lou-Anne » Je le dis avec plus de difficulté et de maladresse.

« Nouvelle arrivante sur cette île ? » Sa question était vague et je voulais être sûre avant de donner une réponse surtout si ce n'était pas ce qu'elle attendait. Je soupirai avant de mettre ma main dans mes cheveux. « Je ne porte pas d'importance aux clans, mais je suis des coeurs il me semble. » Après tout, avec mon tempérement d'indépendante je savais très bien que j'étais mieux servie par moi-même que d'attendre de l'aide des autres. Je la fixai toujours et je me dis qu'elle ne devait pas être si méchante. Je décidai alors d'atténuer mon scepticisme et paraître ainsi plus joviale. « Et toi, tu appartiens à quel clan ? »

« Donc, oui. » Mais contrairement à la plupart des personnes sur cette île, je n'étais pas si malheureuse de mon sort. Il était même meilleur qui si je serais restée chez moi, là-bas. Dommage que mon meilleur ami avait raté le navire, ce serait mentir de dire qu'il ne me manquait pas. Je regardai la blonde qui commençait à prendre une allure soucieuse qui déclencha en moi une certaine étincelle de curiosité. « Trop de boulot de commander un clan ? » Je faisais ainsi un rapprochement à sa précédente réplique où elle m'avoua qu'elle dirigeait les trèfles. Peut-être que cela demandait trop de travail tel que le fait de garder des enfants qui nous en faisaient voir de toutes les couleurs.

Mes sourcils se fronçèrent tandis que mes yeux se lièrent aux siens. Je n'étais pas empathique et ne m'intéressai pas vraiment aux sentiments des autres. Pourtant je fus piquée par l'envie de l'aider en quelque sorte même si cet aide sera certainement maladroite venant de ma part. « Tu ne m'en apprends rien. Je t'écoute si jamais tu veux. Même si on se connaît pas, je pense que de toute façons on sera bien obligées par faire connaissance. » Je faisais allusion aux alentours désertiques, qu'il n'y avait pas grand-chose à faire sur le moment. À part peut-être se baigner. Mais ça c'était hors de questions pour moi.

Ces histoires d'amour. Bénignes mais souvent douloureuses. Je l'observai toujours essayant d'adoucir mon regard pour paraître sincère et à l'écoute. Elle ne voulait pas en dire plus, je la compris. « Si tu changes d'avis, je pense que mes oreilles seront toujours là. » Aux traits faciaux de la blonde, je voyais qu'elle souffrait intérieurement. « La vie offre peu de cadeaux. » Ma conclusion dite, mes fesses se relevèrent et mes mains attrapèrent au passage une poignée chacune de sable que je lâchai en suite et je le regardai tomber comme si c'était l'attraction du jour.

Une fois levée totalement, je baissai les yeux sur la blonde. Je savais très bien abandonner les gens, mais là si je le faisais où irais-je ? Je lui proposai ma main comme soutien. « Tu comptes rester ici ? »

Je l'aidai à se relever et quand je la sentis sur ses jambes, je lâchai directement sa main. N'étant pas très tactile, je demeurai mal à l'aise quand je restais longtemps en contact avec quelqu'un. Je me mis à marcher en essayant de m'éloigner de l'eau tout en restant sur le sable. Je gardai un oeil sur l'océan comme si ce dernier allait se jeter sur moi un jour ou l'autre.

Mes yeux fixèrent directement ses pieds. Ces derniers se trouvaient de temps à l'autre sous l'eau qui était amenée par les vagues. Je n'allais pas crier à vive voix ma phobie pour l'eau je préfère trouver l'excuse de parasites dangereux. « Tu n'as pas peur de te faire bouffer. » Par la même occasion j'ignorai sa question mais je la retins pour répondre plus tard si la réponse intéressera toujours la blonde.

Cependant je n'étais pas rassurée par les dires de la blonde. On ne sait jamais ce qui peut se cacher dans les profondeurs des océans. Je traçai une grimace sur mon visage qui montrait qu'elle ne m'avait pas convaincue. « Dis-toi que le onzième mois peut t'être fatal. » Je repris mon expression de marbre et je laissai mon regard ne faire qu'un avec l'étendue océanique.

Je retournai mes yeux bleus vers la blonde et mes lèvres s'étendirent d'un sourire. « Tu as l'air si confiante. » Je fixai en suite l'eau avant de soupirer.