L'adolescente trainait la patte derrière Revan, elle était fatiguée, affamée, assoiffée, mais elle ne voulait pas désobéir à ce grand homme qu'elle trouvait si terrifiant par son physique qui n'était que très spécial. Elle aurait pu s'arrêter si elle n'avait pas peur de lui, mais elle avait tellement l'impression qu'il était son maitre qu'elle n'osa pas lever la moindre objection. Elle se contenta donc de le suivre, la langue dehors, le dos courbé, comme un chien suite à trop d'efforts. Elle avait mal aux pieds, aux jambes. Mais finalement... à quoi servait-il de le suivre ? se dit-elle. Elle s'arrêta, le laissant marcher seul, pour reprendre son souffle. « Une petite pause, ça fait pas de mal ! » Elle humecta ses lèvres avec le reste d'eau qui était au fond de sa gourde, constitué de quelques gouttes à peine.

Elle n'apprécia pas la manière dont il lui donna la nourriture, et elle fronça les sourcils. Elle se sentait encore dans la peau d'un chien. En l'écoutant, elle repensa à la manière dont sa mère l'avait traitée, et elle ne put s'empêcher de protester. « Non mais pour qui tu m'as prise ? » Elle était blessée par son agissement, et en gardait un goût amer dans la bouche. Espérant ne pas l'avoir offensé au point qu'il lui crie dessus, elle essaya de se rattraper. « Merci, c'est délicieux... » Suite à son ordre donné, elle se releva, un peu en colère tout de même. « Tu n'avais pas besoin qu'on t'accompagne. » Elle soupira discrètement.

Elle, n'avait pas du tout envie de rire. Elle n'aimait pas cet homme, il ne lui inspirait pas confiance, il lui faisait peur, même si lui faisait tout pour la rassurer, ou du moins, à moitié car il en rajoutait tout le temps par la suite. Peut-être allait-il se révéler gentil un beau jour ? Allez savoir. Elle ne répondit pas à sa première remarque, quant à la deuxième, elle la trouva sotte. Il l'avait forcée à venir juste pour la tester, alors si en plus il n'était pas tendre avec elle, elle n'allait pas le suivre longtemps. Bref, elle continua la marche. « À quoi ça te servira ? » Elle secoua la tête, en expirant bien fort.

Elle fut abasourdie par sa deuxième remarque, et repartit au quart de tour. « Je n'ai besoin de personne pour m'aider à reprendre confiance en moi. Si je n'ai jamais confiance en moi, c'est mon problème, c'est mon caractère, on l'accepte ou on ne l'accepte pas. Je ne changerai pas de sitôt. Je suis Rosie, et personne d'autre. Rosie est comme elle est et elle emmerde l'avis des autres. Compris ? Et personnellement, je ne me vanterai pas avec toi. » Ça y est, il avait réussi à la contrarier et elle à s'énerver pour de bon. Lorsque quelque chose ne lui allait pas, elle le faisait comprendre aussitôt. Mais son visage s'éclaira, malgré les faits précédents, en entendant le grondement de la chute qui était à deux pas d'eux.

En identifiant la hauteur qui la distançait du bas, elle se mit à paniquer, elle ferma les yeux, elle ne pouvait pas sauter. Elle n'aimait pas la sensation d'adrénaline que ce genre de faits extrêmes lui faisaient ressentir. Elle secoua la tête, les mains cachant son visage, ayant le vertige. « Vas-y tout seul, tu n'as pas besoin de moi ! » Elle se mit en boule au sol, restant paralysée après cela. C'est ce que provoquait le vertige.

Prenant la sincérité de Revan en considération, elle se força à se relever, puis, enfin debout, elle regarda ses pieds. « C'est vraiment parce que j'ai envie d'en finir alors. » " D'en finir " n'était pas les bons mots à employer. Dans notre cas, on penserait qu'elle voudrait se jeter dans le vide pour se tuer. Mais après tout, ç'aurait pu être ça étant donné l'endroit. Le gouffre égale l'enfer. Mais elle se sentait obligée d'affronter cette étape. Bref, elle ne voulait pas véritablement en finir, mais rentrer au camp au plus vite, elle ne supportait plus le côté désagréable du brun. Ne regardant pas en bas de peur de refaire une crise d'angoisse, elle se contenta de fermer les yeux, et ne compta pas. Elle paniquerait. Elle sauta donc aussitôt qu'elle fut en position de le faire. Ça y est, elle faisait le grand saut. Celui vers la fierté, comme le sous-entendait Revan, ou vers la mort ? Allez savoir. Pendant sa chute ( c'est le comble ), elle eut une poussée d'adrénaline, une étrange impression d'étouffement qui la priva de sa respiration pendant quelques minutes. Arrivée à l'eau, elle continuait à tomber en pic au fond. Elle ne savait pas qu'elle était déjà arrivée. Car elle tombait encore. Elle tombait encore car elle ne savait pas nager, elle n'avait pas pensé à cela. Elle ne remonta donc pas à la surface, non, elle était en train de s'étouffer en silence dans l'eau.

Elle avait tellement paniqué sous l'eau, tellement cru qu'elle allait y passer, que la seule chose qu'elle fit, c'est de claquer la joue de Revan. Sous l'eau, elle avait vraiment vu la mort de très près. Bref, elle le claqua tellement fort qu'elle en eut la main toute rouge. « Je me sens nulle. À cause de toi. » Elle le foudroya du regard, les sourcils froncés, furieuse de l'incident qui venait de se produire. Mais après tout... il avait tout de même prit la peine de sauter à son tour pour venir à son aide. Il avait donc peut-être, au fond, un cœur, et à ce qu'elle en pensa soudainement, il n'avait pas directement voulu la laisser périr malheureuse dans ce gouffre. Inspiration, expiration. Elle essaya de raisonner intelligemment, et remercia finalement monsieur d'un bref hochement de tête, elle estimait que cela suffisait amplement à montrer qu'elle lui était reconnaissante malgré son dur caractère. « Bon, au moins, je suis encore en vie. À moins que... » Elle identifia minutieusement les alentours, voir si elle n'était pas atteinte d'une certaine hallucination due au passage vers le paradis - ou l'enfer. Incertaine, elle redirigea ses yeux sur Revan. « Claque-moi. » ( si si, pour voir si elle était toujours parmi les vivants ).

Elle écarquilla les yeux et s'essuya le front d'un revers de main. Suite au refus de Revan du service qu'elle lui réclamait, elle dut se résoudre à se pincer. Elle ressentit réellement la douleur et elle en conclut alors qu'elle n'était pas encore morte, qu'on allait devoir la supporter encore un peu. Mais bon, la chute l'avait un peu sonnée et elle n'était pas totalement elle-même. « Un beau gosse qui me parle. » s'exclama-t-elle, émerveillée bien contre son gré.

« Assez contente. » Elle soupira, rassurée, suite à sa deuxième phrase. « Oui, on rentre ! tout de suite ! »

Rosie réalisa que Revan se voulait vraiment gentil et qu'il s'efforçait à ne pas piquer sa colère contre elle. Après tout, que lui avait-il fait de mal ? S'il était autoritaire, c'était son caractère, il ne fallait pas lui en vouloir. Personne n'est parfait. Elle lui répondit donc moins sauvagement, plus détendue à présent, et le plus dur était fait. « C'est bien ça ! et toi ? »

Ne trouvant rien d'autre à faire, elle poursuivit donc sa marche en direction du camp. « Très bien. Au revoir, Revan. »