Elle regarda le chemin alors elle aussi.
" Non, c'est la première fois. "
Elle devinait que lui aussi - puisqu'il s'y était perdu.
" Quel âge as-tu ? "
Demanda-t-elle d'un ton timide.

Il aquiesça, effectivement lui il s'y était. Et il avait eut le temps de bien l'observer, mais à chaque fois qu'il la regardait, il la découvrait. Il sourit à la question et se tourna vers elle :

" 17 ans et demi ! "

D'un seul coup, il se parut vachement jeune, pourtant lui se trouvait plus vieux que son âge.

Elle marchait tranquillement mais fut obligée de piler net en entendant son âge. Elle se tourna vers lui, incrédule.
" Que.. 17 ans et demi ? C'est pas possible, tu peux pas être plus jeune que moi ! "
Protesta-t-elle, surprise. Elle se sentait si petite avec lui, si protégée qu'elle le voyait... plus vieux.

C'est vrai qu'à côté d'elle, il se pensait plus âgé. Elle s'arrêta et il la regarda avec un sourire amusé :

" Pourquoi tu as quel âge toi ? "

Il était plus grand, plus fort et il semblait plus mature. Cela troublait Leena.
" Vingt ans. "
Oui, elle ne les faisait pas.

Il est trop beau ! Merci beaucoup ! **

Il la fixa :

" 20 ans ?! Mais tu ne les fais pas du tout ! "

Il la regarda un moment et éclata de rire. Elle semblait si fragile à côté de lui. Pourquoi il riait ? Parce qu'il se fichait bien, finalement, d'avoir 4 ans de moins qu'elle :

" Je fais plus vieux, tu fais plus jeune, en faite on arrive au même âge à peu près non ? "

De rien ! Et je suis d'accord. **

Elle voulu jouer à la vexée mais n'y arriva pas, se mettant à rire aussi. Taquine et (beaucoup) plus détendue, elle mit ses mains sur son torse pour le pousser amicalement.
" Hé, je te rappelle que moi je suis majeure et toi pas ! "

Il se laissa faire, heureux de la voir ainsi :

" Ça va pas tarder ! Fais attention ! "

Il la prit doucement en passant son bras autour de son cou, la bloquant contre son torse, il lui frotta les cheveux pour les ébouriffer.

Mais Leena, dans tout ce qui concernait le jeu, le défi, oubliait carrément ce qu'ils faisaient. C'est comme ça que Calvin avait réussi à l'embrasser, par exemple. Elle protesta en riant - peu crédible donc - et chercha un moyen de se libérer vu qu'il était beaucoup plus fort qu'elle. Elle glissa alors les mains sous son T-shirt, tentant de lui faire des chatouilles, voir s'il était chatouilleux ou pas.

Et malheureusement pour lui, oui, il était extrêmement chatouilleux. C'était sans doute sa seule faiblesse . Il eut donc un mouvement de recul, suivit d'un " Ah non arrêtes " et enfin d'un rire. Bien sûr il fallait trouver autre chose pour rivaliser ! Et il se demanda si elle non plus n'était pas chatouilleuse. Et c'est alors à son tour qu'il passa sa main sous le T-shirt et lui fit des chatouilles.

Elle était pire que chatouilleuse et dès le premier contact, s'effondra carrément par terre en rigolant. Elle était maintenant à genoux devant lui et le regardait d'en bas, avec un sourire d'enfant. Elle lui attrapa la jambe, sans trop savoir pourquoi et qu'est-ce ça pourrait bien lui faire.

Sauvé ! Elle était chatouilleuse ! Il s'en réjouit et ne de priva pas de continuer jusqu'à ce qu'elle s'écroule par terre. Il était encore debout et la regardait de haut. Il n'aimait pas ça. Il se laissa alors tomber à genou face à elle.

Elle rit de nouveau en le voyant à la même hauteur qu'elle - et il faisait toujours bien une tête de plus qu'elle. Le regard malicieux et taquin, elle lui sourit, sans bouger.

Ils étaient bien là tous les deux par terre à genou. Il mâchait toujours des petits rires de tops en temps et affichait toujours un grand sourire collé aux lèvres. Il était content d'être là avec elle. Celle-ci ne bougeait plus et lui non plus ne bougea pas, il n'osait pas. Finalement il hocha la tête et lui sourit tendrement :

" Je t'aime beaucoup tu sais, Leena ? "

Sa méfiance à son égard semblait s'être envolée. Mais était-ce temporaire ou vraiment définitif ? Leena était le genre de fille qu'on ne pouvait pas prévoir à l'avance. Elle lui sourit, réellement touchée et instinctivement, lui prit les mains en les serrant fort, relevant ses yeux de saphir vers lui.
" Moi aussi, vraiment beaucoup ! "

Il ne put détourner le regard et surtout, la laissa prendre sa main, sa grande main. Il lui sourit en regardant sa main dans la sienne. Sa si petite main, si frêle. Il ne la connait que depuis quelques heures mais il a l'impression de la connaître depuis plus longtemps. Pourquoi il avait été attaché à elle dès le début ? Et bien parce qu'elle lui faisait penser à sa soeur, May. Aussi fragile. Il s'approcha et lui déposa un petit bisou sur la joue avant de se remettre face à elle. Il avait peur de regretter ce geste. Mais il l'avait vraiment voulu.

Il était vrai qu'elle paraissait si fragile à côté de lui, si frêle. Si faible. Quand elle le vit s'approcher, son coeur s'emballa et elle détourna le regard, sentant ses lèvres sur sa joue. Elle rentra la tête dans son cou en riant doucement, absolument écarlate. Allez, Leena, contrôle-toi un peu quoi ! Elle braqua ses yeux bleus sur lui et lui sourit. C'est tout. Elle ne savait absolument pas quoi faire d'autre.

Et c'était ce qu'il y avait à faire, tout simplement. Aucune réaction négative, aucun mécontentement, juste, un sourire. Son si beau sourire. C'est tout ce qu'il voulait. Qu'elle soit souriante. Elle rougissait et il en sourit d'avantage :

« Tu es bien là, Leena ? »

Il souriait toujours, faisant pliçer ses yeux.

Elle hocha la tête, à la fois timide et enhardie. Elle se sentait si petite avec lui, si bien. Elle se mordit doucement la lèvre sans le quitter des yeux.
" Oui... toi aussi ? "

Il voulait, enfin, il aimerait qu'elle oublie tous ses problèmes, tous ce qui la bloquait parfois. Il fut soulagé en l'entendant sortir de sa bouche et laissa même échapper un petit soupir de soulagement :

« Oui, vraiment bien »

Il ne la quitta pas non plus des yeux.

Mais c'était dur, c'était si dur pour elle. Elle s'accrochait à son passé comme un noyé s'accroche aux restes du bateau qui coule et qui l'entraînent au fond avec lui. Elle faisait, inconsciemment, la même chose. Elle se détruisait toute seule -> phénomène d'autodestruction. Elle gardait ses yeux plongés dans les siens, souriant même un peu. D'un mouvement simple, elle se rapprocha de lui, serrant ses mains fort.

Malgré son sourire, Augustin voyait bien qu'il y avait toujours quelque chose qui l'emprisonnait. Elle coulait ? Mais il était là lui, lui aussi était sur le bateau, ils étaient tous dans le même bateau qui coule. Il voudrait l'aider mais il sent qu'elle n'est pas encore tout à fait prête. Il aimerait en parler avec elle, mais il a tellement peur de la faire reculer plutôt que d'avancer. Malheureusement comme il l'a dit un peu avant, il faut savoir parfois prendre des risques. Il était prêt à le faire. Il sentit sa main se serrer autour de la sienne, il la plongea son regard dans le sien et finalement la prit dans ses bras.

Elle frémit et manqua de faire un mouvement de recul lorsqu'il ouvrit ses bras mais finalement, s'abandonna dans son étreinte, posant sa tête contre son torse comme une enfant. Elle se mit alors à sangloter doucement.

Il eut peur, il eut peur qu'elle recule, qu'elle se lèvre et qu'elle s'en aille. Et ça, il ne le voulait pas. Elle se laissa s'abandonner dans ses bras. Il aimait qu'elle soit dans ses bras et d'un autre côté, cela l'attristait qu'elle s'abandonne ainsi, comme si elle n'était pas assez forte pour lutter à quiconque. Il voulait qu'elle soit forte, il voulait être forte pour elle, tout comme pour sa soeur. Il la serra encore plus fort et l'entendit sangloter. Il lui frotta affectueusement le dos, puis s'arrêta et murmura :

« Je veux t'aider Leena »

Murmura-t-il. Il voulait tellement la libérer.

Elle refoula ses sanglots. Un sentiment de honte la prit alors. Honte de se montrer si faible, si à découvert, si fragile. Elle qui veillait toujours à garder un minimum de dignité, elle qui veillait toujours à garder en place sa façade pour ne pas faire voir ce qu'elle était vraiment. Ça. Elle n'était que ça et rien d'autre. Elle soupira doucement, sentant ses larmes se calmer. Ses paroles la laissèrent de marbre.
" Je ne sais pas ce que tu pourrais faire de plus... "