Il la garda serré. Il ne la lacherait pas. Il se mordit les lèvres et finalement s'écarta pour la regarder dans les yeux :

« Tu n'as pas besoin de moi ? »

Il la regardait presque avec sa propre fragilité. Nous sommes tous fragile en somme et Augustin aimait aider les gens à se sentir plus fort. Il n'aimait pas se sentir inutile aux autres, pourtant sa question semblait mal posée et il s'en voulut presque de l'avoir demandé :

« Pourtant je ferais n'importe quoi, tu le sais ça ? »

Non, non ce n'est pas ce qu'elle voulait dire. Elle secoua la tête, surprise. Elle avait besoin de lui ! Mais ses paroles suivantes la rassurèrent et elle le regarda droit dans les yeux.
" Pourquoi es-tu si... si gentil avec moi ? "
Pour elle, ce n'était pas normal.

Il lui sourit en l'entendant mais ne la quitta pas des yeux :

" Pourquoi ne pas l'être ? "

Il fit une pause :

" Tu es gentille, attachante, amusante et j'ai l'impression que tu as besoin de moi ... "

Elle frémit sous son regard.
" J'ai besoin de toi. "

Sa dernière phrase lui fit prendre conscience de la responsabilité que cela impliquait. Elle avait besoin de lui. Mais c'était déjà un grand pas en avant, non ? Il lui prit les mains et les serra fort, tendrement :

« Je serais toujours là pour toi »

" Toujours ? Tu me le promets ? "
Demanda-t-elle, les yeux brillants et rivés sur lui, serrant ses mains.

" Toujours, je te le promet "

Il le dit extrêmement sérieusement, puis lui accorda un franc sourire, un doux sourire.

Elle s'approcha alors de lui et l'enlaça de nouveau, reposée.

Elle aussi elle était bien. Très bien. Trop bien ? Elle passa les mains dans son dos, le serrant encore plus fort contre elle.

Il ne voulait pas gâcher ce moment alors il ne dit rien. Il la sentit le serrer plus fort, il en sourit d'abord, puis lui aussi l'enlaça plus fortement.

Elle mit sa tête de côté pour pouvoir parler, ne se reculant pas.
" Je me sens bien, là, comme ça. "

Il sourit en l'entendant mais ne bougea pas non plus :

« Moi aussi, je veux plus bouger »

Il trouvait que ça faisait plusieurs fois qu'elle disait cela :

« C'est rare pour toi, de te sentir aussi bien ? »

Disait-il en chuchotant.

Elle hocha la tête, d'abord silencieuse puis finissant par murmurer :
" Oui, je suis toujours anxieuse, angoissée, méfiante avec tout le monde. C'est stupide mais ça m'a rendue comme ça. Je m'étais promis de ne plus faire confiance à personne... "

Il sentait que c'était peut-être le bon moment pour lui demander pourquoi elle était ainsi ? Il resta silencieux un moment, pesant le pour et le contre, et finalement se dit qu'une fois que le sujet serait abordé et terminé. Ils n'en parleraient plus :

« Pourquoi tu ne voulais plus faire confiance à perosnne ? »

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux mais ne sut pas si c'était de peine ou de rage. Elle ne bougea néanmoins pas, écoutant son coeur battre.
" Tu veux... tu veux toute l'histoire, n'est-ce pas ? "

Il sentit que c'était difficile, il ne voulait pas la voir triste à nouveau :

« Si tu ne veux pas, on en parle pas, je ne veux te forcer à rien du tout »

Dit-il doucement en lui frottant légèrement le dos et en lui caressant les cheveux.

Elle secoua la tête, inspirant à fond.
" Non, non, c'est bon. Y a pas morts d'hommes non plus. "
Son regard se perdit au loin.
" Voilà en fait c'est très simple... j'ai eu une relation qui... "
Elle s'interrompit, se redressa, décollant sa tête et le regarda droit dans les yeux.
" Tu me promets de ne pas me juger.. ? "

Elle se décolla et il déserra alors les bras doucement. Il plongea son regard dans ses yeux d'un claire ... Il ne comprit pas, pourquoi la juger ? :

« Pourquoi ... ? »

Il ne finit pas sa phrase :

« Qu'importe ton passé, jamais je ne te jugerais »

Elle le regarda un moment dans les yeux avant de le trouver sincère et soupira doucement, détournant son regard pour ne pas y lire ce qu'elle avait peur d'y trouver quand elle aurait commencé.
" J'ai été.. l'amante d'un homme pendant cinq ans. D'un homme marié. "

Il ne dit rien. Il ne savait pas vraiment quoi dire en réalité. Elle fuyait son regard mais il ne le chercha pas. Il pouvait accepter le fait qu'elle est été amante d'un homme, mais, pendant cinq ans ? Aussi longtemps pour finalement que ça se finisse ? Mal ? Il garda un visage neutre. Après tout il ne savait absolument rien à part ce qu'elle venait de dire. L'aimait-elle ? N'aimait-il ? :

" Et ... Qu'est-ce qui s'est passé ? "

Cherchant à nouveau ses yeux. Il comprenait maintenant pourquoi elle avait eu peur qu'il la juge, sans doute beaucoup on dû le faire avant.

Oui. Tout le monde l'avait jugé, la rabaissant tant de fois aux appellations de "pute", qu'elle avait fini par y croire réellement. Elle fuyait son regard mais voyant qu'il le cherchait avec tant d'ardeur, elle tourna la tête vers lui et s'accrocha à son regard comme un noyé s'accroche à une bouée.
" J'en étais follement amoureuse. Il disait m'aimer aussi. En même temps, pour faire durer ça pendant cinq ans... Ou alors, je le satisfaisait.. hmm "au lit", comme on dirait. Mais bon, pourtant, je n'y connaissais rien moi. Quand je l'ai rencontrée, j'avais quinze ans et lui vingt-et-un. Et donc pendant cinq ans, il m'appelait quand il était seul, le schéma habituel. Jusqu'au jour où sa femme est rentrée à l'improviste. Où elle a dit qu'il osait lui faire ça avec une espèce de gamine. Et que lui m'a dit de m'en aller. J'ai cru, naïvement, qu'il allait me défendre, mais non. J'ai attendu dehors, il est sorti peu après. Pour me dire que tout ça n'était rien, qu'il ne m'avait jamais aimé, que ce n'était que pour pouvoir mieux retrouver sa femme, et qu'elle avait raison ; que je n'étais qu'une sale gamine. "
Sa voix était calme, contrôlée. Pourtant, les larmes coulaient, silencieuses.

Il l'écouta, il regarda ses lèvres et s'accrocha aux mots qu'ils en sortaient. Puis il vit les larmes et tendrement les essuya :

« C'est pour ça, c'est à cause de lui que tu ne fais plus confiance en personne »

Elle repoussa sa main et les essuya toute seule.
" C'est ça... "
Elle releva la tête vers lui, un peu surprise.
" Et tu n'as pas envie de te barrer, maintenant ? Je veux dire... je savais qu'il avait une femme, je savais que je brisais peut-être un couple qui avait un enfant, tout ça je le savais. Ca ne change donc pas ta vision de moi ? "

Il la laissa faire, il fut surpris de sa question :

« Pourquoi ? Je suis bien avec toi et ... Tu l'aimais et il te disait qu'il t'aimait aussi. C'est lui le père de famille, pas toi, c'est lui qui était en tort. Tu étais une gamine quand cette histoire a commencé, tu n'as jamais remis en cause ses sentiments ... Je ne vais pas me passer de toi parce que tu as été naïve et aveuglé par l'amour »

Il la regarda droit dans les yeux :

« Moi je t'aime, je t'aime maintenant pour ce que tu fais, pas pour ce que tu as fais »