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 « Même chemin. »

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MessageSujet: « Même chemin. »   « Même chemin. » I_icon_minitimeJeu 12 Juil - 11:59

Non, je n'abandonne pas les autres que j'ai posté avant. « Même chemin. » 1251743502 Mais c'est la première fois que j'ai autant d'idée, que j'ai un scénario précis en tête, et que chacun des personnages qui apparaîtront ont carrément une biographie bien à eux. J'ai pris le temps de poser toutes mes idées sur le papier, c'est la première fois que tout est bien ficelé dans ma tête. « Même chemin. » 2806429274 Hâte d'entendre vos avis, n'hésitez surtout pas & merci si vous lisez. « Même chemin. » 560659
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MessageSujet: Re: « Même chemin. »   « Même chemin. » I_icon_minitimeJeu 12 Juil - 11:59

prologue
– Fais pas le débile, Blazhe !
Le jeune homme se retourna. Il dévisagea la jolie blondinette avec un mélange de mépris et d'hésitation. Naëva sut à son regard qu'il allait céder. L'écouter. Retrouver raison. Admettre qu'il avait tord. Bon, ça n'était pas encore chose gagnée. Il lui fallait un argument. Un bon argument. Le seul argument qui le ferait changer d'avis.
La pluie plaquait ses cheveux trempés contre son front et ses joues. Elle les écarta d'un geste désinvolte, ne tenant pas compte de ses vêtements qui se mouillaient peu à peu.
– Allez, on a besoin de toi.
– Personne n'a besoin de moi ! répliqua-t-il d'un ton hargneux.
– Si ! Lily par exemple.
Blazhe posa un regard meurtrier sur la jeune fille, qui déglutit, décidant de tenter autre chose.
– Lou, elle, elle a besoin de toi.
Elle crut voir une lueur de remords dans les yeux sombres de Blazhe. Il déglutit. Détourna son regard, incapable de le soutenir. Il se mordit la lèvre avec rage, posant ses yeux sur l'horizon devant lui. Un horizon bien sombre, que les nuages avaient ternis de noir et de gris. Plus de place pour la couleur. Pas pour lui en tout cas, pas depuis que Lou n'était plus là.
– C'est de ma faute...
Sa voix n'était qu'un murmure. Pourtant, Naëva l'entendit et elle s'approcha de lui, même s'il l'avait toujours impressionnée. Elle jeta un regard timide sur les autres, qui les observaient de loin, puis se reporta sur son objectif. Le convaincre de rester.
– Aide-nous à la ramener. Il faut la trouver avant eux.
Lou avait été dans le groupe celle à qui il s'était attaché le plus. Il l'avait prise sous son aile comme si elle était sa sœur. Il savait qui elle entendait par « eux » et ça le faisait bien flipper.
Il poussa un profond soupir et la blonde sut qu'elle avait réussi.
– Bon, très bien.
Les gouttes ruisselaient sur son visage quand il releva la tête vers Naëva, mais il esquissa un fin sourire.
– La tente sera toujours plus pratique que la belle étoile, surtout par ce temps de chien.
– Je ne te le fais pas dire ! s'exclama-t-elle, tandis qu'il revenait à ses côtés, dirigé vers les autres.
– On y va ? demanda-t-elle en désignant le groupe qui les attendait.
– On y va, répéta-t-il simplement, passant un bras par-dessus ses épaules.
Les deux jeunes gens marchèrent alors pour rejoindre les deux autres qui les attendaient avec impatience et soulagement à présent que Naëva avait réussi à le convaincre de rester. Ils s'activèrent pour monter la tente et être au sec.
Ne pas s'éparpiller. Ne pas se séparer. Rester unis, soudés, pour pouvoir se soutenir et s'entraider. Aller jusqu'au bout.
L'aventure n'était pas encore terminée.
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MessageSujet: Re: « Même chemin. »   « Même chemin. » I_icon_minitimeJeu 12 Juil - 12:02

chapitre un
Le stress faisait cogner son cœur dans sa poitrine comme si elle était raide dingue amoureuse. Ses doigts pianotaient nerveusement la table, tandis qu'elle attendait que la page internet s'actualise. Enfin, celle-ci afficha la page d'accueil de la faculté de médecine où elle était inscrite. Son coeur rata un battement quand elle vit le résultats PAES accessibles ici. Sa respiration se faisait courte. Encore un peu et elle nous faisait une crise cardiaque.
Elle cliqua, à moitié tremblante, sur le lien, retenant son souffle.
Tout son avenir se jouait là. Après avoir déjà redoublé sa première année en médecine, reconnue pour être particulièrement difficile, elle avait tout donné lors de cette deuxième chance. Tout, signifiait qu'elle avait sacrifié tout ce qu'elle avait à côté. Elle avait négligé ses amis, écarté sa famille, banni les sorties,... Elle était restée cloîtrée chez elle pendant huit longs mois, sans aucune pause. Pas de Noël, pas de nouvel an, pas d'anniversaire. Pas de week-end ni de jours fériés et encore moins de vacances ! Ses proches la prenaient pour une folle, mais elle savait que c'était le seul moyen de réussir. Seulement un dixième de leur effectif avait le privilège d'entrer en deuxième année. Elle ne voulait pas louper sa chance. C'était son rêve depuis qu'elle était enfant. Elle voulait devenir médecin. Et elle le serait.
Je ne peux pas le louper.
La page du classement mettait un temps fou à se charger. Les secondes défilaient comme des heures pour la demoiselle, qui peinait à contenir l'angoisse qui lui enserrait la poitrine. Elle ouvrit parallèlement un autre onglet, là où s'afficherait si elle était prise ou non. Il fallait qu'elle soit dans les cent vingt-sept premiers pour accéder à sa chance.
Je ne peux pas le louper.
Non, elle ne pouvait pas. C'était sa vie qui était en jeu, tout son avenir. Rien ni personne n'avait le droit d'avancer qu'elle n'était pas assez motivée ou investie. Elle avait tout donné, tout.
Enfin, la page des résultats s'afficha. Il y avait le nom, le prénom, puis la place occupée. Son souffle, heurté, devenait difficile à contrôler.
Elle fit défiler la page vers la lettre « N ».
Plus que quelques secondes. Quelques infimes secondes avant de savoir...
« LEVALLOIS Naëva : 132ème. »
Elle resta bloquée sur le chiffre, relisant la ligne plusieurs fois comme pour être bien sûre, la surlignant pour bien voir qu'il s'agissait de son classement à elle.
Mais c'était bel et bien le sien, il n'y avait aucune erreur possible.
132ème. Soit cinq places de trop.
J'ai échoué.
La première fois qu'elle pensa ça, elle vérifia encore une fois. Tremblant légèrement, elle garda son regard rivé à l'écran. Comme un automate, sans aucune émotion, elle cliqua sur l'onglet destiné à afficher ses notes et tout ce qui allait avec. A côté de son nom ne figurait qu'un seul mot.
« Recalée. »
Elle s'appuya sur le dossier de sa chaise, le regard vide. C'était impossible. Cinq places. Une question fausse de trop. Quelques points d'écart seulement.
J'ai échoué.
La pensée était affreuse pour elle. Elle avait échoué, le résultat était bel et bien là. Elle avait tout donné, elle s'était battue pendant deux longues années... pour rien. Elle ne passait pas en deuxième année. Et le nombre d'inscriptions en première année de médecine étant limité à deux seulement par personne, il fallait à présent qu'elle se fasse à l'idée : elle ne serait jamais médecin.

C'est cinq minutes plus tard seulement, alors qu'elle n'avait eu toujours aucune réaction précise, que la porte d'entrée s'ouvrit en grand.
– Naëva on est là !
La voix de Marie, sa petite sœur de neuf ans, ne la ramena même pas à l'instant présent. Son père suivait et fit irruption dans le salon avec un sourire chaleureux.
– Regarde chérie, on a ramené du champagne comme ça on fêtera ça quand...
Naëva avait relevé les yeux vers son père.
C'était un homme qui avait un peu moins que la cinquantaine. Toujours de bonne humeur, il avait reprit la garde de ses filles après la séparation avec sa femme, trois ans plus tôt. Depuis, elles ne la voyaient que quelques week-end dans l'année. En effet, celle-ci s'était remariée à un Australien et l'avait suivi au pays des kangourous et des koalas. A cet instant-là, il trouva que sa fille ainée ressemblait à sa mère plus qu'à n'importe quel moment. Avec cet air absent, sérieux et figé. Elle était terriblement belle mais ça n'était pas un air normal sur le visage de Naëva, toujours si souriante et enjouée d'habitude.
– Oh non ma chérie, ne me dis pas que...
C'est là qu'elle se connecta de nouveau à la réalité. Elle cligna plusieurs fois des yeux, les laissant s'emplir de larmes.
– J'ai échoué...
Le prononcer et l'entendre à voix haute rendait la chose encore plus réelle. Encore plus brutale. Plus déchirante.
Dans le silence qui s'était brusquement abattu dans la pièce, elle céda enfin à toute la pression emmagasinée et s'effondra en sanglots.


– Naëva, à table ! cria son père de l'étage sous-jacent.
Naëva, non mais quel prénom. Merci tatie Sandrine, ragea-t-elle dans sa tête, se levant à contre cœur de son lit.
En effet, ce prénom n'était pas inventé par un de ses parents à l'imagination loufoque. Elle aurait dû s'appeler Maëva. Mais c'est la seule et unique soeur de sa mère qui avait tenu à remplir l'acte de naissance de sa nièce, le jour de l'accouchement, pour que son père puisse rester près de son épouse. Seulement, puisque dans la famille ''Sandrine'' rimait avec ''alcool'', elle n'était pas sobre. Tout se serait bien déroulé si elle n'avait pas mis un « N » à la place du « M » en première lettre. En découvrant cela, les parents de Naëva avaient trouvé cela original et l'avaient laissé.
Super original, oui.
De très mauvaise humeur, la jeune fille de dix-neuf ans et demi descendit les marches pour se trainer jusqu'à la salle à manger. Elle s'assit brusquement sans un mot. Son père lui jeta un coup d'œil mais préféra garder le silence.
Elle avait passé son après-midi à sangloter dans son lit, digérant mal le fait qu'elle avait échoué. L'échec avait toujours été quelque chose de dur à gérer pour la petite niçoise. Mais jusqu'à ce jour, jamais elle n'avait connu de défaite aussi cuisante. Surtout, elle n'avait jamais échoué quand cela déterminait son avenir entier.
Elle regarda sans broncher son assiette se remplir, et alors que tout le monde commençait à manger, elle ne toucha pas à sa fourchette.
– Mange, ma puce.
– J'ai pas faim.
– C'est pas dramatique non plus, tu sais, tu peux...
– Ah bon ? C'est pas dramatique ? demanda-t-elle d'un ton sec en le coupant.
– … Tu peux faire autre chose, continua son père, imperturbable.
– Faire autre chose ? Faire autre chose ?! Mais je ne veux PAS faire autre chose ! répliqua-t-elle en frappant sur la table.
– Déjà, tu vas te calmer s'il te plait. Ensuite, on réfléchira ensemble à ce que tu peux faire l'année prochaine.
– Je ferais rien, marmonna-t-elle entre ses dents.
– Quoi alors, tu veux te suicider ? Fuguer ? demanda-t-il avec un air un peu narquois. Tu es une adulte maintenant, alors tu vas accepter ces résultats même s'ils sont très décevants pour toi. On en reparlera demain matin.
Elle poussa sa chaise en arrière, se levant d'un seul coup sans un regard.
– Où vas-tu comme ça ?
– Dans ma chambre. J'ai pas faim, j't'ai dit.
Elle grimpa les marches quatre à quatre et claqua la porte derrière-elle, tournant en rond dans sa chambre comme un lion en cage. Son père voulait parler le lendemain matin. Mais parler de quoi ? Elle n'avait rien à dire.
Il ne comprenait pas, de toute façon, personne ne la comprendrait. Ils diront tous qu'elle pouvait faire quelque chose d'autre. Dans le même domaine. Ou qui contient la même prestance, même si Naëva n'avait jamais fait cette filière pour autre chose que pour réaliser son rêve.
On lui avait ôté tout ce dont elle espérait. Elle ne voulait rien faire d'autre et elle en était certaine. Donc à présent, elle était coincée. Piégée.

« Quoi alors, tu veux te suicider ? Fuguer ? »
avait dit son père. Sa voix, moqueuse, lui avait déplu à ce passage-là. Quoi, il ne la croyait pas capable ?
Après-tout, qu'est-ce qui la retenait ici ? Elle n'avait que très peu d'attaches. Quelques amis qui ne s'inquièteraient pas longtemps. Une mère à des kilomètres d'ici qui ne prenaient même pas la peine d'appeler pour avoir des nouvelles régulièrement. Juste un père et une petite soeur. Mais ils étaient ensemble et ils n'avaient pas besoin d'elle. Elle était majeure, de toute façon.
Se suicider ? Non, voyons, la blondinette tenait bien trop à la vie pour ça malgré-tout. Mais la fugue était une idée. Pas éternellement. Juste le temps de savoir ce qu'elle voulait faire. De réfléchir. De trouver des idées.
C'était une idée complètement folle, insensée et déraisonnable.
Mais pour une fois, ça lui plaisait. L'idée de plonger dans l'inconnu, de pouvoir envisager une nouvelle vie, de nouvelles rencontres, c'était quelque chose qu'elle n'avait jamais eu dans son petit confort sur la Côte d'Azur au sud de la France. Mais c'était quelque chose qu'elle avait envie de découvrir, de connaître. Partir, un sac à dos sur le dos, sans savoir où elle dormirait le soir.
Elle ne parlerait pas demain avec son père. Parce qu'au matin, elle serait déjà partie.
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MessageSujet: Re: « Même chemin. »   « Même chemin. » I_icon_minitimeJeu 12 Juil - 12:14

chapitre deux
– Regarde Nahuël, il y a un reportage sur la danse, je pense que tu aim...
Pour toute réponse, le dénommé Nahuël attrapa la télécommande et éteignis la télé d'un seul coup. Sa petite soeur, surprise, le regarda les larmes au bord des yeux. Il soupira.
– Je sais que tu fais ça pour être gentille avec moi, Alejandra. Mais tu sais bien que je ne veux plus qu'on me parle de ça.
La petite fille de six ans hocha timidement la tête avant de quitter silencieusement la pièce. Le jeune homme, lui, revint vers le canapé en boitant un peu toujours, et s'y affala avec un soupir sonore.
– Tu devrais faire des efforts, Nahuël, murmura sa mère, qui pliait du linge.
– Des efforts sur quoi, au juste ?
– Avec tes frères et sœurs. Ils s'inquiètent beaucoup tu sais.
– Oui, mais avec les six personnes qu'ils représentent, je commence à en avoir ma claque d'entendre des chuchotements sur mon passage, où l'on distingue clairement les mots ''danse'', ''jambe'' et ''ermite''. Et ce dans chaque pièce de la maison, répondit le brun d'une voix suave.
Sa mère posa son regard chocolat sur lui en l'observant sans rien répondre. Leurs regards se croisèrent et pour la première fois de sa vie, elle ne sut pas quoi répondre à son fils aîné. S'ils étaient là aujourd'hui, installés dans une villa à Monaco, c'était grâce à lui. Grâce à l'argent qu'il rapportait en gagnant concours sur concours. Son professeur de danse lui avait un jour dit « vous avez eu tord de ne pas croire en lui, il est un de mes élèves les plus doués ». Et elle lui avait répondu « vous ne comprenez pas, ce n'est pas une question de confiance. J'ai toujours cru en mon fils. Mais j'avais peur qu'un jour, si cela venait à s'arrêter, il ne s'en remette pas. »
Et c'est ce qui était arrivé.
Passionné de tango depuis tout petit, c'est lui qui s'était débrouillé pour se trouver un professeur, malgré l'opposition formelle de ses parents. Vivant en banlieue de Barcelone, ils n'avaient jamais eu les moyens pour payer un professeur particulier, l'inscrire dans une école de danse, ou bien encore de pouvoir le soutenir. Mais Nahuël, seul, avait réussi. Il avait trouvé un professeur qui avait accepté de l'aider. Et à dix-sept ans, il était devenu un brillant danseur de tango, maniant cet art avec une dextérité rare.
Ses yeux bleus – vestiges de l'origine nordique de son père –, son visage d'ange espagnol et son incroyable talent avaient vite fait de lui dans son pays l'un des danseurs les plus jeunes et les plus reconnus. Son professeur l'emmena alors en tournée dans le monde entier, en même temps que ses parents et tous ses frères et sœurs décidaient de s'installer en France, pays natal de leur père. Grâce à l'argent envoyé par Nahuël, ils purent louer une superbe villa près de Monaco. Tout était parfait. La famille avait enfin le droit à une vie normale contrastant avec la misère dans laquelle ils baignaient depuis de nombreuses années, et leur fils aîné vivant un de ses plus beaux rêves.
Et voilà que le rêve s'était écroulé.
Un an auparavant, il avait fait une mauvaise chute lors d'une représentation au Royaume-Uni. Il perdit l'usage d'une jambe pendant plus de six mois, lesquels il les passa dans le plâtre, à accompagner la troupe de danseurs lors des différents show, voulant absolument les soutenir.
« D'ici quelques mois, je pourrais redanser avec vous ! » leur avait-il assuré.
Après ces longs mois, il avait suivi une étape de rééducation pendant encore de nombreuses semaines.
Et voilà que la semaine dernière, la nouvelle était tombée. Il était allé voir son médecin pour faire un bilan. Il boitillait toujours un peu, c'était quelque chose qui ne passait pas, et que l'angoisse de rester incapable de danser plus longtemps ne faisait qu'accroître. Son médecin, un brave homme d'une cinquantaine d'année, l'avait regardé avec toute la compassion possible. « Tu ne retrouveras jamais vraiment l'usage parfait de ta jambe. »
Au début, Nahuël n'avait pas compris. Pour lui, cela signifiait peut-être qu'il allait devoir attendre encore un peu. Et même si c'était une idée difficile à admettre, c'était supportable.
Voyant que la seule réaction de son patient était un hochement de tête pensif, le médecin prit un ton grave pour lui annoncer : « Tu ne pourras jamais danser de nouveau comme avant. »
Vous savez, cette impression que votre acharnement, vos efforts, tout ce que vous avez donné pour vous en sortir malgré tous les obstacles, se retrouve réduit à néant en une phrase ? C'est ce que le brun ressentit à ce moment-là.
« Impossible... » avait-il murmuré. « Je suis désolé. » avait répondu le médecin avec un air sincère. Mais l'espagnol, impulsif, s'était levé d'un seul coup. « Gardez votre pitié, je n'en veux pas ! » Et il avait quitté le cabinet.

Maintenant, cela faisait six jours qu'il était enfermé chez lui.
Comme un ermite, comme disaient ses frères. Il s'était replié sur lui-même, contestant cette idée. Il avait de nombreuses fois tenté de traverser le couloir sans boiter une seule fois. Mais le fait était là : il ne pouvait pas s'appuyer sur sa jambe droite plusieurs pas sans que celle-ci ne flanche un peu.
Pour lui, c'était quelque chose d'inacceptable. D'inconcevable. Le tango était toute sa vie. Il avait toujours cru que rien ni personne ne pourrait se mettre entre son rêve et lui. Il s'était trompé. Et c'était bien plus que son égo qui était touché dans cette conclusion.

– En même temps, tu te terres ici comme une taupe..., repris sa mère, qui semblait avoir retrouvé l'usage de la parole, le ramenant sur terre. Tu devrais peut-être chercher un travail, je...
– Un travail ? Pour quoi, pour continuer à vous donner de l'argent et payer cette villa dérisoire ? cracha-t-il avec venin.
Sa mère fronça les sourcils et ses traits se tirèrent.
– Arrête avec ça, tu sais très bien que maintenant, le travail d'avocat de ton père est suffisant pour ça !
L'accent espagnol était toujours plus audible lorsqu'elle s'énervait. En colère, Nahuël avait détourné le regard. Il aperçu deux de ses frères cachés dans le couloir, épiant leur conversation. S'apercevant qu'ils étaient démasqués, ils disparurent immédiatement. Lassé, le jeune homme se détourna de la conversation, se dirigeant vers la porte.
– Nahuël, reviens, commença sa mère. Tu sais, je comprends ce que tu peux ressentir, mais...
Il fit volte face, braquant ses prunelles bleutées sur elle.
– Non, c'est justement ça le problème : tu ne comprends pas !
Sa mère resta silencieuse.
– Tu.. personne ne comprend ! C'était toute ma vie, et maintenant, quoi, je dois me réjouir que mon rêve se soit envolé ?
Sans attendre de réponse, il ouvrit la porte d'entrée à la volée, attrapant simplement son portable au passage.
– Où vas-tu... ? demanda sa mère d'une voix intimidée.
Elle n'eut pour seule réponse que le claquement de la porte.

Il marcha plusieurs minutes en direction d'un petit promontoire où il se rendait souvent pour réfléchir. Un peu en hauteur, l'endroit était parfait. Il y régnait un calme rare et offrait une vue imprenable sur la célèbre ville de Monte Carlo. Il s'assit au bord, ses jambes se balançant dans le vide. Qu'allait-il devenir ? Comment faire alors que la seule chose qui l'intéressait était maintenant hors de portée ? Il soupira. Il n'avait la réponse à aucune de ses questions, et il doutait réellement qu'il les obtienne un jour.
Il soupira de nouveau, plus profondément. A quelques mètres sous lui, il observa un train s'arrêter en gare. Le crissement sur les rails résonna un moment dans ses oreilles, alors que son regard bleu comme la mer suivait les wagons qui s'éloignaient à présent. Dans sa poitrine, il sentit quelque chose se mettre à battre.
L'inconnu. L'aventure. L'adrénaline.
Il la sentait battre dans son pouls. C'était ça qui l'avait attiré dans le tango. Se lancer chaque soir avec une nouvelle partenaire. Une nouvelle scène. Un nouveau public. Sans cesse du renouveau. La routine ? Pas pour lui. Il n'avait jamais su s'adapter à un quotidien répétitif. Il détestait ça et était prêt à tout pour ne pas tomber dedans.
Vraiment tout ? C'était le moment ou jamais de le prouver.
Il plongea la main dans ses poches. Il avait son portefeuille où se trouvaient ses papiers, sa carte de crédit, quelques tickets de caisse en vrac, et un peu de liquide. Son portable, mais pas de chargeur. Aucune importance. S'il partait, rien ne devait le ralentir. Il se leva, posant les yeux derrière-lui.
La villa lui paraissait presque étrangère à présent qu'il y était confiné. Mais il était déjà trop resté enfermé. Il avait besoin de grand air, pas d'une cage.
Après une courte hésitation, il décida de ne rien dire. S'effacer, sans traces. S'il retournait chez lui, sa mère le garderait prisonnier. Il bifurqua, prenant le chemin de la gare. Avec ce qu'il avait sur lui, il avait certainement assez pour acheter un billet de train. Mais où partir ? Où recommencer une nouvelle vie ? En Espagne ? Sa mère le chercherait là-bas avant tout autre endroit. Il allait devoir rester en France. De la capitale, il aurait le choix de la destination étrangère, il pourrait prendre l'avion vers plus de pays possibles et cela lui donnait le temps de réfléchir plus clairement.
Il dévala alors vers la gare, achetant un billet pour le premier train à destination de Paris. Il n'y avait jamais encore été, mais il était temps d'innover. Il avait une escale à la gare de Nice, mais en six heures il y serait. Il jeta un œil à sa montre. Il n'était que neuf heures du matin. Il faut dire qu'ils avaient toujours été matinaux dans la famille. Son train était dans vingt minutes. Cela lui donnait déjà le temps de penser à ce qu'il ferait une fois qu'il arriverait là-bas.
Sans rien. Sans habitation. Sans vêtements de rechange. Sans rien d'autre que sa propre personne.


Il arriva dans la gare de Nice Ville moins d'une heure après. Sa correspondance était dans moins d'une demie-heure et il mourrait de faim, n'ayant pas déjeuné ce matin. Nahuël sortit dehors, ébloui par le soleil de la Côte d'Azur même s'il était pratiquement aussi présent chez lui à Monaco.
Dehors, c'était la course. Des gens courraient pour avoir un tramway, d'autres en sens inverse vers la gare. Il traversa, manquant de se faire renverser par une voiture. Il entra dans le monoprix en face de la gare, parcourant les rayons pour trouver quelque chose à grignoter. Il passa en caisse avec un paquet de Petits Beurres Lu et une bouteille de jus de fruit. Pas compliqué, juste de quoi avoir quelque chose dans le ventre. Pour le midi, il achèterait quelque chose dans le train.
Il regarda sa montre. Il ne lui restait pas énormément de temps avant son train et il décida de revenir à la gare directement, pour ne pas risquer de le louper. Son portable vibra pour la sixième fois depuis qu'il était parti de Monaco. Sa mère avait sans doute déjà commencé à s'inquiéter. Il ignora l'appel & finit même par l'éteindre définitivement pour conserver sa batterie s'il en avait besoin.
Il pénétra de nouveau dans le hall de la gare, et tomba sur un marchand de journaux. Il entra, cherchant s'il n'y avait pas quelque chose pour passer le temps pendant les cinq heures trente prochaines de trajet. Fouinant parmi de longues minutes, il finit par trouver un magazine sur le danse et son cœur se serra. Néanmoins, il l'acheta. Quand il regarda sa montre, il s'aperçut que son train partait dans cinq minutes. Il sortit précipitamment du kiosque, son billet sous les yeux. Il y était indiqué la voie B. Alors qu'il le rangeait dans sa poche, il percuta quelqu'un.
Il allait s'excuser auprès de la jeune fille qu'il avait bousculé, qui s'était retournée en fronçant les sourcils. Elle avait l'air de connaître l'endroit. En tout cas, elle n'avait pas une tête de touriste. Il n'eut que le temps de remarquer qu'elle avait des yeux aussi bleus que les siens et de lui demander précipitamment :
– Excuse-moi, tu peux m'indiquer où se trouve la voie B s'il te plait ?
Il avait toujours été poli et bien éduqué. La jeune fille blonde tendit la main de l'autre côté de la voie directement accessible et il la remercia d'un simple sourire avant de partir en courant comme un voleur. Pas question de louper son train. Il entra dans le premier wagon qui se présentait à lui et une fois là, il sortit son billet plié de sa poche pour regarder le numéro de siège qui lui était attribué.
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