Elle attrapa une fleur jaune dans les mains. Avec un sourire sadique, elle la fixa, la faisant tourner entre ses doigts. La fleur se fana jusqu'à se désintégrer entièrement. Un bruit attira l'attention de la Folle qui releva ses yeux perçants.

Soudain, sans qu'elle ne puisse rien voir venir, elle vit s'avancer devant elle un homme. Non, ce n'était pas un homme mais une sorte d'esprit au corps décharnés. N'importe qui se serait enfui sans aucun doute. Apolline, ou devrais-je dire Éris, eut un sourire sadique.
« Où es-tu Hadès ? »
Elle regarda autour d'elle, mais les fleurs arrivaient au-dessus de sa tête. Qu'elle était faible dans ce corps.

Elle était ravie de trouver Hadès. Elle fixa l'apparition sans aucun signe de peur. Elle n'avait peur de rien, de toute façon. Un sourire se dessina lorsqu'elle vit alors le jeune homme, qu'elle dévisagea de la tête aux pieds.
« Tu es vraiment très... "canon", c'est comme ça que ces crétins d'humains disent, n'est-ce pas ? »
Elle lui offrit un sourire taquin. Bien sûr qu'ils ne choisissaient par leurs enveloppes. Sinon, elle n'aurait pas choisi de ressembler à cette adolescente de dix-huit ans, faible & enfantine. Mais ça avait ses bons côtés.

De toute façon, il était le frère de Zeus, normal qu'il lui accorde tout de même un corps digne de ce nom. Elle, il la détestait. La voilà dans le corps d'une ado. Rien de plus simple, n'est-ce pas ?
« Ouais, je sais, un peu jeune. » cracha-t-elle, d'une voix acerbe.
Elle entoura son corps de ses bras aussi. Il la dépassait d'une bonne tête. Elle posa la main sous son T-shirt, sur son torse chaud & musclé, sans aucune gêne. Puis releva la tête avec un sourire.

Elle retira sa main, comme si elle venait de tâter un objet qu'elle allait acheter. Oui, elle le connaissait bien. Elle lui tira la langue.
« T'y es presque, c'est français aussi. Apolline. »
Sa voix s'était de nouveau faite acide. Elle se colla à lui, provocatrice.
« Et toi donc, mon cher ? »

Non, ce n'était pas pareil. Elle lui sourit, narquoise. Elle l'adorait aussi. Il valait mieux, en fait. Et puis, ils s'entendaient bien tout naturellement. Généralement, elle avait les mêmes buts, les mêmes envies destructrices que lui. Elle sentit qu'il lui mordillait l'oreille. Elle enfouit directement ses mains dans son pantalon, le fixant droit dans les yeux en se mettant sur la pointe des pieds pour venir effleurer ses lèvres. « Parfaitement. » Elle se détacha de lui d'un seul coup, histoire de bien le tenter. Ah, la tentation dans le corps humain, ils ne connaissaient pas.

Sous ses airs d'enfant, peu auraient compris qui elle était vraiment, et la sournoiserie qui l'habitait. Provocatrice. Manipulatrice. Ils se convenaient très bien. Elle était toujours de dos à lui et tourna simplement la tête sans le regarder pour autant, sans faire un pas vers lui.
« Peur ? Moi, peur ? » murmura-t-elle d'une voix à peine audible.
Elle souriait. La voix du Dieu était chaude et charismatique. Rien que ça suffisait à lui faire venir des frissons.

Elle ne put s'empêcher de tressaillir en sentant ses lèvres sur son épaule. Elle fit celle qui ne ressentait rien mais son faible corps d'humain la trahissait fortement. Elle fit soudain volte face, se retrouvant nez à nez avec lui.
« C'est justement ça qui est amusant. »
Elle avait murmuré ça doucement, encore une fois, caressant ses lèvres du bout des doigts en le fixant dans les yeux.

Elle ne s'y attendait pas, et cela la désarçonna. Dans ce corps, tout n'était que trahison. Tout n'était que faiblesse. Les pulsions étaient plus fortes que dans leurs enveloppes d'origine. Les émotions bien plus puissantes. Elle ne bougea pas pendant un instant puis alors, se reprit et se colla contre lui, glissant sa main dans sa nuque pour capturer ses lèvres à nouveau.

Alors qu'ils se livraient à un baiser des plus sulfureux, elle stoppa tout net en détachant ses lèvres des siennes. La fureur l'habita le temps d'une seconde puis retomba aussi vite. Imprévisible. Inaccessible. Que faisait-elle là dans les bras d'Hadès ? Mais en même temps, son corps en avait envie, il en avait besoin. Dieu qu'elle était faible dans cette enveloppe charnelle. Elle fixa son partenaire d'un regard impénétrable.
« Comment oserais-tu croire que je m'abaisserais à me soumettre ainsi, tu me connais bien pourtant, Hadès. Ce n'est pas un corps qui me dictera ma conduite. »
Et pourtant. Elle sentait cette chaleur irradier son corps et celui de Luckaël. En réalité, elle avait peur. Eris n'avait peur de rien, sinon que d'être incapable de garder le contrôle. En particulier sur elle-même. Elle méprisait les Humains. Et en être un la terrifiait. Logique, oui oui.

Elle l'observait d'un oeil méfiant. Ce n'était pas le genre d'Hadès de céder ainsi. Pas du tout même. Ses yeux chocolats le scrutaient tandis qu'elle fit un pas vers lui.
« Oui tu as raison. C'est comme je veux. Mais toi, que veux-tu ? »
Au fond, elle se demandait réellement que pouvait bien attendre d'elle le Dieu des Morts & des Enfers. Elle ne pouvait nier qu'il l'avait toujours fascinée & intimidée à la fois. Et là, elle trouvait peut-être le "privilège" de l'approcher de près. Il semblait qu'elle ne soit pas restée invisible à ses yeux, toutes ses années.

La méfiance est une arme, non ? Les armes d'Eris se comptent peut-être sur les doigts de la main, mais elles sont relativement puissantes. La méfiance. La manipulation. La comédie. Entre autres. Tiens donc, Hadès avait les mêmes, non ? Elle se rapprocha de lui, juste assez pour que leurs corps se frôlent sans se toucher vraiment, ancrant son regard dans celui du ténébreux maître des Enfers.
« Tu as raison, encore. »

Un test ? Et s'ils parvenaient aux limites, qu'adviendrait-il alors ? Mais c'est cela qui la dopait. L'adrénaline. L'inconnu. Le danger. Elle ne s'appellerait pas Eris si tout ça ne lui était pas familier. Elle eut un sourire carnassier & plaqua alors son corps directement contre celui du Dieu. Elle savait qu'après ça, il n'y aurait aucun retour possible. On n'approche jamais la mort d'aussi près qu'en approchant Hadès. Mais c'était un risque qu'elle voulait prendre. Elle laissa sa main courir sur le bras du jeune homme, son regard toujours plongé dans le sien.
« J'ai envie de connaître ce que ces pauvres humains connaissent. »
Déclara-t-elle, acceptant donc la danse avec le diable en personne. Ou presque.