Maxime piquait un somme sous un arbre, non loin de la rivière, totalement apaisé et détendu. Il comptait sur les chevaux pour l'avertir si un danger arrivait.

Maxime rêvait. Enfin, rêver était un bien trop beau mot pour ce qu'il se passait réellement dans sa tête ; les images qui le dévoraient rendaient chacun de ses repos difficiles. Pourtant, il n'en parlait à personne. De ce passé qui le hantait, de cette peur qui lui dévorait les entrailles. A qui en parler ? Ambre ? Artémis ? May ? N'importe qui d'autre ? C'était hors de question. Il avait mis des années à se créer une image, ce n'était pas pour tout réduire à néant d'un seul coup. Dans son cauchemar, quelqu'un le poursuivait. Et alors qu'une main s'abattait sur son épaule, quelque chose craqua. Maxime ouvrit les yeux en hurlant.

En entendant une voix, il sursauta violemment, se levant d'un seul coup. Instinctivement, sa main s'était porté au couteau qu'il portait à la ceinture. Il le rangea rapidement en voyant qu'il s'agissait d'une jolie demoiselle qu'il n'avait encore jamais vu. Il fronça les sourcils en la regardant, reprenant son souffle, un peu honteux de s'être fait surprendre en plein cauchemar. Il braqua ses incroyables yeux bleus sur elle, l'observant avant qu'un fin sourire vienne étirer ses lèvres. " Bonjour. Qui êtes-vous ? "

Elle lui répondit en bégayant. Etait-elle intimidée ? Timide de nature ? Ou bien, lui faisait-il de l'effet.. ? Il fallait que Maxime arrête de penser comme ça, ce qu'il se promit dès cet instant là, lui proposant plutôt un sourire chaleureux, tandis qu'il lui tendait la main. " Enchanté, Vitaly. Moi c'est Maxime. " Il la regardait fixement, et attendant qu'elle lui serre la main, murmura : " Tu ne dois pas être là depuis longtemps... "

Finalement, elle lui serra la main et il serra ses doigts froids entre les siens. Il finit par la lâcher, plongeant sa main dans sa poche ensuite. Il eut un sourire naturel et fin. " Je suis là depuis... " Il leva les yeux vers le ciel, réfléchissant. " ... presque deux mois et demi, je crois. C'est que les jours se confondent vite. "

Il remarquait sa gêne et lui sourit de nouveau pour la mettre à l'aise. " Ce n'est rien, je faisais un cauchemar ; considère que tu m'as sauvé. " lui dit-il avec un clin d'oeil. " De quel camp es-tu, au fait ? "

" Ah, les carreaux. " Il ne put s'empêcher de grimacer. Ambre, Matthieu.. quels merveilleux chefs. " Je suis des Trèfles. J'en suis le chef, en fait. " murmura-t-il, sans aucune fierté dans la voix pourtant. En la voyant s'asseoir, il s'assit aussi, les jambes en tailleurs comme un enfant.
Haha ! Oui je suis d'accord, il m'arrive souvent de buguer devant aussi...

En entendant la proposition, Maxime sourit. Il avait encore une âme d'enfant, relevant n'importe quel défi, capable de tout pour remporter un pari, un cap ou pas cap, alors, il n'allait quand même pas refuser... ! Même s'il n'était jamais monté à cheval, il y a un début à tout. " Marché conclus ! " Il se leva en lui tendant une main pour l'aider à se relever. " On gagne quoi si on y arrive le premier ? "

Il n'obtint qu'une petite réponse et ensuite, la jeune femme s'en alla vers les chevaux. Bien, alors, c'était chacun pour soi ! Il partit alors de son côté, réfléchissant à la meilleure façon de "gagner".

Maxime galérait de la même façon. Il ne pouvait pas tenter une approche sans que le troupeau ne se creuse à l'inverse pour le fuir. Désespéré, il mit ses poings sur ses hanches, observant à son tour Vitaly en lui souriant, amusé, levant les mains en l'air en signe d'impuissance.

En l'observant, il décida de la copier. ¬¬ Il arracha deux ou trois touffes d'herbe et s'approcha d'une jolie jument noire qui l'observait, à la fois curieuse et effrayée. " Tout doux, tout doux.. " murmura-t-il en lui parlant, comme Artémis le lui avait apprit. Il put caresser doucement la tête de la jument, le souffle court, ayant peur qu'elle ne s'enfuie.

Maxime la vit passer et ragea tout seul. Frustré, il profita que la jument noire ait donc l'attention détourner vers l'agitation pour lui bondir sur le dos avec maladresse. Sentant d'un coup l'homme sur son dos, elle lança une violente ruade ; et Maxime, n'ayant aucune expérience d'équitation, finit instantanément par terre, mais il riait.

Il ne bougea pas, s'asseyant simplement, se massant l'épaule et les fesses ; c'est que le sol n'était pas en mousse ! Mais il avait un grand sourire. " Oui bon c'est vrai, je te déclare gagnante de cette épreuve ! "