Je longeais les mûrs écroulés, le regard rivé sur les décombres. Il y avait donc eut un village ici...! J'entrais dans une maison où la porte était brisée et débouchais aussitôt sur ce qui semblait être une salle à manger. Je me dirigeais vers le comptoir encore debout et ouvrait vivement les tiroirs dans le but d'y trouver un large couteau. Il ne me fallut pas dix secondes avant d'ouvrir le bon tiroirs. Satisfait, je souris et sélectionnais l'arme la plus aiguisée.

Jayden est dans cette maison dont le temps ne lui a pas fait de cadeaux. Bizarrement, elle cherche. Mais quoi ? Elle-même l'ignore. C'est plutôt pour passer le temps, on peut dire. Pièce par pièce, elle finit par s'assoir, le dos collé au mur et a admiré la lame qu'elle s'est dénichée. Elle l'a fait tourner et l'observe. S'en servir pour en finir ? Telle est la question. Elle n'a pas encore vu l'inconnu qui venait d'entrer à son tour.

Je l'observais longuement, laissant glisser mes doigts dessus, mon regard bleu azur se reflétant dans l'acier. Admiratif devant celle ci, je fis volte face sans redresser la tête et me dirigeai à l'aveuglette vers la sortie, quand un mouvement me fit bondir. Rapidement, je décelais une ombre humaine adosser au mûr face à moi, dans l'obscurité, assise. Je repris mon souffle et m'approchais, voyant que la jeune femme avait l'air songeuse et perturbée.
« Ça va... ? »

Ne croyant pas qu'une personne arriverait, Jayden ne s'attend pas à ce qu'une voix déchire le silence installer depuis qu'elle est là, assise. Sa main s'agrippe à la lame et se fend suite à la pression forte qu'elle avait exercée dessus. Son regard s'est accroché à celui du jeune homme positionné à seulement une distance de quelques pas. Le sang coule et une vive douleur ne tarde pas à se faire sentir provenant de la paume de sa main. Elle décolle son regard de l'inconnu qui venait de la troubler pour observer le filet de sang s'écoulant et sa main meurtrie, incrédule. Elle lâche d'un coup le couteau sale de rouge qui tombe lourdement sur le sol, le bruit du choc s'éternise par un écho entre les quatre murs de la pièce. Elle demeure silencieuse face à cette scène et étrangement, elle ne bouge pas comme si ce qui lui est arrivé ne l'importe guère.

Je vis son regard se redresser et la paume de sa main s'entre ouvrir rapidement pour lâcher le couteau ensanglanté. Aussitôt, je le ramassai pour l'écarter et, me sentant horriblement coupable de l'incident, observais la plaie profonde et sanguinolente de la brune, incrédule. Finalement, je détournai le regard de celle ci pour scruter les alentours, ne sachant que faire ni quoi chercher. De l'eau croupissait dans un seau sale, vieille de des années sans doute, et quelques mètres plus loin, des vieux torchons poussiereux et rongés par les mites étaient suspendus sur un crochet rouillé. J'entre pris alors d'ôter ma veste en cuir, puis ma dernière épaisseur, un vieux t-shirt gris, me retrouvant alors torse nu et me mit genoux à terre sans mot dire, attrapant fermement la main de la blessée sans lui laisser le choix pour éponger le sang qui en découlait, venant tâcher à vie le parquet moisit.

Jayden ne bouge pas. Elle paraît tétaniser devant le sang qui macule la scène. Ce n'est pas la première fois qu'elle en voie, pourtant elle n'ose plus rien faire. Seuls, ses yeux bleus suivent les mouvements de l'inconnu qui s'actionne à essayer de stopper la traînée de sang. Elle aurait voulu lui crier de déguerpir, de la laisser en paix et en proie à ses démons qui tournent en permanence autour d'elle. Mais sa gorge ne prend pas le courage d'articuler ces mots. Elle est instable, faible d'esprit, mais elle laisse une expression indifférente sur son visage alors que sa main lui pique vivement. Elle se retient de tordre une grimace sur ses lèvres, une grimace due à la souffrance, elle se doit de paraître forte. Elle retrouve ses moyens. Jayden retire sa main blessée et fronce ses sourcils vers l'inconnu.

Finalement, c'est un regard sévère qui se mit à peser sur mes épaules. Gêné et mal à l'aise, d'une voix rauque et faible, je soufflais ; « Je... Désolé. » Je laissais le t-shirt souillé à la brune et me redressais pour me reculer, l'observer un instant et finalement faire volte face pour retourner à ce que je faisais quelques minutes plus tôt. Elle n'avait pas l'air très amicale, ce qui était compréhensible vu l'incident qui venait de se produire. J'échappais un soupire, lassé de cette putin d'île de merde, inspectait la salle.

Elle regarde sa main dont le sang commence s'accumuler près de sa blessures, commençant à former une croute. Pourquoi s'excuse-t-il ? Cette entaille n'en ait pas sa faute, juste l'inconscience de Jayden qui la pousse à des actes irrationnels. Elle s'en aurait fait une. Peut-être pas à la main car ce n'est pas ce qu'elle voulait toucher comme partie, mais elle aurait fini par se mutiler. Juste l'inconnu l'a surprise, faisant capoter sa pensée primaire.
Jayden décide de se relever- l'autre était déjà reparti à sa tâche précédente, s'aidant avec sa main valide pour se redresser sur ses deux jambes. Elle s'avance vers l'inconnu et lui tapote sur l'épaule. Elle pose son regard dans les siens et lui montre le tee-shirt. « Allons le nettoyer. » Dans son regard, elle le remercie de lui avoir prêté son vêtement qui sur cette île est un bien aussi précieux, surtout quand les nuits sont froides.

Je sentis une froide tapoter mon épaule et me retournait, suivant du regard ce que celle ci m'indiquait. J'entre ouvris la bouche pour acquiescer mais finalement demandait ; « Ok mais où ? » Je n'attendis pas sa réponse pour ramasser ma veste en cuire que j'avais laissée à terre et l'enfilait rapidement. Le soleil dehors déclinait lentement derrière l'horizon, et les cours d'eaux que j'avais croisé jusque là était trop éloigné du village pour que l'on y parvienne avant la tomber de la nuit. À moins de se déplacer dans l'obscurité, il allait falloir patienter jusqu'au lendemain. Mon regard se détourna du sol et vint se focaliser sur la brune, attendant une réponse de sa par.

Elle n'a pas repéré les cours d'eau des alentours donc elle n'est pas plus avancée que le brun. Elle le fixe dans son regard, attendant une manifestation de sa part devant le mutisme qu'elle éprouve qui traduit bien le fait qu'elle ne peut pas donner de réponse puisqu'elle n'en sait rien.

Voyant que la réponse ne venait pas, je réfléchis rapidement avant de lâcher bêtement ; « Ouais bon baah... Tan pis. Dans 2 mois on sera tous à poil de toute façon, ou aux meilleurs des cas, morts. Et il était vieux. » Je n'osais pas récupérer le bout de tissu et restait donc face à elle, ne quittant pas son regard cyan.

« On ne sait pas ce que l'avenir nous réserve. », dit-elle en sortant de son mutisme. Elle le fixe longuement, noyant son regard dans les yeux bleus du type. « Et il peut être utile pour quelque chose d'autre. », elle lâche en détournant les yeux vers le vieux tissu. À quoi ? Pas grand chose... son sort est donc fixé. Elle souffle avant de tituber vers une fenêtre et observer le ciel. Deux heures avant la nuit ? C'est plus sûr de rester jusqu'à l'aube ici. Elle se retourne vers l'inconnu. On peut rêver pire en compagnie.

Certes, mais je n'attendais rien de cette île à part la mort. Si nous étions ici, c'était volontaire, et personne ne comptaient venir nous chercher. Nous avions presque tous été élevés au sain d'une société dépendante de la technologie et des inventions nouvelles, et du jour au lendemain, nous devions apprendre à nous nourrir, à nous abriter et nous protéger à mains nues. Je la regardais ce détourner de moi pour regagner l'une des fenêtres où la vitre était souillées par les années, avant de suggérer ; « Peut être ferions nous mieux de rester ici pour la nuit? »

Elle a eu le temps de se retourner vers la vitre pour contempler l'extérieur sali par la souillure de la fenêtre. Les mots de l'inconnu la font sortir de l'Univers dont elle s'était plongée depuis un bref instant. Elle décide de s'éloigner de la vitre et de se retourner à nouveau vers l'autre. Elle se dirige naturellement vers lui et lui fait un sourire enjôleur en levant le regard cherchant le sien. « Avec plaisir. »

Elle revint vers moi, affichant une sourire enjôleur, presque envoutant. Je détournais rapidement mon regard du sien et bafouillais minablement ; « B, B...Bien. Je monte voir ce qu'il y à l'étage. » Aussitôt, je m'exécutais et me dirigeai vers l'escalier. Dés que je portais mon poids sur la première marche, un grincement strident retenti dans la vieille bicoque. Surpris, je levais les sourcils sans pour autant m'arrêter.

Son sourire s'amplifie quand elle aperçoit l'effet que cela produit sur le comportement de l'inconnu. Elle le laisse aller à l'étage. Son cœur se serre quand elle entend les marches crier d'un grincement strident et désagréable. Elle secoue sa tête avant de se diriger vers l'escalier. L'autre avait déjà parcouru la moitié des escaliers. Elle pousse un soupir avant de finir par s'assoir et attendre un quelconque signal. Elle se met à inspecter sa main meurtrie. La plaie s'est refermée grâce au sang qui avait séché.

Je parvins finalement en haut des marches, débouchant sur un long couloir sombre. Après courte hésitation, je me dirigeai vers la droite et m'adossais au mûr pour pousser un long soupir. Boulet...! Je fermais les yeux quelques instants avant de les rouvrir et d'entre ouvrir la première porte qui grinça au moin aussi fort que les marches de l'escalier. À première vu, cette pièce avait tout de banal, mais était aveugle. Aucune source de lumière ne venait l'éclairer hors mit la porte qui était restée fermée depuis un certain temps... La lumière se propagea rapidement dans la pièce, laissant apparaître des marques de sangs noircies sur le sol et le bas du mûr. Surpris, je restais figé et observais la scène avec stupeur. Il c'était passé quelque chose ici, et personne ne pouvait le nier...

Après avoir reprit mes esprits, je fis demi tour et quittait le lieu du crime, ne prenant pas la peine de fermer la porte, et passais une tête à chacune des pièces qui suivit, c'est à dire 4. Elles étaient toutes dans le même état, vides et tachées.

Elle entend des portes crisser mais elle n'est pas moins curieuse pour aller rejoindre l'autre et découvrir ce qu'il se cache derrière celles-ci. Elle reste toujours là, assise contre le mur, à proximité de la première marche des escaliers. Son regard observe en haut, il guette.

Finalement, je redescendis rapidement pour me joindre à la brune. « Les pièces sont totalement vides, je m'attendais à y voir... quelque chose d'utile. Et au faîte, je suis Warren. » déclairai-je tout en me souvenant que je ne connaissais pas son nom. La température se radoucissait déjà, et un frisson me parcourût le dos.

Jayden le suit en train de descendre les escaliers. C'est bon, il a l'air de revenir intact de son expédition. Toujours assise, elle ne se relève pas mais maintient son regard braqué sur lui. Comme par hasard, elle le sentait qu'il n'allait y avoir rien d'intéressant au premier étage. « Rylee. Mais on m'appelle le plus souvent Jayden. », elle fait après qu'il ait donné son prénom. Elle sourit aussi.

Je me mit à ses côtés, le long du mûr, mais préférait rester debout. Ses deux noms étaient charmants, mais pour montrer que je n'étais pas comme tout le monde, je cru bon d'utiliser le premier. « Rylee... » Pronncai-je en chuchotant pour le retenir. J'eu le reflex de tater mes poches pour voir si j'avais là une paquet de cigarette et bougonnai en me remémorant que je n'avais rien. Faux. J'avais quelque chose dans la poche droite. Aussitôt, je laissais glisser ma main à l'intérieur pour en ressortir avec déceptions des vieux cailloux. Humf.

Elle soupire. Warren peut l'appeler comme il le désire, même si le prénom qu'il a choisi est celui dont sa famille se sert. Elle n'est pas submergée par les souvenirs de cette dernière, elle s'en fiche d'eux par ailleurs. Sa mère l'a déçue, son père également. Et son frère ? On peut dire que c'est le seul qui aurait pu la manquer sur cette île, mais elle a appris depuis maintenant deux années à vivre sans lui.
Elle observe le jeune homme qui ne semble pas vouloir s'assoir. Tant pis pour lui, Jayden ne se lèvera pas. Elle est bien installée ici et puis ses jambes n'accepteront pas le fait qu'elle se relève. Elles ont besoin de repos. La brune regarde ses doigts qu'elle fait craquer sous la pression de chacune de ses mains. Elle soulève ses yeux bleus sur Warren et l'observe, regardant de vulgaires pierres avec une émotion de déception éclairant son visage.
« Je suppose que tu n'as pas de cigarettes ? » Elle n'est pas dotée d'un don de voyance, loin de là. Mais on peut dire que c'est prévisible. Elle souffle et étire ses jambes devant elle pour se mettre plus à l'aise, même si la dureté de son soutien n'est pas vraiment d'un confort qu'on aimerait, elle est bien assise. Elle tapote en suite ses poches, mais elle n'en retire rien d'intéressant. De toute façon, elle les aurait déjà fumées depuis longtemps.

Je les gardais cependant dans la main, les faisant glisser entre mes doigts inutilement. « Non... Soupirai-je. Malheureusement. Je restais immobile quelques secondes avant de me remettre droit et de faire quelques pas en direction du comptoir rongé par les termites, ne tenant pas en place. T'es sur l'île depuis combien de temps ? » Je revins dans sa direction, plongeant mon regard dans le sien. À quoi cela allait-il m'avancé? À rien.

Puis elle se met à réfléchir au temps que cela fait sur cette île. On peut dire que depuis, les jours se ressemblent et on perd facilement ses repères quand on n'a pas la montre qui sonne à une certaine heure pour rappeler qu'il faut se réveiller ou prendre quelque chose en particulier. Elle l'observe, l'air embarrassé par la question qu'il venait de lui poser car elle n'a aucune vraie réponse à lui transmettre. « Je ne sais pas.. quelques semaines. » Ou plus, peut-être.
Elle commence à toucher ses côtes saillantes. Déjà qu'elle se trouvait maigre, là c'est le comble. Elle soupire et remarque que la faim la tiraille. Elle décide de se lever, croyant que cette position l'aidera à ne plus sentir son ventre gronder famine. « Et toi ? », elle parvient à dissimuler dans sa gorge sèche. Elle s'avance vers le comptoir, se posant aux côtés de Warren. Elle pose son regard sur lui, elle attend une quelconque réponse malgré le fait qu'elle sait que celle-ci ne se différenciera pas de la sienne.

« Je.. Pff je sais plus. J'ai l'impression que cela fait une éternité. » Soupirai-je en évitant de croiser le regard de la brunette pour poser le mien sur les poutres apparentes de la vieille longère. Les toiles d'araignées s'y étaient logées, ce qui accentuait le côté lugubre du lieu délabré. Finalement, je me laissais glisser pour m'assoir et poser ma tête contre le comptoir, silencieux, ne sachant qu'ajouter.