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Le prochain chapitre devrait arriver bientôt...

♣ CHAPITRE CINQ


L’aéroport de Genève, Jules le connaissait un peu. Souvent, quand il devait partir dans un pays éloigné, il prenait l’avion ici même. C’est donc sans hésitation qu’il les dirigea, Samuel et lui, vers leur porte d’embarquement. Mais ils avaient une petite demi-heure d'avance, et alors, Jules proposa à son « frère » (c’était ce qu’ils avaient finalement convenu) d’aller prendre un rafraichissement.
Il s’arrêta devant l’écran des départs ; aucun retard pour le moment. Satisfait, il se dirigea vers la petite brasserie en relevant les yeux pour voir où il marchait. C’est là qu’il rentra dans une jeune femme.
Elle trébucha, surprise, et Jules dut la retenir pour ne pas qu’elle tombe. Elle se dégagea doucement, sans doute par fierté ou par gêne, relevant les yeux vers lui.
« - Oh, je… je suis confuse, je ne regardais pas où…
- Ne dîtes pas n’importe quoi, la coupa-t-il, c’est moi qui ne regardais pas où j’allais. Vous n’avez rien ?
- Non, merci. », dit-elle en secouant la tête.
Elle lui sourit alors, se détendant, et Jules fit de même. Il vit, un peu plus loin, Samuel attablé qui l’attendait, le regard insistant. Le brun se racla la gorge.
« - Pour me faire pardonner, je vous offre un verre ? »


« - Donc vous venez d'Écosse, c'est bien ça ? »
La jeune femme en face de lui hocha la tête, le nez dans son verre de Perrier à la menthe. A sa gauche, Samuel avait les bras croisés sur sa poitrine, foudroyant du regard son nouveau mentor sans relâche. Jules l'ignorait, sachant très bien qu'il détestait toute autre présence humaine. C'est qu'il était souvent de mauvaise humeur, le gamin.
La femme fronça soudain les sourcils.
« - Mais... comment le savez-vous ? Je croyais vous l'avoir dit, mais en repassant notre discussion, nous nous sommes juste présentés, et je ne me souviens pas avoir dit d'où je venais, ni où j'allais, et... et même si je suis plutôt tête en l'air,... »
Elle cessa de parler, détournant le regard, se rendant compte qu'elle parlait trop. Sans doute une manie dû à la nervosité. Jules remarquait tout. Il était habitué à tout détailler. Tout décrypter. C'était une seconde nature chez lui. Il se rendit compte qu'il agissait avec cette jeune femme, appelée Savannah, comme avec une cible. Cela le surpris. Il se pencha en avant, et sur le ton de la confidence, murmura doucement en pointant du doigt le passeport posé sur la table :
« - C'est inscrit en gros sur vos papiers. »
Elle vérifia d'un rapide coup d'œil puis sourit, soupirant en secouant la tête.
« - Comme je peux être bête, parfois.
- Mieux vaut être méfiant, vous auriez pu tomber sur un tueur en série ou un psychopathe ! » lança Jules en riant.
Cela lui valut un nouveau regard hostile de Samuel. Pour ses douze ans, le jeune garçon était déjà grand et baraqué. Sous son pull en laine qui ressemblait à un vêtement offert par une grand-mère de famille, ses bras cachaient des muscles naissants déjà impressionnants. A croire que Jonathan avait bien entraîné son apprenti.
« Les passagers à destination de Glasgow sont priés de se présenter porte A5, munis de leur pièce d'identité et de leur carte d'embarquation, merci. Les passagers à destination de... »
A la grande surprise de Savannah, Jules se leva, rassemblant son écharpe et ses gants en les fourrant dans une poche. Il fronça les sourcils en voyant la jeune femme le regarder ainsi.
« - Vous... vous prenez aussi cet avion ? demanda-t-elle, curieuse.
- Oui, en effet. »
Ils se dirigent donc tous ensemble vers l'embarquement. Leur avion était grand et Jules observa Savannah se crisper en le voyant. Il nota également que Samuel était tendu.
« - Tu n'as jamais pris l'avion ?
- Non.
- Tu verras, c'est chouette. »
Peu convaincu, le gamin haussa les épaules et s'engouffra dans l'appareil, prenant la première place près du hublot. Jules s'installa à côté de lui et invita la jeune femme à s'asseoir avec eux. Il entendit son apprenti grogner.
« - C'est... ? commença-t-elle en désignant Sam du menton.
- Mon frère.
- Je vois. Pourquoi allez-vous en Écosse, vous ? »
Il raconta qu'ils avaient de la famille à voir du côté de leur père. Suite à l'échange, elle, raconta qu'elle rentrait chez elle retrouver son fiancé. Ils parlèrent tout le temps du vol qui passa à une vitesse folle. Vers la fin, elle s'excusa et fatiguée, s'endormit.
Jules l'observait toujours. Elle avait de fins cheveux blonds qui se divisaient en mèches s'éparpillant un peu partout, retenus par une baguette chinoise, lui donnant l'air d'une jeune étudiante bohème. Elle avait le visage d'une douce enfant, mais avec la détermination d'une femme et cela l'attendrissait. Il la réveilla juste avant l'atterrissage et elle l'en remercia. Ils descendirent les derniers de l'appareil et furent accueillis par une petite pluie qui fouettait les vitres. Tandis qu'ils marchaient dans les couloirs du toboggan menant à l'aéroport, complètement seuls, Samuel tira Jules à l'écart de la jeune femme avec qui il était en train de rire.
« - Non mais à quoi tu joues ?
- Hé, qu'est-ce qu'il te prend ?
- T'as oublié les règles ou quoi ? Aucun attachement, on parle à personne, on va faire notre mission, et on revient illico-presto !
- Dis, petit, le mentor c'est moi ici, donc je doute que ce soit à toi de me donner des leçons, d'acc' ? »
Et tandis que Sam allait riposter, le téléphone de Savannah sonna. Jules se tut alors, foudroyant son apprenti du regard.
« - Allô, Maëlys ? Que se passe-t-il ? »
Il y eut un silence bref puis Savannah fronça les sourcils.
« - Un danger ? Comment ça je suis en danger ? »
Nullement préoccupé par le coup de fil, Samuel attrapa la manche de Jules en repartant dans sa dispute.
« - Déjà, je ne suis pas vraiment ton appr...
- T'as rien entendu ou quoi ? lança Jules en le coupant sévèrement. Elle vient de parler de Maëlys, elle la connait !
- Comment... comment sais-tu qu'il ne s'agit pas d'une autre Maëlys ?
- T'as souvent croisé ce prénom, toi ? Moi pas. Au mieux, ça nous facilite la tâche. Au pire, ce n'est pas elle et on s'en rendra vite compte. Et puis...
- Non, lâchez-moi ! Hé ! »
Les cris coupèrent le Traqueur dans son explication. Deux hommes en noir encadraient Savannah et un troisième tentait de la faire avancer. Interloqué, Jules s'avança.
« - Excusez-moi, que se passe-t-il ?
- Jules, ces hommes veulent que je les suive mais ils refusent de me dire pourquoi... !
- Allons messieurs, qui êtes-vous ? »
C'est là que l'un d'eux se tourna vers le jeune homme, le dévisageant avec une moue partagée entre surprise et consternation. Jules sentit ses poils se dresser sur ses bras et un long frisson l'ébranler. Il se noya dans le regard sombre et vide de l'homme en face de lui. Avala nerveusement sa salive.
On lui avait parlé de ces hommes.
Les agents de l'IAE. Il n'y avait que deux organisations secrètes connaissant l'existence des Traqueurs. La CIA, pour les Etats-Unis, et ses dérivés dans chaque pays – comme la DGSE en France. Et l'IAE. L'Institution d'Anti-Espion. Une Institution où les membres étaient entraînés, comme les Traqueurs, mais pas depuis l'enfance, car cela n'était pas légal. La CIA faisait parfois appel aux Traqueurs. L'IAE, elle, envoyait des agents destinés à éliminer les Traqueurs, car ils étaient la base la plus solide de la CIA. Et ce que voulait l'IAE, c'était réduire à néant les méthodes de défense les plus sophistiquées mises en place pour prendre le pouvoir facilement. Le Chef parlait peu de toutes ces organisations, pensant sans doute qu'elles embrouilleraient plus que nécessaires les esprits de ses ''soldats''. Mais ils avaient tous déjà une fois entendu parler d'eux.

L'homme le regardait toujours avec ce mélange d'incompréhension. Qu'est-ce que ce type faisait là à se mettre entre eux et leurs ordres ? Jules détourna le regard une seconde pour le fixer sur son apprenti, qui s'était lui aussi figé avec stupeur. Samuel remonta ses yeux vers Jules. Compris le message. Et soudain, se mit à courir jusqu'à l'autre bout du couloir.
Jules ne put s'empêcher de penser que ce Jonathan avait fait un travail remarquable avec ce gamin. Il était rapide et ne faisait pourtant presque pas de bruit. Efficace, simple, et direct.
Passé le moment de surprise, l'un des agents cria :
« - Attrapez-le ! »
Mais c'était trop tard. Sam avait atteint ce qu'il espérait : l'interrupteur.
Jules se prépara alors et quand il vit la tête d'un des agents se tourner vers lui avec intensité, il sut que ces hommes avaient compris. Peu se serviraient de l'absence de lumière comme une arme. Alors qu'il ouvrait la bouche pour lancer un nouvel ordre, que Savannah s'exclamait avec surprise que quelque chose n'allait pas, et que Jules attendait avec patience que son apprenti agisse, Samuel appuya sur le bouton.
Et le noir se fit.

Savannah n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait. Elle sentit qu'on lui lâchait le bras ; la voilà libre ! Mais très vite, quelqu'un lui attrapa de nouveau les épaules, la forçant à avancer. Elle entendit des bruits de coups et se débattit alors férocement. Pendant que Jules se battait certainement contre deux des hommes, le troisième l'emmenait ! Il fallait qu'elle se libère, d'un moyen ou d'un autre.
Elle lança alors un puissant coup de pied dans les jambes derrière-elle et entendit un étouffement, suivi d'un :
« - Hé, mais ça va pas la tête ?! » à la voix... enfantine.
Une porte s'ouvrit devant eux et elle déboula directement dans la rue – sûrement une porte derrière l'aéroport, même si elle doutait qu'elle ait le droit de sortir par là. La lumière du jour aveugla la jeune femme qui se couvrit les yeux avec ses mains, tandis qu'on lui lâchait les épaules. Elle réagit au quart de tour, se retourna pour claquer la porte qu'elle venait de franchir pour emprisonner son assaillant de l'autre côté. Mais un coup puissant bloqua ladite porte, qui, malgré le poids qu'elle y mettait, s'ouvrit assez pour y laisser passer... Jules. Elle recula, surprise, tandis qu'il sortait avec un sourire téméraire. Se faufila ensuite son jeune frère, qui maugréait. Il la foudroya du regard.
« - La prochaine fois, les coups de pieds, t'évite !
- Hé, calme-toi Sam, elle savait pas que c'était toi qui la guidait dehors.
- C'était.. t-toi ? Mais.. les hommes en noir, ils...
- Ils ne sont plus là ne t'en fais pas, tout va bien, la rassura Jules.
- Comment ça ils ne sont plus là ? demanda-t-elle, une expression d'effroi prenant place sur son visage. T-tu les a... tué ? »
Sa voix se brisa sur le dernier mot, ce qui empêcha Jules de répondre. Non, il ne les avait pas tué. Ils étaient juste inconscients, mais tenter de lui expliquer le pourquoi du comment relèverait de l'impossible alors il se tut, se contentant de secouer la tête en la fixant.
« - Calme-toi, Savannah, tout va bien. Tu es en sécurité maintenant, d'accord ? Plus personne ne te veux du mal.
- Ah pourquoi, ils me voulaient du mal ? Et si c'était toi, enfin vous, qui me vouliez du mal ?
- Non ! Ces hommes ne sont pas des gens à fréquenter, et...
- C'est bon, j'en ai assez vu et entendu. Je sais même pas qui vous êtes, non mais quelle idiote je fais. J-Je vais m'en aller, et... et c'est tout, d'accord ? »
Ni Jules ni Samuel ne répondit. Le jeune homme tenta une approche en faisant un pas, une main vers elle, mais elle le repoussa avec brusquerie.
« - Va t'en ! Laissez-moi tranquille. Et ne vous avisez pas de me suivre où j'appelle la police... »
Sur ce, elle leur jeta un dernier regard et finalement, remit son sac correctement sur son épaule, réajusta sa franche blonde qui lui barrait les yeux, et tourna les talons, s'éloignant d'un pas rapide et nerveux.
Jules soupira. Son apprenti se posta à son niveau, suivant des yeux la silhouette de Savannah qui s'éloignait petit à petit dans la rue, et leva enfin les yeux vers son mentor. Il s'était calmé, et ne tenait plus compte du bleu qu'il avait maintenant au genoux.
« - Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? » demanda-t-il alors.
Jules lâcha un nouveau soupir, sans détourner son regard du lointain où elle disparaissait. Il haussa les épaules, d'un air presque las.
« - Eh bien on la suit. »

HAN. Si tu savais comme ça me touche ce que tu dis ! J'y tiens beaucoup, j'y passe du temps, à imaginer une suite, à faire des liens, tout ça & là ça m'est venu d'un coup, j'avais besoin d'écrire la suite... et ... et voir que ça plait ça me rend vraiment vraiment heureuse !!! Alors merci !
Han ça serait un honneur, un rêve, pour moi de pouvoir l'éditer un jour.

Je vous annonce que.. vous ne verrez jamais de suite à cette histoire.
Hier soir, j'ai vu un film. "Wanted".
J'ai eu l'impression de voir le film de quelqu'un qui aurait adapté mon écrit. C'était troublant. J'ai donc du voir ce film il y a longtemps (si longtemps que je ne m'en souviens absolument pas) parce que le principe est exactement le même. Ca ne s'appelle pas l'Institution mais la Confrérie. Ils ont des cibles. Seulement d'autres tueurs. Bref, c'est exactement ça et ça m'a blasée à un point inimaginable. Pourquoi ? Parce que donc, ça signifie que si un jour j'arrive à terme de l'histoire de Jules, je ne pourrais pas le publier sous risque de plagiat.

Donc l'histoire de Jules s'arrête ici. J'en suis triste, j'avais plein d'idées, etc...
Du coup, j'y ai pensé une bonne partie de la nuit. Et une idée a germé dans ma tête pour un autre écrit. Alors, qui sait, peut-être dans quelques temps vous aurez un nouveau départ littéraire, mais l'histoire de Jules est bel et bien finie.

Si.
J'ai l'impression de faire le deuil d'une partie de moi-même.

Si ...
Mais j'ai commencé autre chose, un petit début, tout à l'heure.