William. Ils ont décidé de m'appeler William. Quelle originalité franchement. Tous les gosses de riches s'appellent William, et ce n'est pas moi qui vais échapper à la règle. Ca craint William, bordel. Ca fait trop " as-tu vérifié les statistiques de la bourse de ce mois-ci William ? " Quelle classe, merci papa et maman. Enfin, je vais pas les insulter ces pauvres gens, pauvres petits bourges qu'ils sont. Ils voulaient un garçon sage, bien coiffé, qui deviendrai le futur dirigeant de leur entreprise de cosmétiques. À la place, ils m'ont eu. Moi, Will, né en mars il y a déjà vingt ans. J'ai passé plus de dix ans de ma vie à suivre les règles des mes chers parents, à bien me tenir à table, à ramener des A++ à la maison. Je crois que j'ai commencé à régressé à mon adolescence. Ils n'ont rien vu venir, c'était ça le plus marrant. Je ne sais pas ce qui a fait que je suis devenu totalement différent, peut-être que j'ai enfin compris que je n'étais pas comme eux. J'avais le don pour me mettre tout le monde à dos, au lieu de ramener des beaux points je revenais à la maison avec un oeil au beurre noir, mes notes chutaient de plus en plus. Je prenais plaisir à voir le visage complètement décomposé de mes parents, trop serrés dans leurs habits du dimanches. Tendus comme un string, je vous assure. Tout comme l'ambiance qui régnait entre eux et moi. Les punitions tombaient, les claques volaient, je ne comptais plus le nombre de fois où j'avais du faire le mur pour aller à des soirées parce qu'ils m'avaient interdit de sortir. J'étais devenu un bon à rien, je voulais plus rien faire de ma vie. Je n'avais pas de potes, juste des gens qui me respectaient. Je m'en fichais. J'ai commencé la guitare à quinze ans parce que mes parents voulaient que je fasse du piano et j'ai rapidement accroché. J'étais doué en quelque chose, ça me changeait. Durant l'année de mes seize ans, j'ai changé trois fois de lycée à cause de mon comportement. Fini le lycée privé, à moi le public. C'est à partir de ce moment que les meilleurs moments de ma vie ont commencé à se succéder. Fêtes tous les vendredis soirs ( sans l'accord de mes parents bien sûr ), drogues sous toutes les formes, de l'alcool et des filles, beaucoup de filles. J'étais un vrai tombeur, le genre de connard qui prend une fille pour la nuit puis qui l'abandonne le lendemain matin. Un soir, je l'ai vue. Dans toute les histoires que racontent les mecs sur leur vie, il y a une fille. Ma fille, c'était elle. Elle n'avait pas de prénom, enfin peut-être me l'avait-elle dit mais je devais être trop bourré pour l'avoir compris. Elle était différente, elle était plus belle, plus drôle, plus gentille, plus intéressante que toutes les autres. Et quand elle m'a embrassé ce soir-là c'était mieux que la coke, mieux que l'alcool, mieux que la marijuana, mieux que l'héroïne, mieux que tout. C'était elle. Ca a duré une nuit, douze heures. Juste ça. Ca a suffit à réveiller quelque chose en moi. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'elle m'a changé, mais j'ai l'impression que cette nuit-là, lorsqu'elle est partie, une part de moi s'en est allée avec elle. Les mois passaient et je ne l'ai plus jamais revue. J'avais moins envie de faire la fête, je ne fumais plus que quelques joins par semaine et j'ai arrêté de sauter sur toutes les filles que je trouvais. Ma mère pensait que je devenais enfin sage. Laissez-moi rire, jamais je ne serai devenu celui qu'elle voulait que je sois ! Ce n'était qu'une mauvaise passe. J'ai emménagé dans mon propre appart à mes dix-huit ans, loin de mes parents. Ca m'a rendu légèrement plus mature, mais pas au point de faire la vaisselle tous les soirs. La veille de mes vingt ans, j'appris que ma mère venait de mourir d'un cancer. Ca m'a fait mal au coeur car même si cette femme était tout mon opposé, elle restait ma mère. Je ne suis pas allé à l'enterrement. À la place, j'ai prit le bateau pour aller vivre en France. J'avais envie de repartir à zéro, de laisser mon passé de délinquant derrière moi et de ne pas décevoir ma mère plus longtemps.