« Il était un p'tit homme, appelé Guilleri Carabi. Il s'en fut à la chasse, à la chasse aux perdrix … » Cette comptine ne voulait pas quitter ma tête et mon esprit. C'était la dernière qu'avait chanté Eliott. Il avait vu les Choristes et s'était évertué à apprendre toutes les chansons du film. Il me faisait tourner en bourrique. D'autant plus que Abigail avait rapidement imité son cousin et avec Océane, on était rapidement devenus fous. Mais maintenant, je donnerai tout pour entendre tout cela. Pour avoir mal à la tête, pour être fatigué après une bonne journée de boulot. Tout. Tout pour revoir mon fils. Pour m'échapper d'ici. J'errais depuis un jour seulement. Mais je n'avais déjà plus qu'une envie. M'enfuir. Retourner là d'où je viens. Retrouver mon fils. C'est la tête pleine de sombre pensée que j'arrivais dans une grande plaine. Le paysage aurait pu ressembler à une carte postale. Si je n'avais pas ruminé mes pensées. Un chouya désespéré, je m'arrêtais subitement, me prenais la tête dans les mains et abattu, je me laissais choir par terre, soupirant un grand coup. Réfléchir, réfléchir. Quoi faire bon sang ?

Sifflotant les mains dans les poches de sa jupe, Artémis essayait de faire le point dans sa tête des évènements passés sur l'île depuis son arrivée. Cela passait de sa nomination de chef, à la révélation d'Erwan ou encore les retrouvailles avec sa soeur. Enfin bref, ces quatre derniers mois n'avaient pas été de tout repos. Pourtant, elle ne regrettait pas tellement sa vie d'avant. Certes son frère lui manquait mais elle le savait entre de bonnes mains. Ici, elle s'était reconstruit une vie. Et pour la première fois depuis des années, elle pouvait dire qu'elle était heureuse.

Heureux ? S'il y en avait bien un qui n'était pas heureux ici, c'était bien moi. Deux jorus que j'errais sans but sur cette fichue île. Bon sang elle ne m'avait pas parru aussi grande le soir du débarquement ! Enervé, je tapais des poings dans l'herbe. Deux jours que je tournais en rond pour finir échoué ici, le cul dans l'herbe et quasi en train de pleurer comme un enfant. Mais ça ne pouvait pas se finir ainsi. La part militaire que j'avais ancrée en moi reprit peu à peu le dessus. Et je devins plus pragmatique. Bon, il devait y avoir d'autre personne coincées avec moi, je ne pouvais pas être le seul. Peut-être avaient-ils un moyen de nous faire quitter cette foutue île ? Et d'ailleurs à quoi pensaient ces cons de commandants en nous jettant ici ? Quel était l'intérêt ? Etions nous juste de gros dindons de la farce en train de vivre une énorme caméra cachée ? J'étais quasi sur le poitn d'hurler que je voulais qu'on vienne me chercher et que cette mascarade cesse lorsqu'un sifflement se fit entendre. Je sautais sur mes pieds et faisais un tour d'horizon jusqu'à appercevoir la silhouette d'une jeune femme. Par pitié faîtes que ce ne soit pas un mirage ! Courant vers elle, je l'appelais pour être sûr qu'elle ne s'évanouisse pas dans la nature, me laissant seul et à moitié fou. Arrivé à sa hauteur, je pilais net et lui barrais le passage. Elle n'irait nul part tant que je n'aurai pas des réponses. Me montrant un peu plus violent que je ne le voulais (oui oui deux jours sans voir personne ça vous fait oublier la politesse), j'inspirais un grand coup avant d'entamer la conversation, d'une voix plus douce et tranquille. « S'il vous plait, dîtes moi que vous comprenez ce qui se passe ici ... » Désespéré ? Si peu si peu ...

En même temps, heureuse était un bien grand mot. En fait, elle ne savait pas vraiment ce que cela signifiait. Elle avait tellement souffert pendant les vingt première années de sa vie qu'elle n'avait jamais vraiment ressentit cette sensation. Etait-ce tout simplement de l'ivresse passagère ou vraiment du bonheur. Telle était la question. Elle soupira. De toute manière, elle ne le saurait peut être jamais. Alors qu'elle s'apprêtait à s'asseoir près d'un arbre, elle vit une silhouette se dessiner au loin. Elle se rapprocha de plus en plus jusqu'à ce qu'un homme vienne lui barrer le passage. Elle eut un mouvement de recul. Après quelques secondes d'étonnement, elle se concentra sur sa question. Il faut dire qu'il avait l'air paniqué le bonhomme. Comprendre ? Comprendre est un bien grand mot. On subit et puis on survit.

(alors là, y'a aucun soucis ! la longueur de tes msg est très bien :) et puis je fais pas des gros pavés, c'est juste que je sais pas être concise )

Ma brusquerie semblait l'avoir surprit. En même temps normal, je pouvais paraître un peu fou. Le genre de gars qu'on envoie à l'hôpital psychiatrique pour être sûr qu'ils ne ferront de mal à personnes. Mais manque de bol, pas sûr qu'il y ait ce genre de structure ici. Non ici, le plus fou reignait sur les autres. Si d'autres survivants il y avait vraiment. Car le plus fou est souvent le plus fort. Car il n'a rien à perdre. Et lorsqu'on se bat sans avoir peur de mourir, n'est-on pas supérieur en bien des choses vis à vis des autres ? Bref, j'étais resté immobile devant son mouvement de recul. Un mec qui débarque comme ça pouvait peut-être en effet faire peur. A vrai dire je n'avais pas réfléchis à cela. Elle n'était pour l'instant qu'une source potentielle d'information. Et, d'après mon sergent, je n'étais pas mauvais pour soutirer des informations ... Je lui avait donc laissé le temps de reprendre ses esprits et de me répondre. Aaah ... On allait avoir un problème ; sa réponse ne me satisfaisait pas, mais alors pas du tout. Fronçant un instant les sourcils avant d'inspirer profondément et de me calmer, je répondais à la jeune femme qui me faisait face d'une voix disons ... contrôlée. « Hmm ... Pour l'instant la philosophie ça ira. J'ai besoin d'infos sur lesquelles me baser, établir une stratégie. Des faits concrets vous voyez ? Vous avez rencontré d'autres ... survivants ? Il y a un moyen de partir ? De rentrer chez nous ? Depuis combien de temps êtes vous ici ? » Je recommençais à perdre les pédales. Pinçant l'arrête de mon nez et fermant les yeux une seconde, j'inspirai à nouveau avant d'esquisser un sourire qui se voulait avenant et de reculer d'un pas, pour moins agresser la jeune femme, avant de m'excuser de me présenter. « Excusez moi. Je ... Je ne sais plus trop ce que je dis. Deux jours sans voir personnes, c'est pas ce qu'il y a de mieux. Je ne me suis même pas présenté, je m'apelle Léandre. Mais on m'appelle Serg. »

Visiblement, le fait que ce jeune homme se soit retrouvé sur une île, abandonné ne lui convenait pas du tout. En même temps, elle le comprenais parfaitement, elle aussi avait pété les plombs au début. Mais bon, au fur et à mesure elle s'était faite à l'idée qu'elle passerait une bonne partie de sa vie ici alors, elle relativisait. Elle détailla le garçon tout en lui répondant. Déjà, tutoyons nous. Ensuite, calme toi. Ce n'est pas demain la veille qu'on sortira d'ici. Plusieurs personnes ont déjà essayées de s'enfuir mais ils n'ont pas survécus. Elle baissa les yeux en pensant plus particulièrement à Warren, qu'elle avait tant apprécié. Elle secoua la tête et se resaisit et reposa son regard sur Léandre. Moi c'est Artémis, chef des Piques. dit-elle en jetant un coup d'oeil sur le badge du jeune homme. Et bien, bienvenue dans mon clan alors !