En voyant son sourire s'afficher, je détournais rapidement le regard ; typiquement le genre de chose qui me faisait perdre la parole ou m'empêchai de cligner des yeux. « Pas loin de 55 bientôt ! Et toi ? »

Elle sourit inconsciemment en le voyant rapidement détourner le regard. " Oh, tu es un jeune. Moi je vais sur mes 76 ans. " répondit-elle, rentrant dans son jeu.

J'échappais un léger rire. « Mmm plutôt bien conservée pour un tel âge... »

Elle haussa un sourcil. " C'est ce qu'on raconte. " Elle soupira, comme pour se moquer de leurs bêtises.

Mon ventre m'arracha alors une douleur qui me fit grimacer, me signalant que je n'avais pas mangé depuis maintenant 3 ou 4 jours. Je me redressais alors rapidement, préférant cette position pour ne pas que la faim ne se fasse trop ressentir. « Plus sérieusement, 23. »

Elle, ne bougeait pas. Elle posa ses yeux glacés sur les barques. " Et moi vingt. "

J'acquiesçais, suivant la trajectoire de son regard. « Tu veux pas aller faire un tour ? Je pourrais te montrer un peu les lieux... » suggerai-je.

" Si tu sais ramer, pourquoi pas. " lança-t-elle en haussant un sourcil, ramenant son regard sur lui.

Je m'empressai de dire ; « Euh non non à pied! Je ne prends pas le risque de prendre la mer agitée comme elle est, et à voir la gueule des barques je serais pas très à l'aise la dessus... » Je lui tendis la main, l'invitant à ce relever.

Elle apprécia sa franchise et ne put s'empêcher de lâcher un petit rire. Elle sembla hésiter mais décida de lui faire confiance. Elle prit sa main et se releva, le remerciant d'un regard.

Une fois qu'elle fut redressée, je laissais mon regard glissé vers l'horizon puis me dirigerai vers une direction à l'aveuglette, vers le camp. « Vers le camp, ça ira ? La nuit tombe et j'y est laissé un feu et beaucoup de bois, il devrait être encore chaud, mais d'ici à ce qu'on arrive...! » J'attendis sa réponse en me retournant vers elle, patient.

Elle hocha la tête simplement. " Oui, ça me va. Je te suis, je peine un peu à me repérer ici. "

J'échappais un petit rire, presque honteux. « Je t'avouerai que moi aussi. » J'attendis qu'elle me rejoigne avant de me remettre en marche. Je laissais le silence s'installer pour, au bout de quelques minutes, le briser de ma voix rauque ; « Tu viens d'où ? »

Elle ne répondit rien et prit la marche tranquillement, passant une main dans ses longs cheveux d'ébène. " Londres. Et toi ? "

J'hochai la tête. Si mes souvenirs étaient bons, Ambre venait elle aussi de Londre. « États-Unis, Californie. » J'eu une vision de la maison bourgeoise où j'avais longuement vécue, puis mon petit appartement confortable que je partageai, fut un temps, avec ma chère et tendre... Je soupirais.

Elle hocha la tête. Les USA. Petite, elle rêvait d'y aller. Ses rêves s'étaient envolés. " Tu avais une belle vie ? " demanda-t-elle, remarquant son soupir.

Bien des gens rêvaient d'y voyager ! « Oui, plutôt, disons que je n'avais pas de raison de me plaindre.. » je revins sur une réponse que j'avais eu quelques temps plus tôt, s'approchant du " je préfère être ici qu'à la maison " . Je ne pris la peine de lui retourner la question, craignant de remuer un potentiel douloureux passé.

Pas besoin de se plaindre. Elle hocha la tête & ne dit rien sur elle. Que dire ? Que cette croisière était arrivée parce qu'elle ne se nourrissait plus et que sa mère s'inquiétait de cette destruction ? Non. Silencieuse, sa langue dans sa poche, elle continua simplement de marcher, les yeux rivés sur ses chaussures.

Je gardais le silence, progressant lentement dans le sable humide, glissant mes mains dans mes poches de jean trouées. Je chouttais dans un coquillage aux couleurs vives qui roula quelques mètres plus loin.

Elle se mit à ronger les ongles de sa main droite, machinalement. Quelque chose qu'elle faisait plutôt souvent depuis quelques temps. Elle jeta un coup d'oeil discret à son chef.

Je ressortis de l'une de mes poches un briquet presque vide que j'observais d'un drôle d'air. Et dire que c'était la seule chose qui me restait de mon chez moi hors mit mes vêtements. Curieux de nature, je détournais mon regard de l'objet pour le poser sur la jolie brune ; « Qu'est ce que tu as gardé sur toi depuis la croisière ? »

Elle tourne la tête vers lui et observe ce qu'il a dans les mains. Elle mets les siennes dans ses poches. Elles sont vides. Elle ne porte qu'un collier autour du cou, un petit pendentif, mais elle ne tient pas compte de cela comme un "effet personnel". " Rien. "

Au bout d'une dizaine de minutes, le camp fut enfin face à nous. « Nous y voila... » soufflais-je inutilement tout en constatant que le feu était encore vif. « Sur ce, je vais te laisser pour ramener quelque bricoles à manger... Je te laisse faire connaissance avec les autres membres du camp! »

Un peu déçue (), elle hoche la tête légèrement avant d'aller se mettre près du feu, assise.

END ? :)