Leena avait les bras croisés, ses yeux d'un bleu impétueux rivés sur les barques à l'état pitoyable qui se balançaient, accrochées à un rocher.

Cela faisait déjà une bonne heure que je tentais lamentablement de pêcher un poisson, et je commençais tout juste à perdre patience. Finalement, j'échappai un grognement désagréable avant de jeter la lance que j'avais fabriqué quelques jours plus tôt à l'eau, rageur. Me ferai-je un jour à la vie sauvage? J'en doutais fortement.

Elle perçu un mouvement plus loin. Tournant la tête, ses yeux bleus accrochèrent la silhouette d'un jeune homme. Poussée par elle ne savait quoi, elle s'approcha alors de lui, ne sachant pas du tout qu'il s'agissait de son chef de camp. " Besoin d'aide ? " demanda-t-elle de but en blanc, jetant un oeil à la lance au sol.

Je fis les cents pas, agacé, avant qu'une voix claire et féminine m'arrache de mes pensés. Je répondis sèchement, le regrattant presque aussitôt. « Non, je n'en ai pas besoin. » Je m'excusais du regard et échappais un soupir.

Frustrée par une telle réponse, elle fronce les sourcils et croise ses bras de nouveau, partant s'asseoir un peu plus loin. " Bien. "

Je la suivis du regard jusqu'à qu'elle s'assoit quelques mètres plus loin. Finalement, j'entrepris de la rejoindre, me grattant le derrière la tête et affichant un sourire de travers ; « Désolé... Je suis Warren. » Je ne pris pas la peine d'indiquer mon rang, craignant sa réaction.

D'origine rancunière, elle décide de mettre sa rancoeur pour laquelle le pauvre n'est pour rien de côté et tourne la tête, affichant néanmoins un sourire désolé. " Et moi Leena. Dis, tu ne saurais pas où je pourrais trouver le chef des Piques ? " demande-t-elle d'un air détaché, indiquant le petit symbole accroché à son haut, qui représente un pique.

Je me perdis un instant dans ses yeux turquoises avant de m'en décrocher pour poser le mien sur l'horizon, songeur. Je n'allais donc pas pouvoir éviter d'y répondre. Le silence s'installa, bercer par une brise silencieuse qui venait agiter ma chevelure brune. « Enchanté, Leena. C'est moi. » avouais-je d'une voix rauque.

" Ah. " Oui c'est la seule réponse qui lui vint sur le moment. Quelle merveilleuse rencontre, ne trouvez-vous pas ? Elle lâche un long soupir puis relève ses yeux vers lui, cherchant son regard. " On oublie tout ça et on reprend ? Histoire que la première personne que je rencontre sur l'île n'ait pas directement envie de me brûler. .__. "

Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas trop où elle voulait en venir. « Si tu veux.. » susurai-je faiblement entre mes lèvres.

La peur de se faire rejeter, sans doute. Elle hocha la tête et se mit alors à sourire d'un drôle de sourire. Un sourire presque effrayant. " Bien. Tu es là depuis longtemps ? "

Finalement, elle reprit la parole. « À vrai dire, j'ai l'impression que ça fait une éternité, mais on perd tous la notion du temps... J'en déduis que toi tu viens d'arriver ? »

Elle hocha la tête, un peu effrayée par cette "perte de notion du temps". " Oui.. enfin, depuis une toute petite semaine... Il me semble. "

« Il me semble. » soulignai-je. Et je suis donc seulement la première personne que tu as rencontré ? »

Elle lui fit un drôle de sourire. " Eh oui ! Mon chef, c'est pas mal comme première rencontre. "

Je commençais à afficher un sourire avant que mes traîts ne se crispes soudainement ; « C'est de l'ironie ? » demendai-je brusquement.

Elle se frustra. " Pas du tout, pourquoi, ça devrait ? "

« Ah non non j'ai cru. Tant mieux alors. » Je détournais alors mon regard du sien pour le poser sur les barques usées par les années se balancer faiblement au rythme de la brise, songeur. « Alors, ça te fait quoi d'être soudainement paumée ici ? »

Elle se rendit compte qu'elle n'était pas très sociable et décida d'être un peu plus ouverte avec son chef. Elle lui sourit même. " Oh ben... ça valait sans doute mieux, je périssais chez moi. " Elle soupira. " Et toi ? "

Je me contentais d'un haussement en guise de première réponse, avant de faire usager de ma voix ; « Disons qu'on s'emmerde un peu quoi, pour ne rien te cacher. Les trois quarts du temps, on est seul, je suis loin d'être le premier à m'en plaindre mais sincèrement c'est lassant.. » répondis-je tout bêtement tout en portant mes mains à mon visage que je frottais pour faire disparaître les heures de sommeils perdues.

Elle hocha la tête. " Et ça fait longtemps que les camps existent ? "

Elle dû tendre l'oreille pour entendre quelque chose. " Je ne le connais pas non plus, désolée. " déclara-t-elle avec une voie teintée d'ironie. Elle ne connaissait presque personne.

Surpris qu'elle m'est entendue, je cherchais quelques instants à quoi elle répondait avant de sourire. « Mince, je comptai pourtant sur toi pour m'aider. »

Il avait du tact, le garçon. Elle lui lança un sourire carnassier dont elle avait le secret. " Quel âge as-tu ? Si ce n'est pas indiscret, bien sûr. "