La rousse se balade. Elle n'a pas bien compris cette histoire de clans, n'y a pas prêté attention. Elle passe lentement sa main sur la pierre rugueuse, et jette un coup d'oeil à la plage paradisiaque. Un soupire sort avec lassitude de ses poumons. Elle s'assoit dans le sable, demeure ainsi, le regard vide. Elle apprécie cette solitude, s'y perdrai bien d'un claquement de doigts. Le mouvement réguliers des vagues l'endorment, l'air doux la ranime.

Olympe - vraiment Olympe - marche dans le sable. Le regard perdu sur le sable blanc devant elle, elle ressemble à une prisonnière qui erre. Elle s'arrête en voyant une silhouette, le souffle court qui s'accélère, sentant la panique monter en elle.

Elle chantonne un air italien de son enfance, dessine un coeur dans le sable bouillant. Elle se sent si bien seule au monde, c'est la seule chose qu'elle apprécie dans ce monde la torturant. Elle clôt ses paupières, n'entendant pas l'autre arriver. Les souvenirs affluent en masse, ses jeux de petite fille, ses joies, ses peines. Sa mère qui lui sourit. Sa mère qui meurt sous les mains de son père. Elle rouvre ses yeux tout à coup, et hurle de tous ses poumons. Elle se relève, alors que les larmes perlent ses joues de poupées. Son regard se transforme, et elle s'effondre au sol. Revoici Deliah.

Olympe entendit soudain un hurlement. Elle se figea net, ses prunelles s'agrandissant sous l'effet de la peur. La silhouette qui avait crié était sans aucun doute dangereuse. Elle chercha une cachette des yeux mais il n'y avait rien. Alors, elle s'assit par terre, ses mains sur ses oreilles pour ne plus l'entendre, roulée en boule.

Toute la douleur de la vie n’atteint plus cette enfant. Elle se relève, jette un regard sur les environs. Un immense sourire anime ses lèvres et son visage éclaire l'endroit tout entier. D'une démarche aérienne, elle sautille vers l'intérieur des terres, quand soudain, un corps roulé en boule lui bloque le passage. Elle incline la tête sur la droite pour exprimer son incompréhension, comme une toute petite fille pourrait le faire. Elle se baisse et touche d'un doigt craintif son épaule.

Mais bien vite, Olympe cède sa place à Nina. Quand elle sent quelqu'un la toucher, elle se relève en un bond, attrapant méchamment le poignet de la jeune femme qui se trouve là, la foudroyant du regard.

Lorsque l'inconnue attrape son poignet, Deliah sursaute et tombe dans le sable. La chute lui fait mal, elle pleure. « Pourquoi m'as-tu fais ça ? » demande-t-elle, d'une voix enfantine. La petite couine, et attrape de sa main libre son collier pour ainsi ne plus le lâcher.

L'adolescente foudroie toujours du regard la petite qui tombe alors au sol et se met à pleurer.
- C'est ça, pleure ! Misérable.
Murmure-t-elle d'une voix amère.

La petite se libère de son agresseur et se relève, reniflant. Elle essuie ses larmes, regarde au sol, main dans le dos, comme une enfant prise en flagrant délit. « Je ... je ... » Sa voix cristalline se brise. Tout à coup, quelque chose la fige. Elle regarde à droite, à gauche, toute étonnée, et dévisage la personne face à elle. « Il est où Bibou ? » demande-t-elle, parlant de son petit cerf en peluche.

Nina fronce les sourcils.
- Qui ça ? Bibou ? C'est qui, déjà, lui ?
Demande-t-elle en la regardant droit dans les yeux, nullement attendrie par la timidité de l'adolescente en face d'elle.