Elle également, les endroits sinistres de ce genre ne lui font pas froid aux yeux. Elle écoute la question de la brunette. « De la même façon que toi, je suppose. » Il n'y a pas vraiment énormément de moyens pour venir sur cette île. Elle souffle, cela doit être une idée de sa mère pour l'avoir loin d'elle et ne plus avoir à se soucier. Le silence s'est à nouveau installé et rend l'atmosphère plus froide.
« Tu as quel âge ? », finit-elle en rompant le silence absurde.

Pour que Jayden parle d'elle, il faut le faire. Elle aime bien régner dans une atmosphère mystérieuse où elle se sent en quelque sorte en sécurité. L'histoire du bateau est un triste récit qui se mêle au roman de la vie des naufragés réduits à un avenir sordide. Ses yeux observent silencieusement les mains de Laura se frottant. Sûrement pour aider le sang à coaguler et ainsi se les réchauffer. Elle fait le même geste, copiant ainsi la brunette.
« Dix-neuf ans. », elle souffle d'une voix ordinaire comme si l'âge ne l'importe peu. On peut dire aussi que sur une île pareille, à quoi cela sert de compter combien d'années on foule cette terre puisque le nombre en lui-même a perdu toute sa signification ? Question rhétorique. Elle sourit à sa compagnie de ce moment néanmoins, un sourire qu'elle adopte tellement de fois qu'il commence à perde son éclat. Mais pour elle, c'était en quelque sorte une barrière pour éviter qu'on la cerne. Elle ne le veut pas. Elle décide de faire un effort, un pas en avant. Sa main saisit celle de Laura et elle la fixe. « Il commence à faire froid. Ça te dit qu'on se pose là et qu'on se réchauffe mutuellement ? » Elle n'évoque pas le fait que ses jambes implorent le repos.

Jayden s'assoie à son tour, le corps qui touche celui de Laura. Elle la fixe longuement avant de détourner pour sonder les alentours. « Il fait vraiment sombre. » On se demande qui a eu l'idée de parcourir les galeries. Un vent froid fait frissonner la brune et décide de se serrer à Laura.

« Je t'en prie. » Elle tâte ses poches par habitude quand on parle du feu pour voir si son briquet est toujours à sa place. Elle a pensé jusqu'ici qu'elle l'avait oublié sur le bateau, mais bizarrement elle le sent au fond de sa poche. Elle se décale un peu de Laura pour pouvoir le sortir. Elle l'essaie pour voir s'il reste du gaz et par miracle, la flamme qui en sort est tellement grande qu'avec ça, aucune difficulté pour allumer un camp. Elle observe Laura, avant de tâter son autre poche pour voir si le ciel lui ferait un cadeau de plus avec des feuilles à rouler et le tabac - ou autres substances, mais n'en demandons pas trop non plus - ou un paquet de cigarettes. Non, rien. Elle pousse un soupir et observe Laura. « Bref, faut trouver du bois maintenant. », elle dit sous le ton de la défensive, sèche. Le manque est lourd et commence par la ronger. Elle n'y pensait plus jusqu'à présent. Elle se lève et se met à marcher.

Elle ne prend pas la peine de rattraper Laura, elle préfère rester là. Elle s'arrête, se laisse glisser contre la paroi froide et se met à trembler. Fichues addictions. Elle regarde ses mains avant de s'attaquer à ses ongles et peaux mortes de ses doigts froids. Elle avait amené ses genoux à sa poitrine. Elle a ses moments de faiblesse où elle ne peut pas combattre. Elle se sent honteuse de se laisser abattre aussi facilement, mais elle est fatiguée pour lutter. Elle se laisse tomber sur le côté, continuant à s'acharner sur ses ongles et à trembler.

Elle ne trouve pas le courage de répondre à Laura, elle demeure là en se triturant les oncles. Elle finit par fermer les yeux pour essayer de trouver un quelconque repos.