Il grognait presque au fond de lui, marmonnant des choses incompréhensibles. Quand soudain, elle lui attrapa le poignet. Il releva brusquement les yeux et croisa son regard. Il eut envie de la prendre dans ses bras, de l'embrasser, de lui caresser les cheveux, de coucher avec elle là ici tout de suite, de rentrer, de se marier avec, d'avoir des enfants, de vieillir et de mourir à ses côtés... Il se dégagea, récupérant son poignet. Il devait frapper dans quelque chose -comme quoi elle l'avait bien senti. Il y a des choses qui auraient pu limiter les dégâts. Mais la seule chose qui vint à la portée de Max fut le mur de la caverne.

Le poing parti, le coup était inévitable et surtout : inutile. Le mur ne trembla pas comme dans les films ; Maxime n'était ni acteur ni doublure. Il sentit les os de sa main droite craquer et d'un seul coup, tomba à genoux, sa main droite et blessée entourée de celle de gauche. " Putain de merde, fais chier. ", pesta-t-il contre lui-même. Bon, ce n'était pas ouvert, il ne saignait pas. Disons qu'il avait juste les articulations qui viraient un peu au bleu. Il avait à peine entendu Ambre.

Oui, toute la colère était passée, et il se sentait maintenant si las qu'il se laissa faire, posant sa main sur le genoux d'Ambre. Il la regardait, tandis qu'elle observait ses doigts. Lui, il observait son visage. Ces expressions, qu'il avait tant souvent connu. A la fois frustrée, déçue, peinée, surprise, plein d'expressions indescriptibles mais qu'il connaissait par coeur sur son visage. Il rebaissa soudainement les yeux.

J'ai des frissons ¬¬
Il sentit un long frisson l'ébranler quand elle caressa sa main, et toute sa colère sembla s'évaporer. Comment avaient-ils fait pour en arriver là ? Pourquoi, quand il l'avait eu, avait-il continué d'être parfois si frivole avec d'autres filles, jusqu'à la perdre plusieurs fois, jusqu'au jour où c'était elle qui avait agi à l'inverse ? Il baissa les yeux, et de son autre main lui prit sa main, paume vers le haut, caressant doucement l'intérieur si doux.

Il mourrait d'envie de relever les yeux vers elle, mais il savait qu'elle le paralyserait. Finalement, quand elle passa ses doigts entre les siens, il les releva, et plongea son regard dans le sien. " Toi non plus. Tu es toujours aussi magnifique. "

J'adore notre sujet mais à un point de malade.

Elle lui avait plus que manqué. Et pourquoi... pourquoi ne pas tout effacer, ne pas tout recommencer, encore une fois ? Il savait qu'il n'y arriverait que difficilement. La confiance perdue ne se regagne jamais facilement. Néanmoins, il se rapprocha d'elle. Peu importe où ça les menait, pour une soirée, cela n'allait pas faire tomber le ciels sur leurs têtes. Il se mit alors à côté d'elle et passa maladroitement son bras par-dessus son épaule, l'invitant à s'appuyer contre lui. Tout son coeur entier frémissait au contact d'Ambre. Il ferma les yeux. " Toi aussi. " Mais puisqu'il faut toujours que ça revienne sur les mauvais sujets... : " Et ce mec... c'était qui ? " Sa voix était contrôlée, et pour le moment, calme.

Elle refusa de répondre. Elle savait qu'il s'énerverait. Lui-même savait qu'il s'énerverait. Mais il avait besoin de savoir... Il sentit soudain les douces lèvres d'Ambre dans son cou et tout s'effaça. Il n'y avait plus de trahison, plus de bateau, plus d'île, plus rien. Il y avait elle, et lui. Il s'efforça de reprendre ses esprits. Elle était la seule capable de lui faire perdre la tête ainsi. Alors, il tourna la tête vers elle à son tour. Elle était là, tout proche. Il ferma les yeux. A coup sûr, il allait s'en vouloir. De continuer à attiser un feu qui aurait dû s'éteindre. Mais au diable le ciel. Il se pencha et en fermant les yeux, déposa ses lèvres sur les siennes.

Ce baiser la fit tout d'abord frémir. Elle avait recherchée ce contact durant des mois, en vain. Elle se l'avait sûrement imaginé des centaines et des centaines de fois, sans jamais trouver d'échappatoire, ne venant jamais au bout de cette unique sensation. Elle entretenu avec fougue le désir, sa chevelure de lionne caressant le visage de l'homme qu'elle avait tant désirée. Ambre passa sa main dans les cheveux de Maxime, et pria pour que ce moment soit gravé dans sa mémoire à tout jamais.

Maxime sentit son corps s'embraser et son coeur sur le point d'imploser dans sa poitrine. Sa main droite se glissa sur la nuque de la jeune femme et il intensifia le baiser, le rendant fougueux et déloyal. Il se mit face à elle, passant alors la gauche dans ses longs cheveux blonds. Il frémissait de toutes parts. Combien de fois avait-il imaginé ça ? Le baiser de leurs retrouvailles, si étranges soient-elles.

Des retrouvailles certes, étranges, mais tellement incroyables. Vous êtes-vous déjà imaginé des retrouvailles avec l'amour de votre vie dans une caverne, sur une île deserte dont vous ne reviendriez sans doute jamais ? Pour la plupart des cas, imaginons que non. Cet évenement était inversemblable, et c'est tout juste si Ambre ne souhaita pas se pincer. Ils étaient fait l'un pour l'autre et elle en était sûre. Car malgrès les cris et les pleurs, ils resteront Ambre et Maxime, deux êtres inséparables ; que le destin avait choisi de séparer pour peut-être mieux se retrouver. Elle poursuivit ce baiser avec tout l'amour qu'elle avait gardé dans son coeur et qui, retrouvant son âme soeur, avait explosé. Oui, c'était le mot : âme soeur.

Néanmoins, bien trop vite, c'est Maxime qui mit fin au baiser. Il resta un moment, ses lèvres encore très proches de celles d'Ambre, puis se recula, le regard dans le vide et fuyant. Il baissa les yeux, observant la terre par terre, le coeur au bord des lèvres.

Il déglutit nerveusement. Il avait toujours les yeux baissés, n'osant pas la regarder. Mais il avait toujours été franc. " Je t'aime aussi. Je n'ai jamais cessé de t'aimer non plus. Mais je ne suis pas quelqu'un pour toi. " Il soupira, et enchaîna : " Je te tromperais encore, pour te venger, tu me tromperas aussi, je viendrais casser la gueule à ton amant, disparaîtrait pendant des mois, et referais surface sur une autre île déserte, et ainsi de suite. "

C'était toujours lui qui lui avait couru après. Elle, l'étudiante inaccessible, qui se laissait à peine approcher. Et lui, le perturbé, l'orphelin, le vagabond, qui s'amourachait de la princesse. Lui qui lui courrait après, lui qui avait voulu lui plaire le premier. Il avait toujours aimé qu'elle lui résiste, qu'elle s'échappe, pour mieux revenir. Et voilà que les rôles étaient inversés et que c'était maintenant elle qui lui courrait après. Il tourna la tête vers elle, mais elle ne le regardait pas. Il passa une main dans ses cheveux bruns, hésitant. Son coeur lui criait de se lancer, et sa raison de s'enfuir d'ici. " Je ne crois pas non. " Réponse fracassante. Il ne fallait plus qu'elle s'attache à lui. Il allait lui faire du mal, encore. Ils allaient s'aimer et se blesser, comme deux enfants ivres de cet amour qui les possédait trop fort.

Cette Ambre là qui l'ébranlait tant. Celle à qui il ne pouvait rien refuser sans sentir son coeur se serrer d'appréhension. Celle à qui il aurait voué corps et âme. Mais c'était trop tard. Il ne pouvait pas, il ne pouvait plus... C'était un amour à contre sens. Il se détestait de l'aimer comme ça. " Je ne sais pas. " répondit-il en finissant par fuir son regard, incapable de le supporter. C'était ce regard si fragile qui faisait ressortir en lui le gamin abandonné, luttant contre son père, luttant contre toutes ces familles qui lui avaient offert amour et sécurité. Il n'avait jamais rien accepté, jamais. S'était toujours enfui si quelqu'un voulait lui offrir de l'amour. Damné. Il réussit à trouver la force de la regarder de nouveau dans les yeux, étudiant ses prunelles, qu'il connaissait par coeur. " Tu regrettes ? " lui demanda-t-il alors, en parlant du baiser.

Il sentit le tremblement de sa voix et serra les dents. Il détestait ça. Et détestait lui faire mal, se faire mal. " J'ai peur de ne pas en avoir la force, Ambre. Tout reprendre, refaire ce travail de confiance en sachant que j'aurais toujours un doute - et que tu auras toujours un doute. Si cela venait à se reproduire, c'est toi que je pourrais frapper et je m'en voudrai trop après. Tu sais comment je suis. " Impulsif. Laissant les nerfs contrôler faits et gestes.