Carte d'identité d’Eva Sanchez. ______________________________
En surface. _____________________________
Nom ~ Sanchez Prénom(s) ~ Eva Âge ~ 21 ans Pays d'origine ~ Espagne Avatar utilisé ~ Adriana Lima
En profondeur. ______________________________
Caractère ~ Le manipulateur est un dealer, il vous livre ses doses, vous rend dépendant et s'enrichit en vous méprisant. C’est fou comme on peut obtenir facilement ce que l’on désire lorsqu’on dit à une personne exactement ce qu’elle entendre. Eva est l’une des meilleures dans ce domaine. Elle sait parfaitement user de ses charmes pour arriver à ses fins. De son point de vue, la manipulation est un jeu, ça l’amuse de profiter des autres. A vrai dire, il y a peu de choses qu’elle fait qui n’est pas sans intérêt. S’il lui faut séduire quelqu’un pour avoir le droit à un dîner gratuit dans un prestigieux restaurant, elle le fera avec plaisir.
Quand elle ne joue pas un jeu, elle se montre très franche et cela peut parfois blesser, ce qui ne lui pose aucun problème. D’ailleurs elle adore critiquer, ouvertement c’est encore mieux. On a beau tenté de lui faire comprendre que cela est loin de faire plaisir, elle reste dans son idée que la franchise est toujours la meilleure solution. Dur à croire lorsqu’on s’est déjà fait manipuler par la belle brune.
Vous ne la verrez sûrement jamais pleurer. D’un car cela lui arrive très peu. Et de deux parce qu’elle se cache toujours pour sangloter. C’est une fille très forte, qui enfouit toujours son mal-être en elle-même. On la voit tout sourire, entrain de rigoler à s’en rouler par terre. A l’intérieur, cela peut-être le chaos, mais jamais elle ne pourra l’avouer, elle a beaucoup trop de fierté pour montrer ses faiblesses.
Si il y a bien une chose à laquelle Eva tient vraiment, ce sont les promesses. Lorsqu’elle en fait, c’est toujours pour les tenir. Et personne ne pourra lui reprocher d’haïr les personnes qui font des promesses en l’air. Vous l’entendrez peu prononcer de telles choses, car elle se connaît et sait le mal qu’elle aurait pour en tenir certaines.
Avec ses airs rebelles, on ne devinerait pas qu’en dessous se cache en vérité une petite perle. Quand elle donne sa confiance à quelqu’un (ce qui est pour elle très important et difficile), elle se conduit presque comme une maman. Toujours entrain de faire des petites attentions pour montrer qu’elle tient à cette personne. Elle serait capable de beaucoup de chose, et tout ce qui fera plaisir à son ami lui fera plaisir. Ce qu’elle veut par dessus tout, c’est que les gens qu’elle aime soient heureux. S’ils le sont, alors elle peut l’être aussi.
Eva est une grande perfectionniste. Il faut toujours que tout soit parfait. Si quelque chose va de travers, elle sera stressée tant que cette chose ne sera pas comme elle le souhaite. C’est une éternelle insatisfaite, elle ne trouvera jamais que son travail est bien fini, que son plat ne manque de rien, que sa tenue n’a pas un pli de travers, et j’en passe. Vous l’aurez compris, vivre avec Eva Sanchez, c’est pas du gâteau.
Phobies/Peurs ~ Cela peut paraître bizarre, mais la plus grande peur d’Eva est celle de vieillir. Rien qu’à y penser, elle a envie de vomir. Elle s’est toujours dis qu’elle voudrait mourir avant d’avoir des rides. Elle n’ose pas imaginer son corps détruit par le temps.
Manie(s) ~ La belle a plein de petites manies bien à elle. Tout d’abord, dès qu’elle croise un garçon qui est mignon, elle ne peut pas s’empêcher de se mordre la lèvre inférieure. Quand elle est énervée, elle sert les dents et le poing pour essayer de se détendre. Lorsqu’elle s’ennuie, son passe-temps est de se faire craquer les os (poignet, doigt, cheville, et même le dos !). La manie qu’elle a, peu importe son humeur, c’est de tout le temps se toucher les cheveux. C’est très rare de ne pas voir ses mains caressés sa chevelure brune.
Histoire ~ Le message ne rentre pas, je l'ai posté après, en page 2.
Physique ~ Autant l’avouer, Eva a un physique de rêve. Son corps ressemble à celui d’un mannequin. Elle mesure plus d’un mètre soixante-dix, ne pèse pas plus de cinquante kilos. Elle a des formes où il faut, un corps vraiment harmonieux. Elle a une peau très bronzée et un visage d’ange. Des lèvres pulpeuses et assez bien dessinées. Des yeux fins et d’une couleur d’un bleu déroutant. Son regard est toujours séducteur ou très mystérieux, elle exprime beaucoup de chose avec son regard. Elle a une chevelure très brune qui fait ressortir ses iris. Les hommes la considèrent comme une bombe, et Eva n’hésite pas à se servir de ça. Autre chose, elle a une cicatrice en diagonale à gauche de son nombril, elle doit mesurer environ six centimètres et est assez voyante. Un serpent qui tourne autour d’une ancre sur la nuque, une vipère qui lui enroule cheville et un pissenlit dont les "feuilles" se transforment en papillon sur l’omoplate sont ses tatouages.
De l'autre côté. ______________________________
Puf ~ Coconut’s Âge ~ 14 ans Comment as-tu connu le forum ~ TopSite Qu'en penses-tu ~ Ce qui m’a attiré sur ce forum, c’est notamment le concept, j’adore. L’idée d’un bateau sans réelle arrivée, je trouve ça vraiment original. De plus, le design est bien sympa ! Un dernier mot pour la fin ~ Je finis ça vite.
Dernière édition par Eva Sanchez le Mer 20 Juil - 13:54, édité 24 fois
Voilà l'histoire puisqu'elle ne rentre pas dans le message de présentation :
Spoiler:
Histoire ~ - « Accrochez-vous madame ! Ce sera bientôt terminé, je vous le promets. Mais maintenant il faut nous aider, allez-y, poussez ! » Et voilà, c’est comme ça que je suis née. Un peu comme chacun de nous d’ailleurs. C’est à l’hôpital de Murcia, l’hôpital universitaire Reina Sofia, c’est là que ma mère m’a mis au monde. D’après ce que mes parents me racontaient, le sourire de ma mère n’avait jamais été aussi grand que la première fois où elle m’a prise dans ses bras. « Mi princesa… Oh mi princesa. », ça veut dire princesse. C’est comme ça qu’elle m’a appelé jusqu’à ce que j’aie 14 ans et que je lui fasse une bonne crise d’adolescence. Je vais passer les détails de mon enfance. En fin de compte, quand j’y repense, ma vie a vraiment commencé le 23 Mai 2007.
Nous marchions en direction de la plage avec Angelina, ma meilleure amie. Habitantes de Santiago de la Ribeira, c’était à deux pas de chez nous, et on adorait s’y rendre avec notre bande. Mais pour une fois, nous avions décidé de se faire une journée à deux, histoire de se raconter notre vie, comme si on ne connaissait pas déjà celle de l’autre par cœur. - « Non, sérieusement Eva ! Ce mec n’est pas assez bien pour toi, tu mérites encore plus canon. » Cette fin de phrase finit en éclat de rire pour toutes les deux. Puis… - « AIE ! Tu pourrais pas faire attention espèce de…Waw. » Sourire en coin à faire tomber amoureuse toutes les filles de la terre. Des yeux noirs envoûtants et charmeurs. Une peau mate ornée de quelques tatouages, une chose que je trouve incroyablement sexy. Une taille parfaite, dans les 1m85/90. Un torse musclé à la perfection. Voilà la personne qui venait de me bousculer, un dieu vivant. Non, ce n’était pas un coup de foudre. Je ne crois pas en ces choses là. Mais il n’empêche que ce garçon m’avait tapé dans l’œil. Me mordant la lèvre inférieure, je restais bloquée sur son regard séducteur. Nous nous retournons en même temps, mais je ne pus me résoudre à avancer. Angelina aussi resta bouche bée, et ne pus s’empêcher de l’exprimer à voix haute. - « WOUW ! Alors là ! En plus je crois bien que tu lui as tapé dans l’œil, regarde. » Je tournai légèrement mon visage dans sa direction, et je le vis m’observer, parlant à son ami en même temps. Il s’avança lentement vers moi et je ne pus retenir un immense sourire de s’afficher sur mon visage. - « Je tenais à te dire quelque chose… Tu es sublime, et j’espère qu’on se recroisera. » Sur ses paroles, il m’embrassa la joue comme si on se connaissait. Je fus encore plus surprise de sa voix, viril et incroyablement sexy. Décidément, cet homme devait être tomber du ciel.
Une semaine a passé depuis la rencontre avec mon bel inconnu. J’avais pris la décision de retourner exactement au même endroit, le même jour et à la même heure. Si je lui plaisais, il viendrait aussi. Angélina m’avait supplié de m’accompagner, mais cette fois, je devais le voir seule. Je ne le vis pas tout de suite, et à vrai dire c’est lui qui me vit le premier. Je l’aperçus, adossé contre une clôture, il m’observait attentivement, me regardant de haut en bas. Il s’avança vers moi, un sourire taquin sur le visage. Aujourd’hui il avait troqué son jean pour un short de plage, et je pus voir un autre tatouage sur sa cheville. Par contre, il était encore torse nue, ce qui était loin de me déplaire. C’est étrange mais on ne se dit rien, il me prit simplement la main et m’emmena sur la plage. Je pouvais être fière de me balader avec un homme pareil, et j’avais l’impression que toutes les personnes qui nous regardaient débordées de jalousie. Je pensais rentrer dans l’eau tranquillement, mais le garçon mystérieux en décida autrement. Il m’attrapa telle une princesse, et me jeta dans l’eau comme un vulgaire sac à pomme de terre. Le fou rire fut immédiat pour tous les deux, mais je n’allais pas m’avouer vaincu. Dès qu’il eut le dos tourné, je grimpai sur son dos en lui mordillant gentiment le cou. Durant toute l’après-midi ce fut la même chose, on se chamaillait. Je me revoyais à 5 ans à l’école maternelle entrain de jouer avec mon amoureux du moment. Et même si celui là n’était pas mon amoureux, je ne comptais pas le lâcher.
Il m’avait donné rendez-vous le lendemain au soir, vers 20h00, à l’endroit de notre rencontre. D’après ce qu’il m’avait dit, il me réservait une petite surprise. Je n’aime pas les surprises, et cela m’angoissait de ne pas savoir ce qu’il préparait. Angelina me prenait pour une dingue, sortir avec un garçon dont même le prénom m’est inconnu. Elle avait quand même une part de compréhension en elle face à cette situation. Grâce à son physique, c’est ce qu’elle m’a dit au téléphone. Je me regardai une nouvelle fois dans le miroir et vis dedans le reflet de mon réveil : 19h57. J’étais en retard. J’accélérai l’allure, m’habillant en essayant de me coiffer en même temps. Je descendis les escaliers aussi vite que je pus. Je criais au revoir à mes parents et une fois sortie dehors, je sentis le froid du carrelage de l’entrée sous mes pieds. Un regard vers ces derniers me confirma ce que je pensais, je venais d’oublier mes chaussures. Remontant à toute vitesse, je pris la première paire de ballerines qui passait et m’empressais de redescendre. Le petit rire de ma mère me rendit encore plus ridicule. Cette fois-ci, une légère vérification de ma tenue et de ma tête au cas où j’aurais encore oublié quelque chose, puis je me mis en route aussi vite que je pouvais. Heureusement, cet endroit était seulement à quelques minutes de chez moi, mais je savais que je n’arriverais pas à l’heure pour autant. A mon arrivée, ma mine essoufflée lui dessina un sourire sur son visage d’ange, il était moqueur en plus. Il me regarda de haut en bas, comme pour admirer le trophée qu’il avait pêché ce soir. - « Tu es magnifique. Par contre… » Le bel inconnu se mit à rire à s’en arracher le ventre, et moi je n’y comprenais strictement rien. Voyant qu’il observait vers le bas, je regardai machinalement mes pieds et compris d’où venait le problème. Mes chaussures étaient comment dire… Différentes. Heureusement cela ne sautait pas aux yeux, mais il n’empêche que j’avais l’air ridicule. J’allais tenter de m’expliquer, mais il avait compris tout seul. Il me prit par la main, et me regarda droit dans les yeux, cette fois-ci en évitant d’avoir un nouveau fou rire. - « Viens, j’ai d’autres projets pour nous. »
On avait passé une super soirée. Il m’avait emmené dans un petit restaurant des quartiers chics. Il ne semblait pas très à l’aise dans cet élément, mais il avait fait ça pour moi, alors je m’étais efforcée de le détendre. J’avais rarement ri autant en une seule soirée, il savait faire ressortir les plus merveilleux côtés de mon esprit. Avec lui, je savais que je n’aurais jamais pu déprimer. On avait parlé de nos goûts, mais aucun de nous n’avait abordé le sujet de nos familles, de notre véritable vie. Et même sans rien savoir de lui, je l’adorais déjà beaucoup. Par contre, lorsque je lui avais demandé si on allait enfin pouvoir se décider à se dire nos prénoms, il me répondit qu’il préférait attendre. Je n’avais pas protesté, peut-être parce que j’avais peur que la soirée perde de sa gaieté si j’insistais. En tout cas ce rendez-vous fut l’un des meilleurs de mon existence, et finalement le mystère est bien plus excitant. Mais il y eut un énorme bémol. Il avait décidé de me raccompagner, alors j’étais toute heureuse, parce que la plupart du temps ce genre de chose signifier le moment où les deux personnes s’embrassaient. Oui, c’est ce que je pensais. Cependant, au lieu de cela, lorsqu’il me dit au revoir sur le pas de ma porte, il se contenta de me faire un signe de tête et de s’en aller. Pas même une accolade, rien. Juste un « passe une bonne nuit ». Autant dire que j’étais entrée dans ma maison assez remonter. Peut-être que finalement, je ne lui plaisais pas. Et je comptais bien me faire passer cet affreux goût amer que j’avais encore au fond de la gorge en faisant la fête. Demain soir, j’allais me défouler. S’il ne voulait pas de moi alors je trouverais quelqu’un d’autre qui veuille bien de moi.
- « Bouge Ev’ ! Javier ne va pas nous attendre trente ans. » J’étais toute excitée, ce soir était un nouveau soir de débauche pour ma bande et moi. Nous avions décidé d’aller au Teatre, une célèbre discothèque de Murcia. Aujourd’hui, c’est mercredi, et comme tous les jeunes fêtards le savent, le mercredi au Teatre, c’est « la noche crápula ». Une soirée où ton âme est sous l’emprise du diable. - « Bon Eva soit tu descends maintenant soit on part sans… Ok. Waw. Ah là tu fais fort. Alors là si ce soir tu attrapes pas une vingtaine de mecs je vais me jeter dans le ravin d’à côté. Mon Dieu Ev’, tu es juste… Sublime. Bon ta robe est peut-être un peu à ras la salle de jeu mais… En fait je répète ça dès qu’on va en boîte. Allez t’es superbe et on y va. » Angelina me faisait à chaque fois, c’est vrai qu’elle répétait toujours les mêmes choses. Mais ce soir, j’étais particulièrement plus sexy que d’habitude, et Javier ne pu s’empêcher de me le faire remarquer. Deux heures à peine que nous étions dans la boîte et une dizaine de jeunes avait du m’offrir des verres. Voilà ce qui expliquait parfaitement l’état dans lequel je me trouvais. Mais cela ne m’empêchait en rien de m’amuser. Nous dansions sur le podium avec Angi, accompagné de notre plus fidèle amie : la barre. Je vous l’accorde, cela fait un peu strip-teaseuse, mais c’était ça notre meilleure façon de se défouler. Un mec me fit signe de descendre, et vu sa frimousse à croquer, je lui obéis. Il avait un regard un peu pervers, mais son sourire me faisait tomber à la renverse. - « Viens, je t’emmène ailleurs. » J’étais saoule, alors j’acceptai sans hésitation. Non en fait, même sobre j’aurais accepté. J’avais besoin de me vider la tête de n’importe quelle façon. Et puis je fus complètement ramené vers l’arrière par une force qui n’aurait jamais pu venir du petit corps d’Angie. Je me retournais et n’eut même pas le temps de le reconnaître qu’il envoya un coup de poing au garçon au sourire qui faisait craquer. Lorsque je vis celui qui venait de faire ça, je commençai à le frapper avec mes petites mains. On aurait dit un enfant qui se battait contre sa peluche. Il ne sentait apparemment rien et me porta jusqu’à la sortie. Je ne m’avouais tout de même pas vaincu et continuais à lui envoyer des coups aussi forts que mon corps et mon état me le permettaient. - « Arrête ça maintenant ! Tu te rends compte que tu allais partir avec ce type ?! Pourquoi tu fais tout ça, hein ? Mon bel inconnu était déçu. Certainement pas autant que moi. - « Donne moi une bonne raison de pourquoi je devrais t’écouter ! On ne se connaît pas. Tu ne sais rien de moi et tu voudrais que je t’écoute ?! T’es comme ce type comme tu dis, j’en sais pas plus sur lui que sur toi. Et hier, t’es parti comme ça. Qu’est-ce qui a ?! Je ne te plais pas ?! Alors tu peux me dire pourquoi on se voit si je ne te fais aucun effet ? Explique-moi parce que là je ne te suis pas du tout. » - « Tu t’appelles Eva Sanchez Alvarez. Ta mère s’appelle Rita Alvarez Herrera et ton père Jose Carlos Sanchez Sanchez. Tu habites à Santiago de la Ribeira depuis que tu es née, le 3 Décembre 1989. Tu as trois chiens, Jueves, Cocaína et Drake. Ta boîte préférée, c’est ici. Ta meilleure amie est Angélina, la fille totalement délurée qui dansait avec toi. Tu es sorti avec le mec qui t’a emmené ici, Javier, pendant exactement onze mois et treize jours. Il y a quelqu’un qui est fou de toi mais tu ne le sais pas. Un mec qui malgré les apparences a une peur folle de t’avouer l’effet que tu lui fais. Et le problème c’est que s’il ne le fait pas apparemment il risque de te perdre pour toujours. » J’aurais pu répondre quoi à ça ? Lui dire que moi aussi je savais quelque chose sur lui ? De toute façon je serais incapable de le prouver. Alors je restais planter là à le regarder bouche bée. J’étais totalement perturbée, troublée. Comment pouvait-il savoir tant de chose sur moi ? Peut-être qu’il s’était renseigné. A vrai dire si c’était cela, cela me faisait plus peur qu’autre chose. Mais je trouvais cela tellement… Mignon. Au lieu de lui répondre quoi que ce soit, je fis parler certainement la seule chose qui aurait compté pour le moment. Je lui pris la tête entre mes mains et l’embrassa. En plus d’être beau comme un dieu, ses lèvres étaient incroyablement douces.
Ma vie n’avait jamais été aussi que depuis que je sortais avec Juan. Il avait enfin décidé à me dire qui il était vraiment. Juan Carrio Martinez, il est né le 11 Juillet 1988 grâce à l’union d’Antonio Martinez Alberto et de Cristina Carrio Martinez. Son frère, Dante, est mort il y a trois ans dans un accident de voiture. Il en a énormément souffert et en souffre encore beaucoup. Cela fait 5 ans qu’il vit à San Javier, juste à côté de Santiago de la Ribeira, avant il était dans la région de Valencia. Son pire ennemi s’appelle Alejandro Fuentes. Il ne va jamais en boîte, il préfère les beuveries dans la rue plutôt que dans une salle bondée de monde inconnu. Ses tatouages ont tous une signification précise : - « Je vais te les expliquer. Si tu regardes bien, mon dragon dans le dos est enchaîné au niveau des pattes arrières, mais les chaînes sont brisées. En fait le dragon représente mon frère, parce qu’il était vraiment fort, et très puissant, tout le monde le respectait. Et ces chaînes brisées, cela montre qu’en mourrant il a laissé derrière lui tous ses problèmes, il a enfin été libéré des soucis de son existence. Mais cela symbolise aussi la fin de sa vie, et on voit le reste de l’attache car cet incident est arrivé comme ça, il aurait pu continuer, il aurait pu suivre encore cette chaîne. Mes morsures sur le bras, elles signifient un besoin de dire la vérité, de montrer ce qui se passe vraiment à l’intérieur. Et le sang autour montre le mal que pourrait faire ces aveux. J’ai une ancre sur l’intérieur du poignet, à la base l’ancre voudrait montrer la sécurité, mais comme tu peux le voir, elle est enlacée d’un serpent. Le serpent, c’est le symbole du mal. S’il enroule le symbole sécurité c’est qu’il le domine, c’est donc une façon d’exprimer l’insécurité de ce monde. » Après qu’il m’a parlé de tout ça, je lui montrais également mes deux tatouages. J’avais une vipère qui m’entourait la cheville, elle représentait elle aussi le mal, le mal qui m’envoûtait. De sous ma nuque à mon omoplate droite, j’avais quelque de bien spéciale. Sur mon omoplate se trouvait un pissenlit, une de ses fleurs où lorsque l’on souffre dessus, les petites « tiges » blanches douces qui les ornent s’envolent, et si l’on a réussi à toutes les faire partir d’un seul coup, on doit faire un vœu. On voit ce pissenlit légèrement penché vers la gauche, le vent souffle dessus, et quelques tiges s’envolent vers ma nuque. Mais petit à petit, elles se transforment en papillons. J’ai choisi des papillons, car on décrit cet insecte comme celui qui montre le côté éphémère de la vie. Et pour moi, toute chose est éphémère, rien ne dure éternellement.
Selon moi les comptes de fées n’existent pas, mais à vrai dire avec l’histoire que j’étais entrain de vivre, je commençais à en douter. Juan m’apportait tout ce que dont j’ai toujours voulu : le bonheur. Il m’emmenait dans des endroits semblables au paradis. Il me faisait découvrir un monde dans lequel je ne me serais jamais aventurée sans lui. Nous pouvions passer des heures au téléphone sans qu’une seule seconde il y ait un blanc. Il pouvait me faire faire tout ce qu’il voulait, je n’aurais jamais dis non. Onze mois à ses côtés, et il m’avait tellement changé. Je sortais beaucoup moins, voir plus du tout. A la place je passais mes nuits dans ses bras, peu importe l’endroit. Même une fois il avait réussi à me faire camper quatre jours dans une forêt, totalement coupée du monde. La seule chose à laquelle on n’avait pas pensé, c’était de prévenir nos parents. Ce qui nous a valu de sacrés gifles, surtout que même les policiers avaient été prévenus. Mais au lieu d’être désolé, on en riait ensemble comme pas possible. Nous étions complices dans tous les sujets, c’était mon double, mon clone au masculin, mon idéal, mon tout. Je n’osais imaginer une seule seconde ce qui arriverait le jour où je le perdais, parce que je sentais toujours malgré cette immense complicité, un fossé qui menaçait sans cesse de nous détruire. Il s’en allait d’un seul coup après un coup de fil douteux sans me dire la raison. Selon les lieux que nous traversions il observait de partout comme si nous étions suivis. Et certains jours il ne souhaitait même pas qu’on aille à des endroits bien précis. Je ne lui demandais jamais d’explications. J’avais confiance en lui, et je ne m’inquiétais pas. Cependant, je savais qu’un jour cela m’agacerait et je devrais lui expliquer ce que je ressens lorsqu’il se montrait avec un tel comportement. J’appréhendais ce moment. Pour le moment, je me contentais de l’aimer. Car c’était ce qui était entrain d’arriver. Juan me faisait tombée amoureuse de lui.
C’était certainement la première fois depuis une quinzaine d’année que j’écoutais aux portes. Mais cette fois-ci, j’avais une très bonne raison de le faire. Juan partait de plus en plus souvent d’un seul coup avec des excuses toutes aussi invraisemblables les unes que les autres, ou parfois même sans en donner. Sauf que ce jour là, j’avais décidé de le suivre. S’il ne voulait pas me dire où il allait réellement, j’allais le découvrir par moi-même. Un moment, j’hésitais à retourner sur mes pas, car ce que j’étais entrain de faire était une preuve que je ne lui faisais pas confiance, mais aussi car il commençait à entrer dans les mauvais quartiers. Ces derniers étaient réputés pour avoir accueilli certains des plus gros massacres à main armée, comme à main nue d’ailleurs. Le plus dur était certainement de ne pas se faire remarquer, je devais passer inaperçu même pour les autres personnes. Il est vrai qu’ici, toutes les filles qui passaient se faisaient siffler. Heureusement, je devais avoir une chance surhumaine, mais il n’y avait pratiquement personne dans les rues mises à part des bambins et des mères qui les surveillaient. Juan faillit me remarquer, et s’arrêta même pour se retourner. Je m’étais apparemment cachée à temps, car il continua sa route comme si de rien n’était. Il tourna rapidement dans un immense hangar abandonné. Si j’entrais par la même porte que lui, j’étais foutue. Je fis le tour et réussis à trouver une fenêtre prés de l’endroit où il s’était arrêté. Je le voyais à peine à cause du nombre de barreaux qui la ornait. Ils étaient deux. Juan et un autre. - « Tu étais encore avec elle je parie. » - « Tu sais que je ne la laisserais pas pour vous. » - « Si tu tiens vraiment à elle, laisse-la Juan. Est-ce que tu te rends compte une seule seconde du risque que tu lui fais prendre chaque jour sans même qu’elle le sache ? La Segadora vous a déjà repéré ! Il pourrait lui mettre une balle dans le crâne à chaque instant. Depuis que t’as repris le flambeau tu sais très bien que t’es le premier dans leur ligne de mire. » - « Je fais attention Mateo. Et comme tu l’as dis, c’est moi qui aie repris le flambeau, j’ai le pouvoir de décider ce que j’ai le droit de faire ou non. Si un jour je vois que les choses vont mal tourner, je ferais ce qu’il faut pour la mettre en sécurité. » - « Et si tu ne vois rien venir ? Juan je dis ça pour toi. Mais bref, je t’ai appelé pour te parler de la nouvelle recrue de La Sega’. D’après mes recherches, il pourrait être très dangereux, il faut le surveiller, et certainement l’éliminer au plus vite. A toi de décider qui doit se charger de sa tête. » - « Je le tuerais..…. » Et voilà comment l’agneau se fait repérer par le loup. Rien qu’à entendre ce dernier mot qu’il a pu dire, j’avais exprimé un petit cri perçant peut-être un peu trop fort. Mais ce que je venais de réaliser était trop gros pour que je contienne ça en moi. Je le vis me regarder derrière les barreaux, et me reconnaître. Alors je pris la fuite. Je courrais aussi vite que je pouvais. Les mères me regardaient avec curiosité. Tout d’abord je me cachais, et ensuite je filais comme le vent. Mais visiblement Juan était bien plus rapide que moi. J’entendais ses pas cavalaient derrière-moi, je l’entendais se rapprocher. Je ne m’arrêtais pas. Il ne fallait pas que je m’arrête. - « EVA ! EVA STOP ! » Il m’ordonnait d’arrêter, mais la seule chose que j’étais capable de faire c’était de continuer à courir. J’avais envie de pleurer, je sentais mes larmes qui me titillaient pour essayer de couler. Je n’y arrivais pas. Je n’y étais jamais réellement arrivée. Mis à part pour la mort de ma sœur, mais je me rappelle avoir éclater en sanglot seulement des mois plus tard, lors d’une soirée en boîte où j’avais fini tellement mal que tout est ressorti lorsque je suis rentrée chez moi vers les cinq heures du matin. Je n’arrivais pas à pleurer devant les autres. Mais s’il continuait à me suivre, si mes oreilles percevaient encore le son de ses semelles usées grattant contre le bitume, je ne pourrais retenir mes larmes. Je sentis la force de ses mains se refermait sur mes petits poignets. Il m’attrapa violemment et me retourna en me tenant de façon à ce que je sois face à lui sans aucune possibilité de fuite. - « Eva, Eva regarde-moi. » - « Je ne peux pas, tu me dégoûtes. » - « Si tu veux me faire mal il va falloir que tu le penses. » Je savais ce qu’il voulait dire par là. Il voulait que je le regarde dans les yeux, que je l’affronte. S’il fallait que je passe par là pour qu’il comprenne que je le pensais réellement, qu’il ne m’inspirait que du dégoût à présent, alors j’allais le faire. Respirant un bon coup, je tournais légèrement ma tête et le regardai droit dans les yeux. Mon regard devait déjà être une belle preuve de tout le mépris que je lui accordais. Mais je devais le dire. - « Tu es un monstre. Je te déteste. Tu me dégoûtes. » J’ai vu son visage se décomposait totalement. Non il ne m’en avait pas cru capable. A vrai dire, il ne croyait même pas que je pensais réellement cela. Il aurait préféré que je fasse la faible, que je reste le regard dans le vide et que je ne dise plus rien. Au lieu de ça je lui avais dis la vérité, je venais de le blesser. Il desserra ses mains doucement pour finir par me relâcher totalement. J’aurais pu m’enfuir, mais je préférai continuer à le fixer. Plus mon regard le transperçait plus le sien s’éteignait totalement. Il reculait petit à petit, les larmes menaçant de couler au creux de ses yeux. Il voulait m’expliquer, mais après ce que je venais de lui cracher à la figure, il n’arrivait même pas à m’adresser la parole. Il se retourna et partit en marchant le plus vite qu’il pouvait. En même temps, il se prenait la tête dans les mains et hurlait. C’était des cris de détresse, non pas de colère. Une seconde j’eus envie de le rattraper, mais je restai là, plantée devant un enfant qui me regardait, curieux. Ce désir s’accentuait dès qu’il s’éloignait un peu plus. Car malgré que mes paroles soient vraies, l’amour ne s’efface pas en une seconde. Et c’est justement à ce moment là, au moment où je le perdais, que je me rendais compte à quel point je l’aimais. Nous étions la veille de nos ans, la veille du 23 Mai. La veille d’une année à ces côtés, de cette année que nous ne fêterons jamais.
Je n’avais pas revu une seule fois Juan depuis cette dernière fois. Pendant quatre mois je m’étais enfermée dans ma chambre sans un mot. Je rejetais toutes les personnes qui tentaient de me réconforter. Mes amis, notamment Angélina, ma mère, mon père, tout le monde. Mes parents avaient essayé de m’envoyer chez un psychologue, mais pendant toutes les séances, je me taisais et regardais par la fenêtre. Je ne répondais à aucune question. Ils ont donc décidé d’arrêter lorsqu’elle leur a dis que je me renfermais totalement et que seule quelqu’un en qui j’avais confiance pourrait me libérer du poids que je portais. Cependant, il faut croire que la dépression a une fin. Lors d’une de ses fameuses soirées où mes géniteurs m’avaient jeté dehors pour me forcer à sortir, j’ai rencontré quelqu’un. Un garçon très gentil, il me plaisait bien. Je lui avais parfaitement expliqué que je ne voulais plus de relation sérieuse, que je n’étais pas encore prête pour redonner ma confiance. Il s’appelait Christo. Il était beau lui aussi, plus petit que Juan mais la peau tout aussi mate. Ses yeux étaient noirs et il avait un regard très mystérieux. N’importe quelle fille l’aurait traduit par la fameuse expression de « brun ténébreux ». En tout cas, il me faisait du bien. Avec lui, les choses sérieuses ont beaucoup moins traîné. On était d’accord tous les deux pour ne pas se prendre la tête et faire ce que l’on voulait à côté. On aurait pu dire que l’on était ensemble seulement pour le sexe, et même si c’était cela à 99%, il y avait aussi autre chose. Nous n’étions pas insensible au véritable charme de l’autre, autant l’un que l’autre, c’est ce que mes parents ont dit en nous voyant. Il était toujours présent, il m’écoutait beaucoup. C’était différent. Et pour une fois depuis un bon moment, je me redevenais enfin moi-même. Malheureusement, une personne était apparemment contre cela.
- « Eva non je t’en supplie, ne pars pas en courant cette fois. » - « Je crois que c’est toi qui t’es enfuis en dernier, non ? » Quatre mois sans le voir, et j’aurais préféré que cela continue ainsi. Je le haïssais et pourtant au moment où j’ai croisé son regard la seule envie qui m’est venu était de me jeter dans ses bras. Les sentiments sont parfois plus forts qu’on ne le pense. Mais nous avions décidé ainsi, il ne fallait pas retourner en arrière, non surtout pas. Ce n’était pas un homme pour moi. Je m’efforçais à me dire sans cesse cette phrase dans ma tête parce que plus il se rapprochait de moi, plus il me contemplait, plus il me manquait. J’aurais beau dire, j’avais besoin de lui. - « Tu ne veux peut-être plus me voir pour ce que tu as appris, mais apparemment avec ton nouveau copain ça ne te dérange pas qu’il fasse ça. » « Arrête. Christo n’est pas comme toi. Je t’interdis de le comparer à un… Je ne sais même pas comment te décrire. » Il se mit à rire. J’avais oublié à quel point il était beau lorsqu’il riait. Et pourquoi cette boule dans mon ventre n’arrêtait pas de s’agrandir ? J’avais envie de hurler. Mon cœur se serrait. Je voulais lui crier que je l’aimais, mais j’en étais incapable. Et lui, il riait devant moi. - « Ev’, il ne s’appelle pas Christo. Son vrai nom est Carlos. Et c’est la fameuse personne que je suis censée abattre. S’il est avec toi, c’est simplement pour me manipuler par la suite. Ecoute-moi, j’ai peur pour toi. Tu n’es pas en sécurité avec lui. Il est plus fort que je ne le pensais, il te veut du mal. Crois-moi je t’en supplie. Reviens… » Est-ce qu c’était le fameux moment où je devais m’effondrer dans ses bras en lui promettant qu’on ne se séparerait plus jamais ? Si notre histoire avait été un compte de fée, cela se serait passé ainsi. Mais la vie m’avait prouvé que j’avais raison, cela n’existait pas. Je le regardais avec le même regard que je lui avais dis qu’il me dégoûtait. Et je le sentis se raidir à la vue de ce regard là. - « Je t’aime. » Je me contentai de ses mots et parti, le laissant planter devant cet étalage d’orange. Peut-être était-ce le mauvais moment pour que je lui avoue cela, mais il fallait que ça sorte. M’enfuir juste après ? Oui c’était totalement ridicule, mais c’était ma façon de lui dire que malgré tout je ne lui pardonnais pas et que je continuerais à voir Christo.
Pourquoi est-ce que je ne fus pas surprise de découvrir devant ma porte celui que j’aimais. Après ce que j’avais dit, bien sur qu’il allait venir. Et au fond de moi je crois que je l’avais espérée. Il s’approcha de moi et se contenta de m’embrasser. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne le repoussai pas. J’en fus incapable. C’était peut-être ainsi que nous devions être, ensemble. Peu importe ce qu’il était ou ce qu’il faisait, je le voulais comme il était. Je l’avais imaginé trop parfait, maintenant il fallait que j’apprenne à vivre avec ses défauts, aussi gros qu’il soit. Cela allait prendre du temps, beaucoup de temps. Mais j’étais prête. Et puis, il m’était à présent impossible de me lasser de ses lèvres si douces. Christo s’en remettrait, alors que si je laissais filer Juan encore une fois, je ne m’en remettrai pas. - « Tu es donc prête pour que je t’explique tout ? » J’acquiesçai d’un mouvement de la tête, puis je l’embrassai à nouveau. Lorsque mes parents le virent entrer à la maison, je crois que je ne les avais pas vus si heureux depuis longtemps. Je savais qu’ils l’adoraient. Ils le serrèrent entre leurs bras jusqu’à presque l’étouffer. Ma mère ne cessait de lui dire qu’il avait manqué à tout le monde ici, m’attribuant un petit clin d’œil au même moment. Je l’emmenai ensuite dans mon antre pour pouvoir enfin écouter toute la vérité. La vérité… Elle était plus dure à entendre que je ne l’avais imaginé. Son frère n’était pas mort dans un accident de voiture, mais lors d’une fusillade entre deux gangs. La Naja Dos dont son frère était le chef, et la Segadora. A sa mort, c’est Juan qui a du prendre le flambeau. La Naja Dos vient du nom d’un serpent, le symbole du mal, qui s’appelle Naja Naja. Ce reptile est l’un des plus dangereux du monde, et c’est donc pour cela qu’il est représenté sur son poignet avec l’ancre, c’est le tatouage du gang. La Segadora, cela signifie la Faucheuse, et c’est elle qui représente leur emblème. Les deux gangs sont ennemis depuis leur création. Christo, ou plutôt Carlos, est leur nouvelle recrue que Juan est censé éliminer. Alejandro Fuentes est donc le chef du clan adverse, et également celui qui a assassiné Dante. - « Juan… Je veux que tu me présentes à tes hommes. » Il hésitait. Il savait que m’emmener à une de leur réunion était un risque énorme. Avant de me répondre, il continua de m’expliquer tout ce qu’il avait fait. Il m’expliqua que les flics ignoraient leur emplacement et la plupart des meurtres que les deux gangs avaient commis. Simplement car la plupart étaient maquillés en accident, en suicide ou les corps étaient trop bien cachés. Bien sur que j’avais peur. J’avais des frissons à chaque fois qu’il me parlait des crimes. Je savais qu’il avait déjà tué, et je savais aussi que j’étais une cible parfaite pour la Segadora. Quoi de mieux que d’exterminer la petite amie du chef des ennemis, ou bien de l’enlever pour tendre un piège ? - « Sache que tu prends des risques énormes si tu décides de rester avec moi. » - « Que je sois avec toi ou non, je cours un risque dans les deux cas. Alors si je dois mettre ma vie en jeu, je préfère continuer notre histoire en même temps. » - « Demain, nous irons au hangar. J’appellerais mes hommes et tu pourras connaître la plupart. Je l’embrassai, et je me rendais compte que jamais je n’avais été aussi proche de lui qu’à cet instant. Je venais de récupérer mon amour. - « Tu vas oublier Carlos ? » J’effaçai le numéro de cette ordure juste après sa question. Finalement, les gangsters devaient vraiment être mon genre. Mais sans aucun doute, le mien était le plus beau de tous.
La nuit passa beaucoup plus vite que je ne l’imaginais. J’aurais voulu qu’elle continue encore et encore. Dans les bras de mon homme, c’était là que je me sentais le mieux. Ce matin, on du se réveiller tôt, il voulait passer chez lui pour récupérer quelque chose avant de rejoindre les autres. Pendant que je m’habillais, je sentis son regard pesait sur moi. Il m’admirait comme une petite fille observait la poupée de ses rêves dans une vitrine. - « Qu’est-ce qu’il y a ? » - « Tu m’avais vraiment manqué. » Je le serrai une nouvelle fois contre moi en me jurant de ne plus jamais le lâcher. En sortant de ma maison, il me prit la main comme avant. J’inspirais profondément. Il sentait mon appréhension. Cela se sentait car il me regardait avec douceur, comme pour m’apaiser. De toute façon, cette rencontre aurait bien du se faire un jour ou l’autre. Sur la route, il appela ses hommes. Et plus je l’entendais parler, plus je stressais. Après tout comment allaient-ils réagir lorsqu’ils sauraient que je connaissais leurs actions ? Juan avait très bien pu mentir sur notre rupture en inventant un adultère ou n’importe quoi qui aurait pu lui passer par la tête. Et seul l’homme qui était avec lui le jour où j’ai découvert tout ça aurait pu nier, Mateo je crois. Quand j’y pense, me présenter à la Naja Dos c’était comme m’afficher au monde entier pour mon double. C’était en quelque sorte une preuve d’amour, un semblant de promesse qu’il m’aimerait encore pour un bon moment. Arrivé chez lui, ses parents m’accueillirent comme les miens l’avaient fait pour lui. J’étais très heureuse de les retrouver. Je m’entendais vraiment bien avec eux, surtout sa mère avec qui je discutais toujours lorsque nous avions des problèmes de couple. C’étaient deux personnes formidables. Bien entendu, je ne pense pas qu’ils savaient la vérité sur leur fils. Ce dernier m’appela, et dès que je fus en haut, il me donna un pistolet. Oui je me retrouvais avec un pistolet dans mes mains. - « Range-le dans ton sac. Tu en auras peut-être besoin. Les rassemblements sont toujours très dangereux. Si cela se passe mal, surtout n’hésite pas à tirer, d’accord ? » J’hochai la tête en signe d’affirmation. Je le vis mettre le sien à l’arrière de son jean. Il rangea également un couteau dans ses chaussettes. Waw. Finalement je ne me rendais peut-être pas bien compte dans quoi je m’étais embarquée. Cependant, je n’allais pas renoncer maintenant.
Nous n’avions pas dit un seul mot sur la route. Il appréhendait tout autant que moi. Juste avant d’entrer dans le hangar, il me prit la main et m’embrassa. Ce n’était pas un baiser comme les autres. C’était un baiser passionné, comme si c’était le dernier. C’est à cet instant que je compris tous les risques que je prenais. Ils allaient venir. Les autres, les ennemis. Je le savais, il le savait aussi. Lorsque nos lèvres se détachèrent l’une de l’autre, je respirais un bon coup une dernière fois avant d’entrer. Tous les regards furent directement braqués sur moi. Certains interrogateurs, et d’autres beaucoup plus pervers que je ne l’aurais imaginé. Juan me donna une bise sur les cheveux pour me rassurer. Quelques sifflements résonnèrent dans l’endroit abandonné. Il y avait plus de monde que je ne l’avais imaginé. J’aurais cru que leur groupe ne contenait pas plus de dix personnes, mais c’était une bonne vingtaine qui m’observait comme si j’étais un vulgaire bout de viande. Je m’efforçais de garder la tête haute et de ne pas les regardais à mon tour. - « Hey Juan, t’as choisi un bon morceau ! » - « Tu me laisses les restes ? » - « Dis, tu nous prêtes pas ton nouveau jouet ? » Il fallait que je m’attende à ce genre de remarque, après tout j’étais entourée de gangsters. Juan me fit monter sur une des voitures garées au milieu de la salle. Il vînt se mettre à côté. D’ici, on pouvait tous les voir, tout contrôler. - « Ca va, ça va les gars. Je vous présente Eva. Oui c’est bien celle qui m’a largué il y a quatre mois et avec qui j’ai passé un an de ma vie. Alors le premier qui la touche, je le descends. Bon, si elle est ici, vous l’aurez compris, c’est qu’elle sait pour nous. » - « Hé mec, pourquoi tu la ramènes ici ? Tu sais ce qu’elle risque. » - « Je sais Jose, et elle sait aussi. Mais elle voulait vous rencontrez. Et je trouve ça aussi plus simple que vous sachiez qui elle est pour éviter tout écart. C’est compris ? Je te vise surtout toi Roy. » - « Ca va, ta belle n’est pas et ne sera pas sur mon tableau de chasse. » Un écart ? Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Lorsqu’il prononça le nom de l’homme à qui ce message était adressé, je le vis répondre et étouffa un cri au fond de moi. Ce Roy était une bombe. Et même si mon cœur trouvait que mon homme était le plus beau, celui-ci était quand même une beauté assez remarquable. On voyait ses yeux verts même de là haut. Son regard était séducteur, viril. Il était torse nu et visiblement l’un des mieux bâtis. Des cheveux bruns, presque noirs. Il avait des dents tellement blanches qu’il aurait pu faire une pub pour dentifrice sans problème. Il devait mesurer 1m85/90. Sa peau était parfaitement bronzée. S’il n’avait pas fait parti de la Naja Dos, je l’aurais sans problème présenté à Angélina. Je dus vite arrête de l’admirer lorsqu’il me fit un clin d’œil, visiblement je n’avais pas été assez discrète. Juan se mit à me présenter un par un ses hommes. Klaus était un gars petit, mais tout en muscle. Sean avait une énorme cicatrice sur le visage dû à une bagarre au couteau. Antonio était le plus discret du groupe, ce qui était un assez bon atout dans ce milieu. Personne ne savait qu’il faisait parti du gang, ce qui lui permettait de se fondre dans la masse de partout et d’attaquer l’ennemi par surprise avec plus d’aisance. Il n’avait pas du tout une tête de méchant, au contraire son visage faisait enfantin et naïf, pourtant c’était l’un des plus cruels du groupe. Alberto était l’aîné, il avait deux enfants et une femme, qui ne savaient absolument rien de ses activités. Juan me présenta les autres, et me parla du peu qui n’était pas venu. Il ne devait jamais venir au complet à une réunion. - « Bon. Mateo m’a parlé de la nouvelle recrue de la Segadora. Et je voulais prévenir tout le monde. Méfiez-vous vraiment de lui, surveillez vos familles et vos fréquentations. Ce mec est malin. Il a voulu se servir de ma fiancée. Faîtes attention. Il faut que je m’occupe de lui au plus vite, mais j’ai besoin de votre aide. Il faut que je connaisse le moindre de ses faits et gestes, les endroits où ils traînent régulièrement etc. » Sa fiancée ? Il ne m’avait jamais nommé ainsi. Je ne détachai pas mon regard de lui, complètement fascinée. Etait-ce sa façon de me dire qu’il voulait finir ses jours à mes côtés ? C’était peut-être beaucoup trop tôt pour le dire, mais je pense que notre amour était encore capable de vivre un moment. Toute une vie, peut-être pas. S’il voulait essayer, j’étais prête également. A cet instant, je compris que j’étais entrain de sourire comme une délurée lorsque Roy se racla la gorge d’un air forcé. En me tournant, je compris que c’était pour moi. Cela devait faire deux bonnes minutes que j’étais ridicule à regarder mon amour comme s’il était une source pour les personnes en manque d’eau, ou encore comme un vaccin contre le sida. Oui mes comparaisons sont certainement spéciales, mais n’est-ce pas la pure vérité ? Juan m’embrassa sous les sifflements des autres et m’aida à descendre de la voiture. - « Tu as dix minutes pour discuter un peu avec certains. Moi je vais parler à Lorenzo. » Lorenzo, il l’avait présenté comme l’ancien meilleur ami de son frère et l’un des meilleurs enquêteurs du groupe. Ils allaient certainement parler de Carlos. Tous les membres du gang m’observaient en discutant à voix basse. A vrai dire, je ne m’étais jamais sentie aussi gênée de toute mon existence. Heureusement, un gars vînt me voir, et j’espérais que ça puisse me détendre. Sans aucune surprise, je vis que c’était Roy. C’est fou qu’un homme comme ça puisse être un méchant garçon. - « C’est vraiment dommage que tu sois la femme du boss. Si j’avais su qu’une beauté comme toi habitait la région, je t’aurais trouvé avant lui. » Il m’aurait presque fait rougir. Mais je savais que cela ne lui faisait absolument rien que je sois avec Juan, il me voulait dans son lit et se fichait de qui pouvait être mon compagnon. Pour lui, toutes les jolies filles devaient lui appartenir, c’était ce qu’il dégageait. Je ne voulais même pas savoir le nombre de jeunes innocentes qui s’étaient fait avoir par ce Don Juan. Je n’allais pas rentrer dans son jeu, je préférais encore jouer la carte de la provocation. - « Qui te dis que j’aurais voulu de toi ? » - « La façon dont tu me regardes veut absolument tout dire ma belle. Je te donne envie, et ça peut se comprendre. Si un jour tu as le désir de tromper ton cher et tendre amoureux, je serais toujours là. Toujours… » - « Eva, viens on doit partir maintenant. Quelqu’un a vu la Segadora se déplaçait en groupe, ils viennent vers ici alors on doit tous s’en aller. Bon tout le monde, je ne veux plus voir personne ici dans exactement 20 secondes ! » Sauvée par mon ange. Si on avait continuer la discussion, qui sait jusqu’où il serait aller dans ses arguments pour m’attirer dans ses bras. Juan m’attrapa le poignet et m’emmena aussi vite qu’il le pouvait. On monta en voiture avec Alberto. C’était bien plus sûr et plus rapide de s’en aller en voiture qu’à pied. Heureusement, aucun problème sur la route. Oui car pendant le trajet, Juan m’expliqua que les attaques en voiture étaient aussi très fréquentes. Voilà pourquoi un flingue, plus gros que ceux que nous avions caché dans nos vêtements, était installé sous chaque siège. Sa vie était donc faîte de cette façon, toujours dans la crainte et le combat. Je voulais lui faire vivre autre chose, j’espérais lui faire vivre autre chose. Car maintenant que j’appartenais un peu à son monde, je voulais partager tout ce qu’il vivait, et qu’il partage ce que je vivais aussi. Qu’il partage tout l’amour que j’avais pour lui.
Est-ce réellement possible de rester quatre ans avec une personne et de l’aimer toujours autant, voir même plus ? Je crois que nous étions la preuve, Juan et moi, que cela est possible. Jamais je n’aurais cru que notre histoire prendrait une telle ampleur. Dès que j’eus 18ans, nous nous sommes installés ensemble. Au début, j’avais vraiment peur que cela détruise notre couple. Au final, cela nous a encore plus rapproché. Chaque jour était un pur bonheur. Bien sur, il y avait des disputes. Mais elles se terminaient toujours en déclaration d’amour. Toutes mes amies m’enviaient, et je les comprenais. J’avais un homme sublime, qui m’aimait, et que j’aimais. Dans toute ma vie, je m’étais refusée à tomber amoureuse. Même au début de notre aventure, je fuyais dès qu’il décidait que l’on parle de ce que l’on représentait l’un pour l’autre. C’est lui. C’est lui m’a appris à accepter mes sentiments et à les vivre pleinement. Pendant ses quatre années, nous avions vécu beaucoup de choses. Et pour moi, des choses bien nouvelles. Juan m’avait fait participé à quelques unes des réunions de la Naja Dos. Parfois même certaines ont mal tourné. Plusieurs fois je me suis retrouvée au beau milieu d’une fusillade, et c’est après la première que mon double décida de m’apprendre à me servir parfaitement d’une arme, histoire de savoir bien me défendre. Parfois, je devais venir le chercher et je le retrouvais en sang après un règlement de compte. La plupart du temps d’ailleurs, ce sang n’était pas le sien. Par contre, jamais il ne me parlait de ses victimes, je lui avais demandé de ne jamais aborder le sujet. Bien sur, je le devinais lorsqu’il rentrait. Quelques fois, il me demandait de me servir de certaines personnes pour leur soutirer des informations. Etrangement, je me m’étais à manipuler la plupart du monde qui m’entourait, cela devenait un jeu pour moi. Le jour de nos trois ans, il me proposa de me faire tatouer leur insigne, ce que j’acceptai avec plaisir. J’étais honorée, je savais que cela voulait dire que les membres du gang m’acceptaient à présent. Je le fis sur ma nuque, de façon à ce que se soit discret. Car si je voulais continuer à leur servir d’enquêtrice, de manipulatrice professionnelle, il ne fallait pas que le signe se remarque. Je venais de passer les quatre plus belles années de ma vie. Et jamais j’aurais cru que quelque chose aurait pu mettre fin à tout ça.
Le monde tournait. J’avais l’impression qu’une tornade m’arrivait en pleine face. Pourquoi je voyais tellement flou ? Et pourquoi j’avais si mal ? Mon ventre me tirait tellement fort. A vrai dire, tout mon corps souffrait. Et il faisait froid, on aurait pu se croire en plein hiver. J’avais besoin d’aide. J’entendrais des coups, des cris, mais tout était flou. Ma tête ressentait tout comme un brouillon. Je commençais même à oublier où j’étais. Vous savez ce que cela fait une crise d’appendicite ? Imaginez cela avec une puissance certainement dix fois plus forte. D’instinct, je me mis à toucher la zone qui me causait tant de mal. Et bien sur, sans aucun étonnement je sentis la chaleur du liquide qui le recouvrait. Ce n’était pas de l’eau, et cela provenait d’une blessure. J’étais blessée, j’avais mal, et si personne ne venait m’aider, je mourrais. Je le sentais. Ma tête tournait, mon cœur ne battait plus régulièrement et même respirait était douloureux. Je voyais le visage de Juan apparaître devant mes yeux. Depuis quatre ans, j’étais sûr et certaine qu’aux derniers instants de ma vie, ce serait à lui que je penserais. - « Eva, Eva écoute-moi. Ne ferme surtout pas les yeux. Je t’en supplie, regarde moi. Je suis là, tout va bien. Tout va bien se passer, d’accord ? Non non, regarde moi ! Hey ! Tu ne me laisses pas maintenant, d’accord ?! C’est pas le moment de me laisser. Allez, je suis là. Je t’aime, ne l’oublie jamais. Finalement, ce n’était pas un rêve. Il était là, avec moi, et il venait pour m’aider. Il m’obligeait à le regarder, mais garder mes yeux ouverts était un supplice. Il me porte jusqu’à une petite maison familiale. Du moins c’est ce que je pouvais y voir. J’entendis deux voix parlaient, je reconnus celle de Juan bien sur, mais l’autre m’était inconnu, et féminine. Je n’arrivais même pas à comprendre ce qu’ils se disaient. La douleur augmentait. J’avais du mal à garder les yeux. Je ne sentais même plus quand mon amour me déplaçait. Cependant, je sentis quelque chose dans ma peau. Comme quelque chose de froid qui me transperçait. - « Mon ange, mon ange ce n’est rien. Paula est une amie, elle va te soigner. Laisse là faire, je sais que ça fait mal. Mais je suis là, je suis là. »
J’avais du m’endormir. Ou bien eux ce sont débrouillés pour que je m’endorme. Mes paupières voulaient s’ouvrir mais pour le moment, je n’étais pas assez réveillée pour en avoir la force. Je ressentais encore une douleur au niveau du ventre, mais celle-ci n’avait rien à voir avec celle que j’avais connu précédemment. On m’avait mis un pansement dessus, je le sentais. Pendant que je me reposais encore un peu, rassurée d’être en sécurité, j’écoutais la conversation que Juan avait avec cette femme… Hum, il m’avait dit son prénom. Pa.. Pau... Paula ! Oui c’est ça, Paula. - « Que comptes-tu faire Juan ? Tu sais ce qui est arrivé à Daniela. Et tu sais aussi bien que moi qu’Eva est en bien plus grand danger qu’elle ne l’était. Pourtant ton frère avait tout fait pour la protéger, mais au final cela les a tué tout les deux. Je sais que tu tiens à elle. Mais il va falloir que tu fasses un choix. » - « On peut continuer comme ça… Je sais que… Je pourrais la protéger. » - « Non tu ne peux pas ! Bon sang mais, est-ce que tu réalises qu’elle aurait pu mourir aujourd’hui ?! Heureusement que Sean me prévient dès que vous devez vous réunir pour que je reste ici et que je puisse être là si il y a un problème. Juan, il y a des blessures que je ne pourrais pas guérir. Cette décision n’est pas pour toi, ni pour votre couple. Là il faut que tu penses à elle, et seulement à elle. » - « Alors quoi ? Je devrais lui faire croire que je ne ressens plus rien pour elle et la quitter alors qu’au fond je sais que c’est la femme de ma vie ? Je devrais me résigner à vivre sans elle alors que nous pourrions nous marier, avoir des enfants et vivre heureux ? Je l’aime, ce n’est pas si simple. » - « Si tu l’aimes, fais-le pour elle. J’ai entendu parlé du Queen Mary II. Ce bateau va un peu partout dans le monde, elle n’aura qu’à partir au Brésil, tu m’as dis qu’elle avait de la famille là bas. Quand cette affaire ce sera calmée, tu l’appelleras pour qu’elle revienne. Mais ces temps-ci, c’est trop dangereux. Il repasse dans… Exactement douze jours si je compte bien. » - « Je… Je vais y réfléchir. » C’est à ce moment là que j’ouvris les yeux. Je n’avais pas même envie de pleurer, pas maintenant. J’allais profiter de ces deux dernières semaines qui me restaient. Je savais qu’il allait m’acheter ce billet. Et bien entendu, je partirais, car pour lui je ferais absolument tout. Quoi qu’il veuille me faire, je l’accepterais sans discuter. Et si je mourrais, au fond ce serait bien pire qu’un simple voyage pour quelques semaines. Respirer ne me faisait plus si mal, Paula avait du me donner un bon calmant. Ce que je regardais n’était plus si flou qu’avant, et je me souvenais enfin de ce qui c’était passé. Il a fallu d’une seule seconde. Nous étions tous entrain de rire dans le hangar, après que Roy nous ai raconté sa derrière conquête qui était une femme assez spéciale apparemment. Puis il y eut un coup de feu. Puis deux, puis trois. Je me suis arrêtée de compter après. Je pensais que ce serait facile comme la plupart des autres fois, qu’ils passaient juste pour montrer qu’ils existaient. Mais cette fois-ci, ils étaient presque tous venus. J’ai sorti mon arme et me suis mis à tirer derrière une bagnole délabrée. J’ai vu un homme tombé par une de mes balles, et je ne ressentais pas même de la pitié pour cet homme. Je les haïssais. Carlos. Je l’avais remarqué dans le tas. Il s’approchait dangereusement de Juan qui s’occupait à main nu d’un autre. J’allais l’avertir puisqu’il n’entendait pas mes cris. Alors je me suis levée, et c’est là qu’on me tira dessus. Mon corps palpita, et finit par tomber à la renverse. C’est à partir de ce moment là que ma vue changea et devînt trouble. - « Oh mon cœur tu es réveillée. Paula t’a soigné, tout va bien aller maintenant. Tu m’as fais tellement peur. » Il me prit la main avec douceur et je ne pus m’empêcher de lui sourire. Mais c’était un sourire triste, forcé. Maintenant que je savais ce qui allait se passer dans douze jours, je ne pouvais pour le moment pas faire semblant d’aller bien et d’être heureuse. Non, j’étais tout le contraire à cet instant précis. - « Bon, tu vas te lever doucement et on va rentrer chez nous. » - « Juan, attends. » - « Oui, qu’est-ce qu’il y a mon cœur ? » - « En arrivant on parlera du Queen Mary II. »
Pendant ses douze derniers jours que j’ai passé avec mon amoureux avant de m’en aller pour une durée indéterminée, nous avons partagé des émotions tellement fortes qu’aujourd’hui, je les ressens comme si cela se passait maintenant. Il m’avait emmené sur l’autoroute, était descendu de la voiture, puis m’avait accompagné avec lui au beau milieu des automobiles qui fusaient, et nous avons dansé. Danser sur une autoroute. Cela peut paraître totalement vide de sens, mais moi je trouvais cela plutôt original et incroyablement mignon de sa part. Il savait que j’adorais ce genre de situation. Le genre où pendant que les autres vous hurlent dessus, vous vous êtes heureux et vous vous amusez comme des fous. Il savait que j’aurais rêvé d’habiter dans une maison de barbie. Alors il m’en avait acheté une miniature avec deux petites poupées faîtes sur mesure qui nous ressemblaient comme deux gouttes d’eaux. Un soir, Juan était venu me chercher au Teatre, vu que je travaillais là bas en tant que barman depuis trois ans. Il m’avait emmené au milieu de la piste. Les mecs de l’éclairage nous illuminaient comme si on allait faire quelque chose d’exceptionnelle. Je m’attendais à ce qu’il me fasse danser, mais il s’agenouilla. - « Eva Sanchez Alvarez, acceptes-tu d’être ma fiancée ? Et dès ton retour, je te promets que tu auras le droit à la plus belle demande en mariage qui soit. » Je me jetai dans ses bras en l’embrassant et en lui répétant des milliers de fois que je le voulais, que je l’aimais et que toute ma vie c’est à ses côtés que je désirais la passer. Il avait fait cela dans mon endroit préféré, la boîte qui nous avait réussi à nous faire embrasser pour la toute première fois. La bague qu’il mit à mon doigt brillait de milles feux, et jamais je n’oserais lui demander le prix que cela lui avait coûté. C’était la plus belle soirée de ma vie, et pour la finir en beauté, il m’emmena sur la plage pour une nuit d’amour.
Le réveil sonne. Le jour est là, ma peur aussi. Juan est prêt. Il court de partout dans la maison, certainement pour vérifier que rien ne manquait dans ma valise. Il était stressé, sûrement plus que moi. Je ne voulais pas sortir de ce lit. Et si je loupais accidentellement le Queen Mary II ? Après tout, ce ne serait pas si grave. Je n’aurais qu’à prendre le prochain qui me passerait entre les doigts encore une fois. Sauf que mon cher et tendre en avait décidé autrement, il m’enleva les couvertures brusquement, ce qui eut pour réaction de me faire recroqueviller en position fœtale comme si j’étais un bébé. Je ne désirais pas m’en aller, et je savais qu’à l’instant où je sortirais de ce lit je ne pourrais plus reculer. Bien entendu, je ne m’attendais pas à ce que Juan me laisse ainsi, alors il me poussa et je dus me relever rapidement afin de ne pas tomber et avoir l’air ridicule pour le restant de mes jours. - « Juan je ne veux pas par… » - « Habilles-toi. » Son ton était sec. Visiblement, je n’avais aucune chance de négocier. J’allais devoir prendre ce paquebot, j’allais devoir faire cette croisière, j’allais devoir retrouver ma famille du Brésil qui ne me manquait absolument. J’allais devoir oublier ma vie d’ici pour quelques temps. Rien qu’à cette idée ma gorge se nouait. Qui sait ce qui pourrait arriver en mon absence ? Et s’il mourrait ? Si quelqu’un décidait de l’abattre ? Ma vie sans lui, je refusais de l’imaginer pour le moment. J’enfilais une robe noire, des talons. Un coup de brosse et un brin de maquillage. Je regardais la porte comme si c’était le diable. La franchir allait me détruire, je le sentais. Juan m’annonça qu’il était temps, alors soufflant une dernière fois j’observais notre maison avec tristesse, puis passa le pas de la porte. A ce moment là, j’étais encore loin de savoir que ce serait la dernière fois que je pourrais la voir.
- « Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée dans toute ma vie. Au début je ne croyais pas en notre amour, puis tu m’as appris à aimer, tu m’as appris à t’aimer. Tu vois, tout ce que tu m’as fais traversé, cette vilaine blessure, ces manipulations immorales, ces complots, tout ça ce sont des bons souvenirs à mes yeux. Parce que dans tous ces moments là tu étais à mes côtés. J’ai peur de partir, peur qu’il t’arrive quelque chose. Et si on te faisait du mal Juan ?! Je ne veux pas te perdre, je t’aime, tu comprends ?! Laisse-moi rester ici, s’il faut je resterais cloîtré à la maison mais pas si loin… Le Brésil, bon sang ! J’ai peur, j’ai tellement peur… Et ça y est, mes larmes se mirent à couler. C’était la première fois qu’il me voyait pleurer, et il savait ce que cela voulait dire à mes yeux. C’était certainement la chose la plus difficile pour moi de faire après le quitter. Afficher mes sentiments devant lui j’en avais déjà eu du mal, alors m’effondrer devant le monde entier c’était encore plus dur. C’était une preuve d’amour, ça oui. Même mes mains tremblaient pour accompagner mes sanglots. Cet état me rappelait le matin où je m’étais enfin mise à pleurer pour la mort de ma sœur, sauf que cette fois-ci je n’étais pas bourrée, ce qui me faisais ressentir la douleur au centuple. Juan me souriait gentiment, lui aussi il avait des larmes qui roulaient sur ses joues. Il posa ses mains sur mon visage et se mit à effacer les gouttes qui menaçaient de tomber. - « Mon ange, arrête de pleurer. Je te promets qu’il ne m’arrivera rien. Regarde-moi Eva. Je te promets de t’aimer, pour toujours. Je ne t’oublierais pas, je n’irais pas voir ailleurs. J’attendrais que tout se calme, et dès que tout ira mieux je t’appellerais et tu pourras revenir, on pourra recommencer, on pourra construire notre famille. Tu es celle qui me fait sourire lorsque je me lève le matin. J’adore te regarder dormir, on dirait un petit enfant. Je te connais pas cœur, et ça c’est parce que je t’aime, parce que je suis éperdument amoureux de toi. Je sais que lorsque tu prends des médicaments, tu mets d’abord l’eau dans ta bouche et ensuite tu mets la gélule pour l’avaler. Quand tu te brosses les dents, je sais que tu fais une minute de chaque côté de ta bouche afin que toutes tes dents soient lavées pendant une même durée. Tu bois du lait très chaud car tu adores la sensation quand tu te brûles la langue. Ta petite manie de me mordre les lèvres ou la langue pour me montrer que tu as envie de moi. Quand tu te fais craquer les os, on a l’impression que le bruit te fascine, on dirait un bébé qui découvre son premier hochet. Par moment on dirait que tu fais parti du secte dédié au rose tellement tu es fan de cette couleur. Mais tout ça, tout ça j’aime. Parce que c’est toi, toi la femme de ma vie, toi mon amour. Je t’aime, et je t’interdis d’en douter une seule seconde. Maintenant monte dans ce bateau et réfléchit à la robe que tu porteras lorsque tu deviendras Madame Martinez. » - « Je t’aime. »
C’est sur ces mots que j’embarquai dans le Queen Mary II. Que j’embarquai pour le voyage qui allait détruire tout ce que j’avais construit.
J'ai finis ! Et merci Loan :)
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PUF : Chinook. Messages : 8505 Date d'inscription : 29/05/2010 Age : 30