histoire + T'étais heureuse, avant. Tu t'amusais. T'avais tout. Mais c'est du passé. Envolé. T'as tout gâché, ma pauvre. Aujourd'hui, tout a changé. T'es devenue insolente, sauvage et capricieuse. Tu calcules plus rien, tu fonces, tu te fous dans la merde des fois. Et t'en as rien à battre. Parce que tu veux te cacher. Cacher celle que t'étais autrefois. Pas pleurer. Avancer. Ton but. Enfin, t'en as pas, de but, toi, tu suis tes propres envies. C'est pas que quelque chose te manque, que t'as tué quelqu'un, ni rien. T'as volé. Si t'avais pas volé, tu serais pas sur c'te foutue île. Et si t'étais pas sur c'te foutue île, tu te jouerais pas une deuxième identité pour plaire. Tu serais naturelle. Mais non, t'es sur Area Hevana.
Avant. Avant t'avais des parents et un grand-frère qui t'aimait. Tous t'aimaient, en fait. Tu les aimais moins de ton côté, parce que t'étais pas du genre relationnelle – aujourd'hui, tu t'éparpilles – et que c'était tes vieux, quoi. Ton grand-frère, il te surprotégeait alors que t'en avais pas besoin. T'avais dix-neuf ans, à l'époque. C'était après le lycée, et t'avais commencé à être attirée par les filles. C'était pas méchant, j'dois dire. Pour toi, c'était pas méchant. Seulement, tes parents l'ont pas jugé de la même manière. Tes parents, ils t'ont pourrie quand t'as ramené ta première conquête à la maison. Ils sont même parvenus à la faire fuir, ces cons. T'aimais les filles, c'était ton problème. Pourtant, ils comprenaient pas ça, ils l'acceptaient pas. T'avais été élevée dans l'idée que l'homosexualité et la bisexualité, c'était abomination. Et là tu te pliais à cette idée, donc tes parents, ils toléraient pas. Tu t'échappais souvent de la maison, ça devenait presque une habitude pour eux. Tu t'évadais, pour souffler, respirer. En effet, depuis que ta gazelle avait débarqué, ils t'avaient privée de tas de choses. Tellement de choses, que t'avais quasiment plus de vie. Alors ils te laissaient t'échapper. Un jour, ils t'ont chopée, t'ont fait croire qu'ils t'emmenaient chez la grand-mère – tu l'adorais –, mais au lieu de ça, ils t'ont traînée chez le psy. Franchement, à quoi ça servait ? Tu lui as rien dit, à ce psy(chopathe). Tu lui as pointé ton majeur, et t'es sortie. Ça lui à cloué le bec. Puis tes parents, qui t'attendaient dehors, tu les as retrouvés, toute sourire, avec la mine de celle qui a subi un lavage de cerveau, et qui est redevenue comme ils voulaient. Ahah, petite comédienne que tu es. Tu as joué le jeu pendant plusieurs semaines, ils t'avaient pardonnée ; le temps de récolter de l'argent un peu partout, en vendant discrètement tes bijoux, objets sans valeurs, et diverses bricoles. Et en volant dans les deux portes-monnaie de tes parents, mais en plusieurs fois, pour pas que ça se remarque. Un jour, c'est ta mère qui t'a chopée, t'étais en train de fouiller dans son sac. T'avais pas encore mis la main sur son portefeuille qu'elle avait compris. Elle t'en a mis une, une belle. Limite si t'as encore la douleur qui rejaillit sur ta joue rougie par c'te grosse tarte qu'elle t'avait administrée. Tu lui as retourné la même, t'as pris le porte monnaie, t'as couru jusqu'à ta chambre pour prendre le tien – qui était convenablement bourré de fortune – et ton plus gros sac déjà tout fait, bien bourré aussi, et t'as recouru pour sortir de la maison, claquant la porte sur ton passage. T'as couru, recouru jusqu'à l'arrêt de bus qui menait au port. Port terminus, tout le monde descend. T'as pris le premier billet du Queen Mary II pour Wellington – ta tante y vivait, elle avait totalement rompu le contact avec tes parents, avec lesquels elle avait eu un grand froid auquel t'avais jamais connu la raison ; tu savais qu'elle t'emmerderait pas, tu l'adorais, elle te logerait, elle était riche – en prenant soin, avant le départ, de désactiver toute trace de géo-localisation sur toi. Ça te faisait une sacrée journée, ou deux peut-être, t'avais trop la haine pour compter. De toute façon, c'tait pas la peine de compter : on t'a jetée sur une île paumée, laquelle t'allais sûrement devoir côtoyer toute ta vie, puisque tout le monde prétendait qu'elle était sans issue.
Aujourd'hui. Aujourd'hui, t'es heureuse. Enfin, tu l'étais. Non, t'es heureuse. Ou du moins, tu fais semblant. Pour te cacher, cacher celle que tu étais autrefois, comme je l'ai dit plus haut. L'enfant sage, sérieuse et enthousiaste. Tu enchaînes les conquêtes, squattes pas mal de camps, et voilà, tu vis ta vie comme ça te chante. C'est toi la gazelle, aujourd'hui. Enivrante, effrontée, désinvolte, fêtarde, charmeuse, colérique, insolente, sauvage, capricieuse. Telle est l'image que tu donnes aux autres de ta personne. Peut-être que quelqu'un t'épanouira, peut-être que tu lui raconteras tout, peut-être que tu seras naturelle avec lui – ou elle, justement –, ou peut-être que tu resteras seule toute ta vie, à cavaler ce qui te plaît. Les filles t'attirent toujours autant, mais te caser avec un homme te déplairait pas, aujourd'hui. Bref, t'es quand même pas malheureuse, au fond. T'es pas du genre à te morfondre sur les faits passés, j'exagère sûrement. Puis merde, si tes parents tenaient réellement à toi, ils t'auraient déjà retrouvée, ou ils te chercheraient, appelleraient la famille. Et si ils t'ont pas acceptée, tu les emmerdes aujourd'hui. T'es bi et t'assumes complètement. T'es libre. T'es Louise, et tu regrettes rien, au final. Personne n'est mort, personne ne s'inquiète. Y a pas à reculer. Enfin, y a pas vraiment moyen de reculer maintenant, tu m'diras. Au pire, t'as quand même tout à ta disposition ici. Et si t'es obligée de crever là, tu crèveras là.
♈ BEHIND THE COMPUTER
behind the computer il y a avant tout ... UNE BRUNETTE QUI VOUS AIME BEAUCOUP FORT. pour le reste je vais pas m'encrotter à écrire pour rien puisque maintenant j'imagine que vous me connaissez assez bien.
Dernière édition par m. louise beauchamps le Sam 23 Mar - 9:46, édité 1 fois
pulpsychou
PUF : Pulps. Messages : 3381 Date d'inscription : 06/05/2012 Age : 25