Je me présente, Roxane. J'ai une petite soeur de 13 ans, Clarisse. Elle est vraiment magnifique, matte de peau, des yeux marrons, et des cheveux noirs naturellement. Elle est juste parfaite, cette petite. Malheureusement, elle me déteste, car d'après ma mère, je suis "l'exemple à ne pas suivre". Je cite : Clarisse, tu sais, ta grande soeur, je sais qu'elle t'impressionne avec son style spécial, tout ça. Mais ne la suis pas, ne fais pas comme elle. Tu sais, elle aime les filles. Ce n'est pas bien, ça Clarisse. Bref, vous voyez le genre ? Mais je ne fais pas attention à ces remarques, je fais ce que je veux, où je veux avec qui je veux. Bon, vous voulez que je vous raconte mon histoire ? Très bien.
Je suis née, je n'étais même pas voulue. Encore une connerie de ma mère qui s'est amusée avec un inconnu. Et elle n'a pas voulu avorter car, d'après elle, ce n'était pas "respectueux" envers moi. Des fois, ma mère raconte vraiment des conneries. Passons. A 10 ans, j'ai rencontré une fille, elle était à côté de moi en classe. Alicia. Le portrait craché de Clarisse, en plus grand. Je n'oublierai jamais la première rencontre avec elle. Je me suis assise à côté d'elle, en la regardant, et d'une petite voix je lui ai demandé : « tu as un nom ? » Elle m'a répondu, avec son sourire à en crever les yeux : « je m'appelle Alicia Da Silva. Et toi ? » Je ne lui ai pas répondu. J'étais éblouie par sa beauté. Le cours a commencé, je n'arrivais pas à me concentrer sur ce que disait le professeur. Je n'arrêtais pas de la regarder. Quand la sonnerie a retenti, elle s'est levé, je lui ai pris la main et l'ai prise dans mes bras. Je la sentie me serrer fort, fort. Je lui ai glissé à l'oreille : « Je suis Roxane. Et je te trouve très belle. » Elle s'est détachée de moi, et de là a commencé une grande complicité. Nous étions devenues inséparables. Oui mais voilà, peu à peu, mon amitié pour elle se transformait en amour. J'ai attendu mes 15 ans pour m'en rendre compte. Et un beau jour, elle est venue vers moi, avec ce foutu sourire, en me disant : « Roxane, tu ne vas pas le croire ... je suis en couple ! » A ce moment précis, je perdis le contrôle de mon corps. C'était comme si mon cerveau refusait soudainement de continuer à me maintenir debout. Je perdis connaissance ce jour là. Quand je me suis réveillée, j'étais dans un lit d'hopital, Alicia était assise à côté de moi, avec un garçon à ses côtés. Je me suis levée, d'un coup, et ai donné un violent coup dans le nez du mec, sous les yeux horrifiés de la demoiselle. Il est tombé à terre, et je l'ai regardé, dégoulinant de sang. Qu'est-ce que j'avais fait ? A ce moment là, je pleurai. Je pleurais toutes les larmes de mon corps. Mais j'eus assez de force pour me diriger vers Alicia, et l'embrasser. Oui, je l'ai embrassé, en lui gueulant à la tête : « Putain de merde, je t'aime Alicia ! Et je sais que tu m'aimes aussi, je le vois dans ton regard ! Alors bordel de merde, pourquoi tu t'es mise avec un mec aussi inintéréssant que lui ?! Tu ne l'aimes pas, ouvre les yeux ! T'es l'amour de ma vie, je le sais, et tu le sais très bien ! On l'a su dès que nos regards se sont croisés, alors sois, reste avec moi, soit dégage de ma vie ! Je peux pas rester amie avec toi, ça me ferait souffrir à un point que tu n'imagines même pas. Alors Alicia, je te le demande. Veux-tu te mettre avec moi ? » Elle me regarda, l'air horrifiée, puis se jeta dans mes bras en me murmurant « Roxane, je ne peux pas ... je t'aime, et tu le sais, mais ... je ne pourrais pas assumer. Il vaut mieux qu'on s'oublie, et qu'on vive notre vie, chacune de notre côté. Ça va être dur, autant pour moi que pour toi. Mais tout ira mieux après, tu verras. » Elle m'embrassa, se retourna, et partit en pleurant. Elle me laissa seule, avec le corps de l'autre.
Depuis, je ne l'ai plus revue, j'essaie de l'oublier. Mais je sais très bien que je n'y arriverai pas. C'est l'amour de ma vie, après tout. Demain, pour me changer les idées, je pars ne croisière. J'espère que ça me fera du bien.