Sa question le prit un peu au dépourvu. Le prenait-elle pour un pitoyable dragueur de première ? Lui qui avait toujours été si renfermé avec les autres, les répoussant, jusqu'à rencontré celle qui concidérait comme sa meilleure amie et qui était morte devant lui.

" Je te charme pas. Du moins, ce n'était pas mon but. " répondit-il en esquissant un sourire.

Quand elle pencha la tête, il prit son menton entre son pouce et son index et fit en sorte qu'elle le regarde dans les yeux. Sa réponse l'avait surpris.

" Tu veux dire quoi par là ? "

Bien qu'étonné, sa voix restait calme et il faisait en sorte de ne pas la mettre mal à l'aise.

Maii resta là, la tête penchée honteuse d’avoir prononcée ces quelques mots. À quoi pensait-elle, après tout! Il ne la charmait pas, c’est vrai que la jeune femme n’avait pas assez d’expérience pour définir ce qu’était la drague. Elle laissa aller mais su tout de suite que sa réponse l’avait surpris. Ainsi, il lui releva la tête à l’aide de ses se doigts, obligeant Maii à affronter son regard, révélant la profondeur de sa propre âme. Elle ne pouvait rien lui cacher à présent, elle ne saurait mentir.
La jeune femme fit tourna le regard, le temps de chercher les mots justes, les bons mots. Mais ce fut un échec.
Je l’ignore, j’ignore comment l’exprimer, bégailla-t-elle, confuse malgré le ton calme et posé d’Alan.

La voir dans cet état ne l'amusait plus. Au contraire, il avait de la peine. À quoi pensait-elle en ce moment ? Que sous-entendait-elle ? Il fronça légèrement les sourcils et l'attira doucement contre lui, l'entourant de ses bras.

" Hé, Maii. Je ne veux pas te faire du mal tu sais ? " dit-il d'une voix apaisante.

Alan lui caressa les cheveux, attentif à sa réaction.

Maii se laissa attendrir par la réaction inoffensive du garçon, on aurait dit que le trouble de Maii l’affectait. Jamais sa petite vie n’avait affectée qui que ce soit depuis très, très longtemps. La jeune femme se mordit la lèvre inférieure, s’abandonnant à son emprise un instant. Rapidement, elle reprit contact avec la réalité. Il allait forcément la blesser. Comme tous d’ailleurs, c’est pourquoi jamais elle ne s’était permit de relations avec le sexe opposé. C’était trop compliqué. En réponse à sa réflexion, il répondit à ses interrogations muettes. On aurait dit qu’il avait deviné ses pensées. Maii se releva brusquement et se tourna face à Alan. Comme à son habitude, elle baissa la tête.

Peut-être pas intentionnellement, mais tu finiras par me faire mal, réagit-elle sans colère, juste une amertume. Tu n’y peux rien.

Il fit tomber ses bras le long de son coeur et soupira. Il avait du mal à comprendre. Elle ne le connaissait presque pas, depuis à peine une bonne heure, et elle lui parlait déjà comme si... comme si elle lui en voulait de quelque chose.

" Tu refuses mon amitié ? " demanda Alan sans plus chercher à trouver son regard.

Il resta immobile, cherchant à mieux la cerner.

Voyant son visage devenir perplexe elle se mordit la langue. Elle agissait vraiment stupidement! Comment pouvait-elle s’imaginer quoique ce soit avec lui. C’était ça le problème, elle s’était déjà attaché vite. On ne peut pas s’attacher en à peine une heure, c’est tout simplement impossible et exclu. Mise à part dans les films ou les livres. C’est ridicule. Comment pouvait-elle en vouloir à cet homme si innocent alors que c’était elle qui s’imaginait déjà beaucoup trop loin. Encore une fois, la jeune femme allait tout gâcher. Elle se releva. Se frotta les yeux avec les doigts, crispa son visage puis relâcha toutes tentions. À nouveau, elle arborait un air sérieux, comme en plein contrôle d’elle-même tandis que le torrent de confusion faisait rage dans son cœur. Plus jamais elle n’allait se laisser déstabiliser par ce que Maii ressentait à l’égard d’Alan, même si cela allait être douloureux. Tranquillement, la jeune femme se referma un peu et répondit en souriant légèrement, voulant balayer sa tristesse d’un bon coup de poing.

Bien-sûr que non, j’adorerais être ton amie. Maii tâcha de ne pas hésiter sur le dernier mot même si celui-ci fit naître une pointe de douleur dans son cœur. Elle se rappela la promesse qu’elle venait de se faire.

Il recula d'un pas et la regarda un long moment. Elle semblait avoir changé tout d'un coup. Ce n'était plus la petite fille fragile qu'il prenait plaisir à protéger sans vraiment savoir pourquoi, mais une femme fière et plus fermée à lui qui venait de la remplacer. Alan fut déstabilisé par ce brusque changement. Lui qui n'avait rien vu venir. Il se rappela alors qu'il était torse nu et qu'elle portait sa chemise.

" Je vois. " se contenta-t-il de répondre en dirigeant son regard vers l'horizon.

Il soupira. En y repensant, il n'avait jamais eu de véritables amies. Soit c'étaient des filles à qui il n'accordait aucune importante, soit c'étaient des flirts.

" Alors, parle-moi de toi. " dit-il subitement.

Maii réalisa l’ampleur de ce qu’elle venait de faire. Elle l’avait blessé, lui, afin d’éviter qu’il la blesse. C’était tellement égoïste et stupide. Comment pouvait-elle agir ainsi, la seule personne depuis longtemps qui lui accordait une importance réciproque. La seule personne qui était là pour elle. La jeune femme, troublée, vit le regard de l’homme changer. Il devint froid, blessé, le reflet de celui de l’ancienne Maii. À cet instant, elle voulut se précipiter dans ses bras pour qu’ils partageant une autre étreinte, pour que plus rien n’aille d’importance pour elle. Cependant, Maii ne pouvait pas. Elle le blesserait que davantage. Une douleur terrible assaillit son ventre et son cœur. La jeune femme allait le perdre et tout ça, en un seconde, par sa propre faute. Sa propre petite personne égoïste. Maii baissa la tête honteuse et sentit les larmes monter.
Lui parler d’elle, pour dire quoi, qu’elle a gaffé, qu’elle s’en veut et qu’elle est égoïste, la triste vérité. Maii toussota afin de dégager la boule de sanglot réprimée qui menaçait de jaillir à tout moment.
Moi… Il n’y a pas grand-chose à savoir, je n’ai pas…, elle toussota légèrement à nouveau, En fait, plus de familles. J’ai vingt ans et je viens du Canada. Je n’ai jamais eu d’amis, jusqu’à présent.Cela demanda beaucoup à Maii. Penser à son passé réveillait ses craintes, ses cauchemars et angoisses d’avant, ce qu’elle tentait de faire fuir en achetant les tickets pour le Queen Mary, autrefois.
Et toi, murmura-t-elle, afin d’empêcher Alan de voir sa voix se briser.

Alan l'écoutait, sans vraiment se rendre compte de l'état dans lequel il avait mit la jeune fille. Trop occupé à regarder l'horizon, bras croisés contre son torse, il se contentait d'opiner. Mais quand elle lui renvoya la question, il s'en rendit enfin compte et se tourna vers elle. Il la regarda un moment en fronçant légèrement les sourcils puis finit par se radoucir.

" Tu pleures ? " demanda-t-il aussitôt sans prendre la peine de répondre.

De toute façon, il n'y avait rien de bien à dire sur qui il était ni ce qu'il avait vécu. Incendie, internat, mort, ...

Tandis que Maii gardait la tête baissée, Alan lui demanda si elle pleurait. Orgueilleuse, elle essuya vivement ses larmes.
Non, non, bien-sûr que non, répondit-elle, calmement.
La jeune femme renifla quelques peu. C’était ridicule. Elle devait lui dire. Soudainement, Maii ferma les yeux, respira un bon coup puis abaissa sa garde et sa carapace. Cela lui demanda beaucoup, mais elle devait le faire pour ne pas le perdre. Ensuite, elle releva la tête, pour qu’il lise dans ses yeux tout ce qu’elle ne saurait dire. Après une profonde inspiration, les mots jaillirent d’eux-mêmes.
J’ai peur…, commença-t-elle, peu fort et doucement. J’ai peur eu peur de te perdre en un coup d’œil. J’ai peur de moi, de mes réactions, de ce que je fais endurer aux autres et de ce que je leur inflige. J’ai peur de gaffer, j’ai peur de tout faire rater. Encore. J’ai peur de m’attacher. Je m’attache trop vite, plus vite que les autres à moi. J’ai peur de vivre. J’ai peur de la vie…J’ai peur du noir, de mes cauchemars noirs, de mes idées noires, de mes angoisses et mes craintes. J’Ai peur de l’Avis et du regard des autres. J’ai peur que tu me fasses du mal… J’ai peur de te perdre même avant que tu t’attaches à moi. Je ne supporterais pas une autre perte… Je n’en ai plus la force. J’ai peur de tout. J’ai peur de toi…que mon attachement envers toi me cause du mal. J'ai peur de mon égoïsme...Les sanglots avaient repris le dessus. Rare était les fois où elle se permettait de vider sa peine ainsi. Encore moins devant quelqu’un. Alan avait forcément compris les sous-entendus. Il avait peur du mal qu'elle éprouverait en s'attachant à lui. Ses épaules tremblotaient tout comme ses mains. Les larmes quant à elles, inondaient son doux visage, crispé par la douleur. Elle n’osait même plus regarder Alan, tellement elle avait honte de sa réaction. Mais c’était trop, tout ce qu’elle avait refoulé depuis des années…

Lui l'écoutait sans l'interrompre, comprenant. Vers la fin de son discours, Alan releva les yeux et regarda Maii avec une furieuse envie d'essuyer ses larmes. Il comprenait sa peur, lui aussi avait déjà vécu ça. Mais il avait appris à écarter cette peur et à faire face au présent. Dès qu'elle eut fini et sans lui laisser le temps de réagir, il s'avança vers elle, et, sans réflechir, glissa une main derrière sa nuque avant de poser ses lèvres contre les siennes.

Il prolongea le baiser encore un instant avant de finir par se détacher légèrement d'elle, main toujours derrière sa nuque. Un sourire se dessinait sur les lèvres du jeune homme. " Je préfères quand tu es heureuse. " finit-il par lui dire d'une voix douce. Il passa une main dans sa longue chevelure brune, effleurant sa joue de son petit doigt.

Elle garda les yeux fermés un moment après qu’il se soit décollé. Voulant étirer au maximum ce moment de pur bonheur et ainsi, le graver dans sa mémoire. Maii rouvrit les yeux, les larmes salées avaient séchés sur ses douces joues et l’homme devant elle lui souriait. La jeune femme ignorait s’il l’avait embrassé pour apaiser sa douleur, ou car il avait un début de sentiment envers elle. Ça lui était égal. Elle avait l’intention de profiter de ce moment, peu importe et c’était sa première fois. Maii appuya son front contre celui du garçon, en souriant lorsqu’il effleura sa joue. Les frissons ne s’étaient toujours pas estompés.
Merci… Pour ce baiser. Si c’est toujours aussi bon, je crois que je vais y prendre goût, ne put-elle s’empêcher de dire, en rougissant. Mais, une question… Pourquoi?, l’interrogea-elle, comme à contrecœur.

Il rit légèrement. " Y a pas de quoi. " Suite à sa question, Alan resta perplexe. À vrai dire il n'en savait strictement rien de pourquoi il avait fait ça. Peut-être avait-il de la peine en la voyant pleurer et tenait à la soulager. Surtout que même si cela faisait un moment qu'ils étaient face à face à discuter elle restait pour lui une parfaite inconnue et on n'embrasse rarement les inconnues. Il finit par hausser les épaules. " Parfois tu fais choses sans t'en rendre compte, comme si une voix à l'intérieur de toi t'avais poussé à la faire. " C'était la seule explication qu'il put lui fournir.

Qu'elle croit ce qu'elle veut, mais bien qu'il ne soit pas toujours très honnête Alan n'embrassait pas n'importe qui. Face à son air tout à coup sérieux, il soupira. Elle le remerciait pour ensuite faire la gueule ? Il recula et s'assit au bord du petit pont de bois. " J'avoue j'aurais peut-être pas du faire ça. Désolé. " lâcha-t-il en regardant devant lui. Alan avait toujours eu foutu caractère. Il s'emballait pour un rien et ça depuis toujours. Pourquoi lui en vouloir pour si peu ? Et surtout pourquoi le voir lui comme quelqu'un qui pouvait lui faire de la peine ? Soudain, tout s'éclaira. " Tu sais, je ne suis pas un coureur de jupons comme tu sembles le penser. À moi aussi il m'arrive d'avoir des sentiments. "

Il ne retira pas sa main et regarda Maii sans bouger, ses jambes pendant dans le vide. Quand elle lui répondit, il soupira et secoua légèrement la tête. Les seules filles qu'il avait embrassées avaient toujours été des personnes avec qui il avait une grande complicité alors de là à dire qu'il n'était qu'un piètre dragueur qui prolongeait sa liste ... Cette pensée le blessait. " Tu as pleuré. À cause de moi. Tu ne veux pas souffrir alors que je n'ai ... enfin que je n'avais encore rien fait. Tu crois que je t'ai abordée dans le but de flirter avec toi ? " Cela lui était venu comme une évidence.

Il secoua à nouveau la tête. Quitte à être franc, autant l'être totalement. " Maii je... Je ne suis pas toujours quelqu'un de bien. Avant j'étais comme eux. Je flirtais et cela durait rarement plus d'un mois. J'ai changé mais je reste celui que je suis. Un mauvais copain. Pour une relation sérieuse en tout cas. Tu es une fille exceptionnelle et tu mériterais mieux que quelqu'un comme moi. "

Il la regarda avec une lueur de tristesse dans le regard. Alan était à court de mot. C'était la première fois qu'on lui parlait comme ça. " Tu ne me connais pas. Tu ne sais pas de quoi je suis capable, ce que je pourrais faire par la suite. Même moi je ne le sais pas. Je suis un peu paumé en ce moment. " Il évita le regard coléreux de la jeune femme prit sa tête entre ses mains.

Maii l’écoutait attentivement lorsqu’il parlait. Elle savait parler comme écouter.
Je te connais peut-être pas autant que je le voudrais, mais ce genre de chose ne prends pas longtemps à se savoir…, ajouta-t’elle avec la plus grande sincérité. Son ton s’était radouci. Alan était dépité.
Je suis désolé. De te mettre dans cet état. Je ne voulais pas. Mais j’ai confiance en toi.
La jeune femme sa rapprocha d’Alan et lui releva la tête en lui caressant la joue.

La douceur de Maii l’apaisa tout de suite. Il lui sourit et se leva à son tour pour la prendre dans ses bras avec douceur. " Merci de croire en moi. " répondit Alan alors que ses bras entouraient la taille de la brune.

( Désolé pour cette réponse très merdique. )