Je vous avez promis le début de quelque chose, vu que je ne continue plus "Jules", n'est-ce pas ? Eh bien, voilà le premier chapitre. Vos avis me feront le plus plaisir, je serais très flattée de savoir que vous l'avez lu, et tous commentaires sont acceptés.
⚡ Chapitre un
Elle se sentait flotter. Partir. Comme si elle était un ballon que l'on avait gonflé d'air. Légère. Souple. Son corps semblait extensible. A moins qu'elle ne soit plus dans son corps. Elle déambulait entre des volutes de fumée blanchâtres, inodores, et qui glissait sur sa peau comme du coton. Elle ferma les yeux, soupirant doucement. Sereine. Était-ce donc si doux de mourir ? Elle ne sentait là aucune douleur, aucune angoisse, rien. Plus rien du tout, et c'était un tel soulagement qu'elle se demandait comment un être humain était capable d'endurer tant de sentiments et d'émotions à la fois. Elle n'avait jamais connu si parfait supplice. Jamais rien ne lui avait semblé si tranquille. Elle flottait, oui. Dans un délire entre inconscience et réalité, sans doute. On l'avait prévenu que cette opération serait dangereuse, et elle avait longtemps hésité avant d'accepter. Mais à présent, elle ne regrettait plus son choix. En fait, elle aurait même voulu mourir bien avant, si c'était si bien ! Elle en parvint même à oublier qui elle était et se laissa emporter – simplement.
Mais soudain à mon oreille parvint un son strident. La fumée disparut, comme emportée par un vent violent et soudain, je ressentis de nouveau cette peur tenace qui firent plier mes épaules sous son poids. Et puis alors, les sons firent exploser mes tympans. « – Mademoiselle Lacroix, est-ce que vous m'entendez ? » La voix du médecin était diffuse, comme si les notes partaient dans tous les sens. Les machines qui bippaient à côté de moi me donnaient l'impression d'être enfermée dans le gyrophare d'une ambulance. « – Bon en tout cas, elle est revenue parmi nous. McFloyd, rapport ? – Sa tension est encore un peu haute, mais son pouls est correct. Elle devrait reprendre peu à peu conscience dans les minutes qui vont suivre. », annonça une autre voix. Je gémis, et cela se traduisit par un nouveau concert infernal de bips et alarmes. Diable, m'avait-on inséré des capteurs ultrasons directement dans les oreilles ou quoi ? Il me semblait que tout était plus accentué. Autour de moi, le silence était bruyant ; les médecins parlaient entre eux à voix basse mais je captais toutes leurs paroles avec une acuité déconcertante. Finalement, cela s'atténua peu à peu et je parvins à me décrisper. J'avais toujours les yeux fermés, volontairement. Quelques secondes s'écoulèrent quand je décidai alors de les ouvrir, lentement. Une atroce lumière me brûla les pupilles, m'obligeant à refermer mes paupières avec douleur. Quelqu'un écarta alors le projecteur et j'ouvris enfin les yeux, un peu moins éblouie. Autour de moi, trois, non quatre, médecins m'observaient comme un serpent dans un vivarium – ce qui était très désagréable. L'un d'eux, au visage chaleureux, fit un pas en me souriant. « – Comment vous sentez-vous ? – Je... où suis-je... ? demandais-je d'une voix rauque. – Vous êtes en sécurité, m'expliqua-t-il. Vous êtes à l'hôpital. – A l'hôpital.. ? Mais qu'est-ce que... – Vous avez eu un accident de voiture, ne vous inquiétez pas, vous êtes tirée d'affaire. » Un accident de voiture ? Décidément, je ne me souvenais pas de ça du tout. Est-ce moi qui conduisais ? Y avait-il quelqu'un avec moi dans la voiture ? L'épisode était plutôt flou. Je tournai mon visage pâle vers le médecin qui me semblait sympathique – les autres me regardaient vraiment comme un simple animal de laboratoire. « – Expliquez-moi plus... – Un bus vous est rentré dedans, et votre voiture a fait plusieurs tonneaux avant de dévaler un petit ravin. Heureusement, un automobiliste a été témoin de la scène et a appelé les secours de suite, ce qui a permis de vous sauver. – Et le chauffeur du camion... ? – Il a prit la fuite. » Je récupérai ma salive avec nervosité et malaise. Je me sentais nauséeuse. Mais le sourire chaleureux du médecin me rassura. Il reprit alors : « – Vous avez eu un traumatisme crânien moyen. Vous avez perdu connaissance, mais normalement, vos fonctions cérébrales ne devraient pas être atteintes. Vous avez donc subi une opération, qui s'est bien déroulée. » Un peu rassurée, j'hochai la tête. Rien qu'à ce mouvement, je ressentis une légère douleur au cou. Gémissant en y portant ma main, le médecin grimaça. « – Oui, vous vous êtes également déplacé une cervicale. Mais ne vous en faîtes pas, cela passera d'ici quelques jours. » Je me mordillai la lèvre. Il me sourit, se leva et se dirigea vers la porte où ses acolytes aux regards inquisiteurs attendaient. Il se retourna une fois en me regardant droit dans les yeux, tandis que ses compatriotes sortaient de la chambre. « – Un policier devrait venir vous interroger, pour l'accident. » me prévint-il. Il sortit alors et je me retrouvai seule.
J'essayais de faire le point. De quoi me souvenais-je de l'accident ? Pas grand chose. Pourquoi avais-je pris la voiture ? Pour aller où ? Je n'en savais rien. Rien du tout. Et c'était bien frustrant. Pire que ça même. C'en était déstabilisant. Bon, si le médecin ne m'avait rien dit d'autre, c'est qu'il n'y avait eu personne d'autre avec moi dans la voiture au moment de l'accident. Qui aurait-il pu y avoir, au juste ? Une amie, peut-être ? Mais qui ? Hum. Un petit ami ? Je fronçai les sourcils. Un enfant ? Mais quel enfant, qui ça ? Personne. Il n'y avait aucun visage qui me venait, rien, pas même un nom. Qu'allais-je bien pouvoir lui raconter à ce flic ? Je ne me souvenais de rien. A croire que la perte de conscience avait fait s'envoler toute ma mémoire immédiate, effaçant même le début de la journée. Quel jour étions-nous ? Justement, je n'en savais rien. Pas même moyen de me rappeler de quel mois nous étions. Octobre ? Novembre ? Par là, en tout cas, il me semblait. Mais pour se souvenir des précisions, c'était peine perdue. Je lâchai un soupir. Génial, il ne me manquait plus que ça.
La porte de la chambre s'ouvrit quelques secondes plus tard. Un policier en costume entra, m'adressant un signe de tête respectueux et simple. Il referma lentement la porte derrière lui et vint s'asseoir en tirant une petite chaise. Je l'observais, avec mes grands yeux écarquillés, mon visage encore pâle du choc de l'accident sans doute. Il fit mine de lire quelques notes qu'il avait, avant de se munir d'un stylo, de l'ouvrir, et de m'accorder enfin une réelle attention. Si son visage ne s'était pas fendu d'un petit sourire en coin, sans doute l'aurais-je fait sortir car il ne m'inspirait absolument aucune confiance. « – Bonjour, mademoiselle Lacroix. Comment vous sentez-vous ? – Comme on se sentirait après un accident de voiture, répondis-je sèchement. – Hum, fit-il en plissant les yeux et en inscrivant quelque chose que je ne pouvais pas lire sur son calepin. Vous rouliez à quelle vitesse au moment de l'accident ? – Je n'en sais rien. – Le camion était-il devant ou derrière-vous ? – Je ne sais pas non plus. – Hum. Aviez-vous... consommé de l'alcool, peut-être ? – Quoi ? m'indignais-je, me redressant sur mon lit. Vous venez là pour m'accuser d'avoir bu ou quoi ? Vous n'avez qu'à regarder mes analyses médicales, il y a tout dedans. – Il manque parfois des choses, dans un dossier. Je vous demandais, voilà tout. » Peu convaincue, je gardai le silence, le foudroyant du regard. Il baissa les yeux vers ses notes et en rajouta un peu. Il se racla la gorge et poursuivis, gardant cette fois son regard baissé. « – Pouvez-vous me dire où vous alliez ? – Je vois pas ce que ça peut vous faire. – Ben, pour retrouver le chauffard, savoir sur quelle route vous étiez peut s'avérer utile. – Mais tout ça, demandez-le leur, ils m'ont repêché sur la route, ils doivent bien savoir où ! m'emportais-je soudain, énervée par son calme. – Vous ne savez pas ? – Non, j'en sais rien. J'me souviens pas de l'accident. – Plus du tout ? insista-t-il avec un sourcil haussé. – Du tout. », répondis-je en serrant les dents. Le voir ainsi gratter sur son carnet m'horripilait et c'en était devenu agaçant. Il fronça les sourcils. « – Mais dîtes-moi, vous souvenez-vous au moins de ce que vous avez fait ce matin ? » Je restai muette, bornée, décidée à ne rien répondre, parce que ça ne le regardait pas – et parce que je n'étais pas capable de lui répondre. Il ouvrit de grands yeux et prit un ton plus doux qu'auparavant, mais à la fois plus grave. « – Pouvez-vous me donner votre nom, s'il vous plait ? – Lacroix, vous m'avez saluée en entrant, vous avez déjà oublié ? – Votre prénom, je voulais dire. Comment vous appelez-vous ? » Sa question me prit au dépourvu. Pas parce qu'il ne se mêlait pas de ses affaires. Plutôt parce que je ne pouvais pas lui répondre. Non, je n'en savais rien. Je ne savais même plus mon nom.
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PUF : insomnium (anciennement Freedom.thief) Messages : 16601 Date d'inscription : 27/07/2011 Age : 28 Localisation : Sur l'île :)
Ooh ça me touche beaucoup ce que tu me dis là. Promis si jamais je le fais publier, vous aurez le droit à votre p'tite dédicasse sur la première page de couverture. "A mes chers AHiens." Mais bon, ça n'arrivera jamais...
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PUF : insomnium (anciennement Freedom.thief) Messages : 16601 Date d'inscription : 27/07/2011 Age : 28 Localisation : Sur l'île :)
Mais ch'est vrai! T'sais que parfois quand je te lis, j'ai des frissons et envie de pleurer Et ça j'ai pas souvent avec les livres ou les écrits. Oh yeaaaaah!
Jump and touch the sky.. ♥
PUF : Chinook. Messages : 8505 Date d'inscription : 29/05/2010 Age : 30
Manhèel regarda nerveusement sa montre en passant une main agitée dans ses cheveux blonds. Il pencha la tête sur le côté, étudiant la file de personnes encore devant lui. Il vérifia l'entrée, comme s'il prévoyait de s'enfuir en courant au moindre pépin. Il avait toujours peur qu'on le reprenne, que quelqu'un dans la rue l'accoste pour lui dire qu'il devrait être en prison. Pire, qu'il tombe sur un flic et qu'il y retourne pour de bon. Mais Tobias le lui avait juré. « J'ai suffisamment d'influence sur des hommes très hauts gradés que si tu acceptes notre marché, ils oublieront tout et tu seras de nouveau libre. » C'était, tout de même, assez rassurant. Alors pourquoi se rendait-il paranoïaque tout seul en pensant qu'on le traquait ? Certainement un instinct de survie trop développé. Néanmoins, ce qui était un peu moins rassurant, c'était le « mais si tu te désistes, tu peux me croire que tu retourneras dans ta cellule. Et que t'y mourras car je te ferais enfermer à vie. » Alors, au fond, il n'avait pas eu le choix. Il aurait eu encore à faire cinq ans de prison, mais il n'aurait pas tenu. Alors, il avait pris le risque de suivre Tobias dans ce projet. Et puis, il était grassement payé en plus de ça. Il allait justement chercher son « chèque d'acceptation » comme Tobias l'avait appelé. C'est pourquoi il avait peur qu'en voyant son nom, la banquière n'appelle brusquement les flics. Mais bon. Son nom devait être blanchi par un quelconque pouvoir, à présent. Du moins, il l'espérait...
Une demie-heure plus tard vint son tour. Il tendit le chèque dans un silence de marbre, se mordillant l'intérieur de la joue. « – Votre pièce d'identité, s'il vous plait. » Mais oui, bien sûr. Il sortit son porte-feuille et tandis qu'il sortit sa carte d'identité, une photo tomba par terre. Il posa sa carte sur le comptoir pour que l'employée puisse s'en emparer, et se baissa ensuite pour ramasser la photo. Tout en se relevant, il la retourna pour pouvoir la voir ; même s'il l'a connaissait par coeur. C'était un cliché en noir et blanc. Il représentait deux enfants, un garçon et une fille. On voyait bien, par le gris clair, que le garçon avait des cheveux couleur des blés et un peu bouclés, et que la jeune fille, elle, avait plutôt des cheveux longs et bruns. Ils se tenaient par la main, et souriaient comme s'ils avaient eu le Père Noël en personne devant eux. La nostalgie s'empara brutalement de Manhèel. La joie et l'innocence qui émanait de la photographie était poignante. Dessus, ils avaient dix ans. C'était le premier été qu'ils se voyaient. On remarquait cependant un détail étrange : la petite fille tenait quelqu'un d'autre par la main, mais la photo avait été déchirée. Il soupira, la retournant pour y relire des mots qu'il connaissait par coeur. « Pour que tu moublis jamai même si je revien pas ! N. » Il eut un sourire. C'était bourré de fautes, mais à cet âge, on ne faisait pas trop attention à ça. Avec un nouveau soupir, il s'aperçut que la banquière tentait vainement d'attirer son attention depuis une bonne minute. Il secoua la tête, rangeant la photo dans sa poche arrière. Tandis qu'on lui disait que le chèque était bien encaissé, et que l'argent serait sur son compte dans les jours qui allaient suivre, Manhèel pensait plutôt à la photo, et sortit de la banque en souriant. « – Je t'avais dis que je t'oublierais pas... » lâcha-t-il dans un murmure grisant qui se perdit au travers de la foule grouillante du dehors.
* * *
« – Vous aviez dis qu'il n'y aurait pas de séquelles ! » Le médecin m'apaisa de simples mouvements de la main calmes. Je bouillonnais. Allongée dans ce lit, j'avais l'impression d'être prisonnière. Et voilà que je m'apercevais avoir entièrement perdu la mémoire, alors qu'il ne devait y avoir aucun risque avec l'opération. « – On ne peut pas toujours prévoir, on supposait qu... – Je me fous de vos théories et de vos suppositions ! Les faits sont là ! Je ne me souviens de rien, strictement rien ! – Calmez-vous, je vous prie. – Non j'me calmerais pas ! Regardez ce que vous m'avez fait ! –Cette opération était nécessaire. Sinon, vous seriez morte à l'heure qu'il est. N'est-ce quand même pas mieux d'être en vie, avec une mémoire partielle certes, mais en vie ? – Partielle ? Vous foutez pas de moi, je ne me souviens même pas de mon nom alors parlez pas de partialité, murmurais-je entre mes dents serrées. – Votre mémoire finira par revenir. – Vous en êtes sûr ? – J'aimerais l'être. Mais dans plus de la moitié des cas, la mémoire finit par revenir. Ne vous inquiétez pas et laissez passer les jours. » Un peu plus rassurée mais pas moins inquiète, j'hochai la tête. Ce brave médecine n'y était pour rien, au fond. Parce qu'il avait sans doute raison : s'ils ne m'avaient pas fait cette opération, je serais peut-être morte à l'heure qu'il est. Triste pensée. Je me laissai tomber sur le siège devant son bureau. J'étais venue faire un scandale, la colère me donnant suffisamment de forces, mais je devais bien avouer qu'à présent que la frustration était passée, je me sentais aussi faible qu'un nouveau-né. « – Vous êtes fatiguée... retournez vous reposer dans votre lit. – Non, impossible. Je n'peux pas, vous imaginez même pas ce que ça fait de se souvenir de rien ! – Je sais, je sais, mais... – Non, vous n'savez pas ! » Il ne répondit rien, me laissant me calmer. Je soupirai. « – Excusez-moi Dr Shepman. Je suis sur les nerfs. – C'est compréhensible. – Je... je vais retourner dans ma chambre. Mais... pourriez-vous me donner des informations, sur moi ? – Je vous envoie quelqu'un dans cinq minutes, fit-il avec un sourire rassurant. – Qui ça ? Demandais-je doucement. – Votre petit ami. »
* * *
Elle sortit de la pièce et Liam Shepman se retrouva seul dans son bureau. Pas pour longtemps, car l'inspecteur qui avait interrogé cette pauvre demoiselle entra presque instantanément après. Il lui offrit un sourire carnassier. Liam ne réagit pas beaucoup, fouillant dans quelques papiers. Il n'avait aucune envie d'avoir une conversation avec cet escroc. Mais l'homme n'était pas de cet avis. Il retira de son manteau le faux badge de flic pour jouer avec entre ses doigts. Il posa son regard perçant sur le médecin. « – Alors c'est bon, elle ne se souvient de rien ? – Rien du tout. – Parfait. – Content si ça peut vous réjouir. – Allons, Liam, ne soyez pas si froid. C'est vous qui avez accepté. – C'est juste, et je me rends compte que je n'aurais pas dû. – Vous regrettez ? – Vous n'avez donc aucun sentiment ? – Je n'vois pas pourquoi je devrais en avoir. – Cette pauvre fille n'avait rien demandé ! – Oui, mais il en fallait bien une. Manque de bol, c'est tombé sur elle. Ne vous désistez pas maintenant, sinon... – Ouais je sais, je sais, le coupa-t-il d'un air sombre et froid. – Ah, je sens que l'on va bien rigoler. Cela risque d'être bien. Vraiment très bien. – Foutez le camp de mon bureau. – Bien, bien. » Sans discuter, l'homme remit son badge en place avec un clin d'oeil malsain vers le médecin. Il lui fit un signe de la main, s'apprêtant à sortir. « – Attendez, une dernière question... – Oui, docteur ? lâcha-t-il en se retournant, une moue comique sur les lèvres. – Pourquoi elle ? », demanda-t-il simplement, un espoir mélancolique dans le regard. L'homme esquissa un sourire malsain. Et sortit sans rien répondre.
* * *
Pourquoi elle ? Manhèel était dans la salle d'attente. Le médecin devait venir le chercher, normalement. Sage, il attendait, comme s'il était quelqu'un de normal. Comme s'il n'aurait pas dû être enfermé à ce moment-là. Comme s'il était réellement celui qu'il disait être. Faux. Il mentait. Comme les trois quarts des gens présents ici. Le seul ''vrai'' était sans doute ce brave Dr Shepman. Il soupira, quand il entendit des pas s'approcher. Il releva ses yeux bleus. « – C'est le moment ? – Oui, Manhèel, tu peux aller la voir, fit Liam d'un air solennel. – D'accord... » Il se leva. Il ne sait pas s'il devait ressentir de la joie, de la peur, de la colère. Il n'en savait rien et son cerveau était un tourbillon d'émotions confuses. Il passa devant le médecin qui le retint par le bras. Le jeune homme releva simplement les yeux vers lui, croisant le regard serein du vieil homme. Il devait avoir dans les cinquante ans. Et ce que Manhèel vit dans ses yeux, c'est qu'il était sincèrement désolé de ce qui lui arrivait. Ni l'un ni l'autre ne parla. Leur échange allait au-delà. En guise de remerciement, le blondinet hocha la tête et se dégagea doucement pour marcher vers la chambre. Il s'arrêta devant la fenêtre. A l'intérieur, il voyait la jeune femme qui regardait la pièce comme si cela allait lui dire qui elle était. Muni d'une carton contenant photos, papiers d'identités et autres babioles dans le genre, il poussa un profond soupir. Même s'il avait le meilleur rôle dans l'histoire, il était triste de se dire qu'elle ne se souvenait plus du tout de lui. Plus du tout. Rien, pas même son nom, son visage, leurs souvenirs. Tout s'était effacé. Comme un nuage de cendres balayé par le vent. Manhèel passa alors la porte.
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PUF : insomnium (anciennement Freedom.thief) Messages : 16601 Date d'inscription : 27/07/2011 Age : 28 Localisation : Sur l'île :)
Merci les filles, merci beaucoup. Non, absolument pas. Au début, dans mes docs, je l'avais appelé "Sans Mémoire", puis comme je prévois d'y inclure des flashbacks j'ai eu le déclic pour le titre.
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Sujet: Re: Flashback. Lun 2 Avr - 18:37
En tout cas, hâte de voir la suite. ♥
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PUF : Chinook. Messages : 8505 Date d'inscription : 29/05/2010 Age : 30
C'est vrai que tu es vraiment douée ! Ton début est génial. :stp: Il me tarde aussi de découvrir la suite ! :gwa: Les éditeurs ne pourront pas te rater.
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PUF : Chinook. Messages : 8505 Date d'inscription : 29/05/2010 Age : 30
Quand la porte de la chambre s'ouvrit, je regardai le jeune homme qui entrait avec surprise. Je ne sais pas trop à quoi je m'attendais. Un mec banal, ou alors très classe, ou alors un brun ténébreux, ou... enfin, je n'en savais rien. Mais celui qui marchait pourtant à ce moment-là vers mon lit n'était pas du tout ce que j'imaginais. Blond, les cheveux en bataille, le regard bleu, farouche mais attachant, il me salua d'un mouvement de tête un peu hésitant avant de prendre une chaise et de la tirer jusqu'au bord de mon lit. Il regardait ses mains, ou le carton qu'il avait emmené, ou bien la chambre. Mais à chaque fois que son regard se posait sur moi, il était fuyant. Dérouté. Blessé. Je me mordillai la lèvre, ne le lâchant pas des yeux. Il avait l'allure qu'ont les surfeurs dans les films typiques. L'archétype du tombeur, quoi. Il avait tout pour me plaire. Pourtant, c'est comme si j'avais l'impression qu'il n'était pas pour moi. Quand quelques heures avant, j'avais croisé le regard de mon propre reflet dans un miroir de la salle de convalescence, je m'étais trouvée pâle, le regard grisé et sans éclat, les cheveux fins encadrant un visage morne. Peut-être était-ce le contre coup de l'opération. Le jeune homme allait ouvrir la bouche, puis la referma, osant enfin poser ses yeux sur moi. J'y surpris de l'attachement. Beaucoup d'attachement. Peut-être était-ce de l'amour, mais j'étais incapable d'en témoigner. A ses yeux, il était mon petit-ami. A mes yeux, il était un inconnu. « Je suis désolée, ça doit pas être facile... » A m'entendre parler, son visage se fendit d'un sourire chaud et rassurant, comme s'il s'était attendu à me découvrir muette et que c'était une excellente nouvelle de m'entendre parler. « Voyons, ne t'excuse pas ! T'y peux rien, dans toute cette histoire. C'est... disons, déstabilisant oui, mais bon, je suis là pour t'aider. Je suis là avec toi. On surmontera ça... ensemble, d'accord ? » Il y avait tant d'espoirs dans sa voix que je ne me sentis pas la force de le contredire. J'hochai la tête simplement en tentant un sourire convainquant. « Bon alors... tu es là pour me donner des informations sur moi c'est bien ça ? – Exactement. Que veux-tu commencer par savoir ? – Mon nom. », lâchais-je sans aucune hésitation, avec une pointe d'amusement. Il sortit un passeport et me le tendis, tout en murmurant : « Tu t'appelles Maxine. Maxine Lacroix. » La plupart des gens, en entendant leur prénom pour la première fois à vingt-trois ans (si j'en croyais la date indiquée sur le papier officiel), se seraient demandés d'où il venait, s'il avait une signification, de quelle origine il provenait, et une multitudes de questions intelligentes. La première chose qui me vint à l'esprit, moi, c'est que c'était là un prénom bien moche. En plus, on avait dû confondre et m'appeler “Maxime” toute mon enfance et adolescence. Et puis “Lacroix”... N'en parlons même pas. En me voyant froncer le nez et grimacer, ''mon'' copain eut une mine soucieuse. « Qu'y a-t-il ? – C'est vraiment un nom pourri. – Beuh.. tu trouves ? demanda-t-il d'un air presque peiné. – Oui, ça fait masculin, on a dû m'prendre pour un mec toute mon enfance. – Oh, tu es tellement lunatique que bon... » J'haussai un sourcil tandis qu'il se mordillait la lèvre. « On en viendra à ton caractère plus tard si tu veux bien. » J'hochai la tête, attendant qu'il poursuive. « Donc tu as vingt-trois ans, tu es née le 23 Novembre 1988. En France, mais pas ici à Paris. – Où ça alors ? – Dans le Sud de la France. Tu es venue à Paris pour faire tes études, après la mort de tes parents... » Il avait l'air un peu peiné. « De quoi sont-ils morts ? – Ton père d'un cancer des poumons il y a cinq ans, et ta mère d'un accident de voiture il y a un an et demi. – Prends pas cet air dramatique, je ne m'en souviens pas, même pas de leurs visages, alors ça ne me fait rien. – Très bien. » Et le voyage en arrière reprit. Il me raconta mon enfance modeste, joyeuse et tranquille dans une ville bordant les côtes méditerranéennes. Il n'omit aucun détail, du nom de mon chien au parcours étudiant de mes parents. Il parlait beaucoup, contait des choses utiles... mais qui me paraissaient pourtant très futiles. Alors qu'il était lancé dans le récit d'une chute à vélo qui m'avait coûté trois points de suture à l'avant-bras, je le coupai d'un mouvement de la main. « Ecoute, tout ça c'est super mais... je m'en fiche, dis-je d'une voix claire. – J'vois que tu n'as pas perdu ta plus grande qualité. – Laquelle ? – La franchise. – Hum.. Bon écoute, parle-moi plutôt de ce qui est le plus important. – Quoi donc ? – Toi et moi. » Un silence gênant s'installa soudain, sans qu'il n'ouvre la bouche. Je soupirai. « Je sais que ça doit pas être facile de raconter une histoire de couple à l'un des deux personnages principaux mais je vais pas pouvoir jouer à la copine parfaite si tu ne m'aides pas un minimum. » Il hocha la tête, le regard ailleurs. Je cherchai d'ailleurs à le croiser, sans succès. Ses yeux bleus se rivèrent sur la fenêtre à ma gauche. Il finit par ouvrir la bouche. « Pose-moi des questions, j'y répondrais. » Satisfaite, j'attendis qu'il tourne enfin les yeux dans ma direction, lui souriant alors comme si c'était lui qui devait être rassuré. « Depuis combien de temps sommes-nous ensemble ? – Trois ans. » Je restai bouche bée. Je pensais à une petite amourette de quelques mois, pas plus. Savoir qu'en réalité il s'agissait de quelque chose d'aussi sérieux m'en boucha un coin. « Et depuis quand est-ce que je te connais ? – Nous sommes des amis d'enfance. On s'est connu à nos dix ans lorsque je suis venue emménager dans la villa jouxtant la tienne. On n'est pas sortis ensemble pendant notre scolarité, malgré que nous avons toujours été très proches. – Et je t'aime comment ? » La question était sortie toute seule, avec un naturel troublant. Je me rendis rapidement compte que ce n'était pourtant pas une question banale. Il releva brusquement les yeux vers moi et un frisson me parcourut rapidement en faisant face à ce regard profond. « Je... peux pas répondre à ça, c'est... – Ecoute, euh..., commençais-je en fronçant les sourcils. Je ne connais même pas ton nom », murmurais-je, troublée de ne pas m'en être aperçue avant. Il resta muet, me regardant fixement comme s'il pesait le pour ou le contre. « J'ai besoin de savoir à quel niveau était mon amour pour toi, histoire de... de reprendre au même niveau. – Je ne peux pas te le dire avec certitude, j'étais pas dans ta tête. » Il avait de nouveau le regard fuyant. Instinctivement, j'attrapai sa main et je sentis un long frisson le traverser. Ses yeux revinrent alors croiser les miens. « On s'aimait beaucoup. » Sa voix paraissait lointaine. « Beaucoup comment ? » osais-je alors demander, sans le lâcher du regad. Il le soutenait, d'ailleurs, sans ciller cette fois-ci. Je sentis sa main serrer la mienne. « Vraiment beaucoup. Je venais de... te faire ma demande en mariage, commença-t-il, tandis que j'ouvrais de grands yeux étonnés. Tu as été tellement surprise que tu as été aveuglée par des larmes de joie. Et c'est là que le camion a percuté notre voiture. » L'émotion était percevable dans sa voix. En regardant bien, je pouvais même distinguer que ses yeux brillaient. Encore sous le choc de la révélation – oui parce que là, ça montait quand même au degré supérieur. Moi qui m'imaginait quelques instants plus tôt une amourette superflue, je m'étais d'abord retrouvée dans un amour solide et long. Et maintenant, je devais faire face à un projet de mariage. Avec un inconnu. Il dû s'apercevoir de mon trouble. « Ne t'en fais pas. Le mariage est annulé, bien sûr. » Le silence retomba, et il me fallut une bonne minute pour reprendre mes esprits. « Je suis désolée. – Ne t'excuse pas, je t'ai dis. Le médecin m'avait dit que ça serait difficile. Devoir te considérer comme si tu ne m'avais jamais vu. Devoir raconter des souvenirs dont tu n'as aucun moyen de savoir s'ils sont vrais. Devoir espérer que tu acceptes de me faire confiance alors que tu ne me connais pas. » Je serrais maintenant sa main avec force, comme si c'était une bouée qui allait me sauver de la noyade. Comme rassuré par ce contact, le blondinet se pencha soudain vers moi, approchant son visage du mien. Le mouvement de recul que j'eus fut incontrôlé et plus instinctif que volontaire, mais m'expliquer serait inutile. Il grimaça tandis que je mordais ma lèvre avec nervosité et gêne. « Devoir te reconquérir. Gagner ta confiance et ton coeur de nouveau comme si j'étais reparti à zéro. » souffla-t-il alors, comme poursuivant sa phrase précédente en conséquence. Incapable de faire face à tout ça, je détournai mon regard pour le reporter sur la chambre. Je le vis en biais hocher la tête et desserrer mes doigts des siens, se levant en silence pour se diriger vers la porte. « Je te laisse le carton. Il y a des photos de toi enfant avec tes parents. Et certaines avec moi. Regarde-les, quand tu auras le temps. – Attends ! » criais-je avant qu'il ne sorte. Il se retourna, surpris et interrogateur, passant une main dans ses cheveux en bataille. « J-Je ne sais toujours pas comment tu t'appelles. » Le sourire qui éclaira alors son visage fut sans doute la plus belle chose qu'il m'apporta de sa visite. « Manhèel. Je m'appelle Manhèel. »
I'll fight for my life
PUF : Pow'. Messages : 7733 Date d'inscription : 07/01/2012 Age : 26 Localisation : au pays des stroumphs.